Vietnam – 2ème partie

Du 12 au 30 février : Vietnam – Hanoï – Cat Ba – Tam Coc – Hué – Hoi An – Danang – Hô-Chi-Minh-Ville

Des retrouvailles en terre vietnamienne

              Après avoir découvert le Nord du pays, nous venons de passer une mauvaise nuit à cause de mésententes avec les chauffeurs dans le bus qui nous ramène à la capitale. Ce n’est qu’un détail car le plus important est que le lendemain arriveront Monique et Daniel, les parents de Barbara.

               Il est aux alentours de 4h du matin, c’est dans les rues pour une fois silencieuses d’Hanoï que nous arrivons. Le bus se gare sur un chantier à 500m de la gare. Les chauffeurs nous disent de continuer à dormir. Ils déchargent dans l’obscurité toute leur cargaison des soutes et celle au dessus du bus. Nous repartons 1h plus tard pour la gare. De là, nous évitons les taxis, nous reprenons le bus de ville pour 20 centimes d’euros. Les scooters vrombissent à nouveau. Nous nous rendons à l’hôtel que nous avons réservé en ville. Cette fois pas d’auberge de jeunesse mais un hôtel, car c’est dans cet établissement que nous retrouverons les parents de Barbara le lendemain matin. Nous avons choisi des hôtels un peu plus confortables pour leur séjour. Ils sont avec nous deux semaines, il y a le décalage horaire et les heures de vols. Nous souhaitons qu’ils soient bien installés pour se reposer. Pour nous c’est un changement aussi. Nous arrivons au Dragon Pearl Hotel. Et là nous entrons dans un autre univers. On nous ouvre la porte, le personnel parle très bien anglais. Tout le monde a le sourire et nous adresse la parole avec gentillesse (pas comme la semaine passée quand Barbara s’est faite hurlée dessus sans excuses par la responsable d’une auberge qui s’était trompée de date de notre départ…). Bien qu’il soit 8h du matin, on nous prépare une chambre qui sera libre d’ici peu. En attendant, nous nous offrons un petit déjeuner au restaurant de l’hôtel : buffet à volonté ! Nous mangeons pour 10, tout est délicieux ! Œufs brouillés, fruits frais (en très grande quantité), soupes de légumes et nouilles ! Le paradis ! A notre retour, notre chambre est prête. Le lit est moelleux, la salle de bain grande et la décoration faite avec goût. Pourtant le prix de la chambre reste très raisonnable (pour un budget français). Nous en profitons pour faire une longue sieste pour récupérer de notre nuit mouvementée, travailler sur le voyage et ne sortons que pour manger. C’est bientôt la fête du Têt (fête nationale), il y a des illuminations et des accessoires qui se vendent partout.               Mardi 13 février, le réveil sonne de bonne heure. Halala ! Nous sommes tout excités ! C’est un grand jour : Monique et Daniel arrivent de Sarthe ce matin ! Ils atterrissent à 8h à l’aéroport d’Hanoï. Une heure plus tard, nous les retrouvons juste à coté de l’hôtel. Ils ont pris le bus de ville comme nous, à notre arrivée. Embrassades et rigolades ! Quel bonheur de les voir après 9 mois sur les routes ! C’est assez incroyable de pouvoir se retrouver aussi loin de la maison. Ils nous suivent jusqu’à l’hôtel. Pareil que nous la veille, il est tôt et il faut un peu de temps avant d’avoir leur chambre. Alors nous allons tous prendre le petit-déjeuner. La salle se situe au dernier étage de l’immeuble et offre une vue panoramique ennuagée. Pareil que la veille nous mangeons pour trois tellement tout est délicieux. Surtout que pour nous, ce n’est pas souvent que nous avons ces occasions de faire le plein de vitamines à volonté. Monique et Daniel n’ont pas tout à fait le même appétit car il est 3h du matin pour leurs estomacs, le décalage horaire se fait sentir. Après le petit-déjeuner, nous nous retrouvons dans notre chambre. Ils nous ont amené des équipements de change que nous leurs avions demandé. Puis, ils vont faire une bonne sieste pour se mettre à l’heure locale. Pendant ce temps, nous déballons toutes les affaires qu’ils nous ont apportées. Nous en profitons pour remplacer nos pantalons fatigués maintes fois recousus, échanger quelques affaires, déballer des carnets d’écriture neufs. Et surtout : faire le plein de pailles d’or de Lu, du chocolat et autres réjouissances françaises qui manquent à nos papilles. Pour nous, c’est un peu comme Noël !

                Quand Monique et Daniel se lèvent, nous les emmenons déjeuner dans notre restaurant préféré. Celui qui était à côté de notre première auberge. Nous nous régalons ! Phô rau (soupe de nouille aux légumes), nems, riz frit et nouilles sautées. Tout est excellent et nous sommes bien repus. Les prix ont augmenté dû à l’approche de la fête du Têt. Nous passons à la poste faire un colis avec toutes nos affaires inutiles et souvenirs afin de ne pas avoir à les porter plus longtemps. Nous l’envoyons par bateau car cela est moins cher. Pour qu’ils prennent le pouls de la ville, nous marchons dans celle-ci. Ce qui amuse le plus Daniel sont les enroulements farfelus des câbles électriques. Monique est plus fascinée par les manières de vivre vietnamiennes. Ensuite nous leur faisons découvrir le salon de thé que nous avons connu grâce à Marie. Le café vietnamien est le meilleur que nous ayons goûté de notre voyage. Cette fois, Aurélien se laisse tenter par la préparation spéciale du pays : le café à l’œuf. Cette préparation a été inventée pendant la guerre d’Indochine par le barman Nguyen Van Giang, qui à cause de la pénurie du lait eut l’idée de remplacer celui-ci par de l’œuf. Résultat, une boisson onctueuse, peu sucrée et d’une grande saveur. Un délice. Le soir, nous dînons notre repas préféré (du moins celui que nous consommons le plus) : des nouilles instantanées dans la chambre d’hôtel. Nous faisons découvrir notre quotidien à Monique et Daniel. Pour nous c’est typique et bien amusant !

               Mercredi 14 février, nous partons à la découverte de l’histoire du Vietnam. Sur la route, alors que nous traversons un quartier plutôt riche, nous nous faisons la remarque que l’ouverture au marché de l’automobile a dû être récent. Il n’y a pour ainsi dire presque aucun ancien modèle, ce sont plutôt des voitures assez imposantes et neuves. A l’inverse les vélos sont de toutes dates dont certains roulent malgré la rouille évidente du cadre. Parmi les conducteurs de scooters, nous remarquons qu’ils portent des casques-casquettes, signe qu’il doit pleuvoir et faire soleil souvent. Nous marchons jusqu’au mausolée d’Hô Chi Minh. Hélas nous arrivons trop tard pour le visiter car il ferme à 11h. Mais le musée est ouvert, il nous reste 1h pour le visiter. L’architecture intérieure contraste avec l’extérieur très sobre. L’histoire de la guerre du Vietnam est ici retracée grâce à des coupures de journaux, lettres Ho Chi Minh et son histoire personnelle. Le tout mise en scène avec des œuvres d’arts. Quelle vie et intelligence incroyables ! Avant d’arriver en France, en quittant le Vietnam il a voyagé cinq années. En France, il a aidé à la fondation du parti communiste au Congrès de Tours. A travers ses différents écrits exposés, nous découvrons plus en profondeur un défenseur de la paix et un homme très conscient du contexte historique dans lequel il vivait. Visite incontournable pour comprendre un temps soit peu l’histoire contemporaine du peuple vietnamien et sa lutte pour l’indépendance.

              A ce propos, nous allons vous parler ici un peu plus de ce qui a été une des périodes les plus sombres du pays, qui hélas a un lien étroit avec le nôtre. Les français ont colonisé le Vietnam à la moitié du XIXème siècle et ont crée l’Indochine française (actuellement le Laos, Cambodge et Vietnam). Pendant la seconde Guerre Mondiale, les japonais prennent possession de l’Indochine. En août 1945, dans un contexte bi-polaire de guerre froide, le Việt Minh, mouvement indépendantiste vietnamien soutenu par les communistes profitent de l’instabilité politique du pays pour conquérir l’indépendance du Vietnam. La France commence un long processus de reconquête de ses colonies qui se mue en une guerre contre les communistes au Vietnam. La guerre dure plus de 7 ans et fait de terribles pertes des 2 cotés. Les français sont battus plusieurs fois. La bataille perdue par les français de Điện Biên Phủ marquera les esprits. En 1954, la France capitule et signe les accords de Genève. Le traité divise le pays en deux. Le nord, la République Démocratique du Viet Nam est dirigé par le régime communiste de Hô Chi Minh. Le sud, la République du Viet Nam est soutenue par les américains. Hô Chi Minh a été un des acteurs principaux de la lutte contre la colonisation en France et dans son pays. Ainsi, il déclare en 1924 « Dans toutes les colonies françaises le mécontentement, la misère et la faim sont en augmentation constante. Le moment du soulèvement est venu ». Il poursuit ensuite son combat pour la réunification de son pays. Hélas la partie sud connaît un coup d’état et le nouveau gouvernement refuse de tenir les accords de Genève qui prévoyaient un référendum. Le régime du sud est soutenue par les États-Unis et ses alliés, ils instaurent une dictature sous la férule de Ngô Dinh Diêm. En même temps est menée la création d’un mouvement insurrectionnel d’opposition, le Front national de libération du Viêt-nam du sud (le FNL). Ses combattants sont qualifiés péjorativement par leurs adversaires du Viêt-công (« communistes vietnamiens »). Ils bénéficient du soutien actif des soldats de l’Armée Populaire Vietnamienne (APV). Ces « Bô dôi » viennent du Nord-Vietnam selon un plan de conquête échafaudé par le gouvernement de Hanoï (au Nord).

            À partir de 1961, le président américain John Fitzgerald Kennedy envoie quelques troupes déguisées en « conseillers militaires ». Il veut à tout prix sauver le régime de Diem pour éviter une chute en cascade des derniers régimes pro-occidentaux d’Asie, selon la « théorie des dominos » formulée par l’ancien président Eisenhower. La détérioration de la situation au Sud-Viêt Nam incite son successeur, Lyndon Baines Johnson, à s’engager davantage. À la suite d’un incident naval dans le golfe du Tonkin, le Congrès américain vote le 7 août 1964 une résolution donnant au président toute liberté d’user de la force armée contre les « agressions communistes » (rappelons que le Vietnam n’est pas une terre des États-Unis, dans ce contexte si agression communiste il y a c’est parce qu’ils défendent leurs terres). La réaction américaine (et leurs alliés : Australie, Corée du sud, Philippines, Thaïlande et Nouvelle-Zélande) est vigoureuse : bombardements sur le Nord (500 000 tonnes de bombes de février 1965 à avril 1968), intervention directe dans le Sud à partir de mars 1965. L’armée sud-vietnamienne est portée à 700 000 réguliers et 200 000 miliciens. Les effectifs américains atteignent 536 000 hommes en 1968. Quant à ceux du Viêt-cong, ils passent de 135 000 hommes au début de 1965 à plus de 300 000 en 1968. En 1966, les opérations se concentrent autour de la zone du 17e parallèle (vers Hué au centre du pays), puis, dès 1967, plus au sud, autour de Da Nang, Quang Tri et même en Cochinchine, au nord-ouest de Saigon, capitale du Sud. Le bombardement des « pistes Hô Chi Minh » (passages des miliciens) reste sans effet. C’est un conflit de guérilla qui s’embourbe. Hô Chi Minh décèdera avant la fin.

Jardins du temple de la littérature

             En mars 1975, les communistes lancent une nouvelle offensive d’envergure. Les villes de Quang Tri, Huê, Da Nang sont prises presque sans combats. Thiêu quitte le pouvoir du Sud le 21 avril. Les blindés nord-vietnamiens mettent fin aux tentatives des négociations en entrant à Saïgon le 30 avril 1975. Le nouvel État, unifié prend forme le 2 juillet 1976, le nom de République socialiste du Viêt Nam est adopté, comme la constitution qui est celle de l’ancien Nord Viêt Nam. L’échec des États-Unis, dont c’est le premier conflit perdu de toute leur histoire, est le plus marquant qui leur soit infligé durant la guerre froide. Cependant, les plus grosses pertes ont été du coté des vietnamiens du Nord et des civils qui luttaient ou non pour l’indépendance de leur pays qui auraient connu plus de 3 millions de morts soit 8% de la population du pays. De plus, les américains ont utilisé du napalm et l’agent orange (un défoliant) en très grande quantité sur les populations et les cultures. Les conséquences de ces usages intensifs sont que les sols sont empoisonnés pour des décennies, les personnes sont victimes de nombreux cancers et malformations. Encore aujourd’hui, des bébés naissent avec des mal-formations et beaucoup de sols sont toujours contaminés. Si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur comment les États-Unis d’Amérique et leurs alliés auraient pu éviter des milliers de morts car ils savaient depuis longtemps qu’ils avaient perdu cette guerre, vous pouvez regarder le film « Pentagon Papers » avec Meryl Streep. Bien que traitant du sujet de la liberté de la presse et de son devoir, il retrace aussi la triste histoire de la guerre du Vietnam.

              Après cette plongée dans l’Histoire. Nous marchons ensuite jusqu’au temple de la littérature. Première Université du Vietnam. Le lieu date de 1070. Jolies successions de cours fleuries cette visite contraste avec la précédente, témoignant d’une histoire plus lointaine. Ce lieu est une respiration dans la touffeur de la capitale. Hanoï est une ville bruyante et surchargée de scooters. Peu propice à la détente. Seuls amusements de ces deux roues, compter le nombre de passagers parfois debout pour gagner de la place (pour les plus petits). Dans les cours de cet ancien lieu du savoir, il fait bon s’arrêter et contempler les vieux arbres qui les peuplent. Nous cherchons ensuite à manger. Mais les vacances ont déjà commencé pour certains. On nous a prévenu, les commerces, les administrations ferment durant cette période. Nous finissons donc au même restaurant que d’habitude. Aujourd’hui d’ailleurs, il font un menu simplifié et plus cher. Ensuite nous allons au musée des femmes. Hélas déjà fermé à cause des vacances. Nous allons donc passer le temps au salon de thé en nous régalant de pâtisseries et de jus. A 18h nous allons assister à une représentation des célèbres marionnettes sur l’eau. Cette forme théâtrale a été inventée en plein air où le spectacle était joué dans les rizières. Ici, c’est un beau théâtre. Le spectacle est composé de tableaux faisant référence soit à des légendes vietnamiennes, soit à des scènes de vie quotidienne. Les marionnettes glissent sur l’eau accompagnées par des musiciens et chanteuses. Le tout est coloré, rythmé et plein de gaieté. A la fin nous voyons sur le visage des musiciens qui semblent las de faire le même spectacle 4 fois par jour tous les jours. Exceptés les trop nombreux irrespectueux autour de nous qui prennent des photos avec leurs smartphones, ou pire filment, c’est un beau moment. A la sortie, il est possible d’acheter des marionnettes usagées, alors nous ne résistons pas 🙂

              Le lendemain, avec un temps très brumeux, nous partons pour l’île de Cat Ba. Le voyage en bus se passe bien. Nous avions réservé par une autre agence. La dame nous inspirait plus confiance. Cette fois, nous allons bien tous à la même destination et en bus (voir mésaventure partie 1). Le jeune homme qui accompagne le chauffeur prend même le temps de proposer des billets de retour avec la même compagnie. Nous lui demandons s’il y a un bus pour aller directement à Ninh Binh notre prochaine destination et oui ! Super ! Il réserve pour nous par téléphone ! C’est vraiment une très bonne nouvelle car à Hanoï, on nous avait dit partout que la seule compagnie de bus qui faisait ce trajet ne travaillerait pas ce jour là car ils seraient en vacances. Ah ! Que de bonnes nouvelles ! Nous commençons à aimer le pays. Au bout d’un moment, nous arrivons au bac. Nous descendons du bus pour attendre à l’embarcadère. Le trajet en bateau est plutôt court, une trentaine de minutes, pour rejoindre l’île Cat Ba. Le bateau est totalement rouillé mais flotte encore.

              L’île de Cat Ba se situe à coté de la baie d’Halong. Elle est la plus grande et recouverte d’un parc naturel. Nous avons choisi d’y aller car c’est le point de départ pour la baie de Lan Ha. C’est la baie voisine d’Halong, mais qui est moins touristique pour voir les pics karstiques. Le bus nous dépose à deux pas de notre hôtel. Nous sommes installés de l’autre coté du port. La ville ressemble à un village très tranquille. Après avoir posé nos sacs nous allons manger des mets locaux : poissons et fruits de mer. Comme ballade digestive, nous essayons d’approcher une plage. En nous promenant, nous découvrons des complexes hôteliers assez imposant, pour certains encore en construction. La baie doit attirer de plus en plus de monde. Sur le retour, Aurélien veut aller voir le Fort aux Canons, seule attraction historique de la ville. Barbara préfère aller faire une bonne sieste. Monique et Daniel accompagnent Aurélien dans une ballade sur les hauteurs de l’île. Cela grimpe assez sévèrement par endroits, mais au moins nous ne trichons pas en scooter. Le point de vue est superbe apparemment. Sauf que le temps est très brumeux, un nuage enveloppe le sommet. La vue panoramique promise est un épais brouillard blanc. La visite permet de passer par les chemins des soldats, ceux-ci rejoignent des canons de fabrication française, de traverser un tunnel construit pendant le conflit. Le gros bémol de la visite est qu’aucun de nous trois n’a réussi à comprendre pour quel conflit le Fort Canon avait été utilisé, ni contre qui faute d’explications claires. Le soir, mauvaise pioche pour manger, le restaurant est un attrape touriste où nous attendons des heures pour être servis et ce n’est pas très bon. Une grande scène a été installé avec écran géant pour ce soir car c’est le réveillon du Nouvel An. C’est la fête du Têt. Nous resterions bien mais nous sommes bien fatigués nous n’avons pas le courage d’attendre minuit. De plus, si nous fêtons plusieurs fois par an une nouvelle année, cela nous rajoute des années et nous allons vieillir plus vite. ;D

              Le lendemain, on vient nous chercher pour nous emmener à l’embarcadère. Nous allons faire un tour en bateau dans la baie de Lan Ha comme nous l’avions fait sur la baie d’Halong. Beaucoup moins touristique qu’Halong, il n’y a que quelques bateaux ici qui font le tour des pics. Le lieu étant moins célèbre, le prix est aussi beaucoup plus bas (moitié moins que ce que nous avions payé). Normalement, Lan Ha est réputée pour être plus tranquille. On nous fait attendre sous une grande tente où la musique est allumée à volume très fort, nous voyons arriver de plus en plus de passagers. Quand tout le monde est rassemblé, on nous fait tous monter sur le même bateau, nous sommes pourtant 40 personnes. Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul bateau car c’est le jour de la fête du Têt. D’ailleurs le guide comme l’équipe semblent décuver de la veille. Ça promet… Pourtant nous avons assez vite l’agréable surprise que les personnes nous accompagnant sont très calmes et le surnombre ne se fait pas sentir. Les personnes qui viennent ici, on le même objectif que nous : être au calme, loin des foules et proche de la nature. Nous partons et découvrons une première île où se trouve des singes. C’est le type de visite qui nous laisse un sentiment ambivalent. Les primates guettent les arrivées des touristes dans l’espoir de chiper de la nourriture. D’ailleurs, en voici un qui vient de sauter sur le sac en plastique d’un des touristes près à le lui arracher. Le guide n’est vraiment pas sympa avec les singes. Il leur jette des pierres (sans les viser directement) et leur fait peur en brandissant un bâton. Nous n’apprécions pas du tout. Disons-le, nous ne nous sentons pas à notre place dans cet habitat des singes. Depuis longtemps leurs comportements ont été perturbé par la venue des bateaux et c’est désolant. Hélas, cela reflète le rapport de quelques locaux et de certains touristes avec les animaux qui ne les considèrent que comme une attraction touristique et ne les protègent absolument pas. C’est d’une grande tristesse.                Heureusement, les personnes qui nous accompagnent sont pour la plupart plutôt dans le même état d’esprit que nous, et essaient de ne pas déranger les singes qui sont chez eux ici. La raison principale de notre arrêt sur cette île est une montée au sommet. Nous grimpons, le chemin étant parfois raide, dans la végétation jusqu’à un point de vue en haut de l’île. Le guide n’a prévenu personne que l’ascension était plus de l’ordre de l’escalade et ceux en tongs ont du mal à suivre. En plus le sol est minéral et très escarpé. Il n’a pas non plus donné de consignes par rapport aux singes sur l’attitude à adopter. Ce qui fait que nous assistons à quelques scènes peu heureuses. Les singes en train de mordre des bouteilles en plastiques pour y récupérer les dernières goûtes de la boisson. Certains passagers cèdent aux tentations, une jeune fille essaie d’en caresser un, il n’apprécie pas du tout et devient agressif. Un autre regarde un singe dans les yeux ce qui fait que le primate devient agressif aussi. Avec les gens bienveillants et débrouillards, nous nous entraidons afin de garder calme et sérénité, ce qui est primordial si un singe saute sur un sac à dos pour tenter de l’ouvrir. Nous continuons l’ascension accompagnés de singes qui font eux aussi la grimpette à nos cotés. Là où il nous faut parfois quelques minutes pour passer un obstacle, eux règlent ces questions en quelques secondes pleins d’agilité. Ils s’assoient en haut des rochers et observent l’étendue calme et magnifique de la mer. Il est vrai que la vue est très belle. En les laissant tranquilles, ils sont d’incroyables compagnons. Ils sautent de roches en roches à nos cotés. A différents degrés, à travers leurs instincts, les animaux ressentent nos sentiments de peurs. Il faut être calme. Par exemple un singe se laisse descendre sans efforts, assis sur le sac à dos de Daniel. Celui-ci ne l’ayant pas remarqué le transportait sans s’en rendre compte. Puis nous retournons sur le bateau où le capitaine s’impatiente. D’ailleurs nous nous sommes ensablés et il faut mettre tout le poids à l’avant de l’embarcation pour repartir. Nous naviguons au milieu des pics karstiques, c’est magnifique. Nous sommes absolument seuls sur l’eau. Nous faisons la connaissance de Eva et Mathias. Deux sympathiques allemands. Nous avons souvent le plaisir de rencontrer nos voisins frontaliers régulièrement à l’autre de bout du monde.

              Si nous devions faire une brève comparaison entre la baie d’Halong et Lan Ha, trois choses les diffèrent. D’une part les pics de karst sont plus grands et nombreux dans la première, d’autre part la seconde a plus de déchets malheureusement. Probablement parce qu’elle est moins exposée aux courants marins. Enfin, la seconde est beaucoup plus paisible que la première. Le point commun des deux baies est leurs caractères exceptionnels, elles sont toutes les deux des paysages incroyables. Le deuxième arrêt est une belle ballade en kayak où nous passons sous des pics karstiques, entre la roche et l’eau. Nous nous faufilons dans des grottes. Nous suivons tranquillement le guide dans ces décors époustouflants. Le tout pourrait être assez idyllique si nous ne pagayions pas dans une mer de déchets. Les courants marins ramènent ici tout ce qui est jeté dans la mer, la surface de l’eau bleu-vert est un triste amoncellement de détritus. Au Vietnam, comme dans de très nombreux pays, il n’y a pas de système de ramassage des déchets, alors naturellement les gens jettent dehors. Comme pour le mini-trek, il n’y a eu aucun topo sur comment manœuvrer en kayak et certains passagers éprouvent des difficultés. Une fois remontés sur le bateau nous mangeons un bon déjeuner et parlant avec Eva et Mathias. Eva parle un peu français car ils n’habitent pas très loin de la frontière française. La journée se passe tranquillement au fil de l’eau entourée de fabuleux paysages, nous rejoignons les limites de la baie d’Halong. Plus tard, il est possible de se baigner dans la baie et nous rentrons tranquillement. D’ailleurs nous faisons le chemin de retour à pied, tous les vietnamiens sont en tenue de jour de fête, en beaux habits et visitent leurs proches. Les femmes assises en amazones sur les scooters n’ont jamais eu autant de classe.

               Après un bon petit déjeuner, en ce deuxième jour férié, nous assistons à une course d’avirons. Moment festif de ferveur populaire où toute la ville est rassemblée autour du port à encourager son équipe préférée. Les deux équipes de l’île (nord contre sud) font un tour de chauffe encouragées par leurs supporters respectifs. C’est la course de l’année et cela s’entend. Puis ils se mettent en place au bout du port. Le départ est donné, les équipes rament en cadence, dont le rythme est donné par un des membres de l’équipe qui crie quelque chose comme 1, 2, 1, 2… Les vietnamiens courent d’un coté à l’autre du port pour encourager les équipes. Cela donne un concert de casseroles, de tambours, de sifflets, de klaxons, c’est très drôle et prenant. Les drapeaux vietnamiens flottent de chaque côté. Les avirons font trois allers/retours. Et c’est l’équipe des maillots jaune fluo qui gagne ! L’ambiance est à son comble. Monique se fait des copines vietnamiennes parmi les supporters. Les propriétaires de notre hôtel étaient pour les blancs… Comme le veut la tradition du jour de l’an, à notre départ ils nous offrent une enveloppe rouge aux motifs or avec un billet dedans pour nous souhaiter la fortune. Le midi, nous mangeons une fondue aux légumes. La différence c’est que dans la marmite c’est un bouillon de légumes à la noix de coco, à la place de l’huile c’est de l’eau bouillante (ce qui fait une soupe à la fin). Vous ajoutez petit à petit les légumes et champignons que vous mangez. C’est délicieux.

              Nous prenons ensuite le bus pour Tam Coc. Surnommé la baie d’Halong terrestre, nous avons quelques 5h de route. Nous sommes chanceux car la compagnie de bus est la même que pour venir sur l’île, elle offre un service irréprochable. On vient nous chercher à l’hôtel et on nous dépose à 5 min à pieds de l’autre à l’arrivée. Nous ne sommes pas habitués. Quoi demander de mieux. Arrivés à notre guesthouse, nous sommes chaleureusement accueillis par les enfants des propriétaires. Ils sont trois, deux filles et un garçon. La plus grande nous accueille en anglais et nous informe que ses parents sont absents car ils sont chez leurs grand-parents pour fêter le nouvel an. Ils rentreront plus tard. Les chambres sont simples mais très confortables, l’endroit très joli. D’ailleurs Daniel et Monique pensent qu’il s’agit probablement d’une ancienne maison coloniale, alors que nous apprendrons ensuite que c’est une maison récente. Les vietnamiens ont conservé ce style d’architecture qu’ils continuent d’affectionner (il semblerait). Nous allons mangez des phôs au restaurant. En rentrant, Monique et Daniel font la connaissance des propriétaires, ils sont invités chaleureusement à boire un verre pour la nouvelle année!

                   Le lendemain, nous découvrons aussi les sourires des propriétaires de la guesthouse. Ils nous servent le petit déjeuner en souriant et plaisantant. Ils ont vraiment le plaisir d’accueillir. La dame est particulièrement rigolote. C’est sûrement un des endroits les plus accueillants où nous ayons dormi. De plus, le petit déjeuner est délicieux ! Au Vietnam, c’est une des choses que nous adorons : le petit déjeuner. La plupart du temps c’est inclus dans le prix de la nuit. Cela dépend vraiment des pays. Par exemple en Ouzbékistan, comme au Vietnam le petit déjeuner était toujours inclus et très souvent succulent. Par contre dans d’autres pays jamais. Au début de notre voyage, quand il n’y avait pas de petit déjeuner nous mangions la plupart du temps des flocons d’avoines, ou du pain de mie au miel, mais en Asie la coutume est plutôt de manger des nouilles ou des œufs. C’est à vélo que nous partons explorer les environs pour ce premier jour. Nous coupons par des chemins de terres et petites routes afin d’éviter la circulation. Les paysages sont très jolis, nous sommes aux milieux des rizières et pics de karst.               Nous faisons un premier arrêt pour grimper au point de vue de la colline du dragon (au dessus des grottes Mua). Avec la chaleur et le fort taux d’humidité, nous arrivons dégoulinant de sueurs en haut. L’ascension était dure ! Mais l’effort en vaut la peine, la vue est superbe. Nous pouvons voir les pics karstiques et rizières à perte de vue. Le contraste entre le plat des rizières immergées d’eau et l’abrupte des pics escarpés est incroyable. En face, trois chèvres se sont aventurées jusqu’au sommet d’un des pics. Après la descente, Barbara et Monique s’offrent une noix de coco pour se désaltérer. Elles mangent même la chair à l’intérieur tellement c’est délicieux. Nous continuons jusqu’à Hoa Lu, l’ancienne capitale du pays au début des années 1000. La ballade est plus qu’agréable à part quand nous devons pédaler sur la route principale très encombrée. Arrivés sur le site, le tour est plutôt vite fait car il ne reste que 3 bâtiments vestiges du palais impérial, dont une belle fresque de dragon. Nous nous posons manger à une petite échoppe, où la dame nous avait gardé nos vélos. Nous rentrons ensuite en prenant d’autres petites routes à travers les rizières et les pics. Les têtes vers les sommets, nous pédalons seuls au milieu de ces magnifiques paysages accompagnés de bruine.

De faux billets  sont brulés en offrandes pour les anciens

               Le soir, la famille prépare un grand repas pour tous les clients de la guesthouse. Ils nous offrent un repas copieux et nous nous régalons! Tofu, rouleaux de printemps fris (parmi les meilleurs du voyage), légumes, riz, gâteaux typiques… C’est la grande régalade pour fêter ensemble le Têt. Le patron sert des coups à boire et seul Aurélien est courageux pour accepter l’eau de vie avec un animal dans la bouteille (un serpent?). Ils sont vraiment adorables. A table, nous faisons la connaissance de Gef et Chris, un couple de français retraités vivant à Granville. Et pour compléter notre tablée : 3 québécois bons vivants et eux aussi à la retraite. Chris nous offre des conseils pour le Cambodge et la Thaïlande car ils ont beaucoup voyagé dans la région. Ils ne sont pas à leurs premiers voyages dans les environs et c’est très appréciable d’avoir leurs points de vue. La tablée est sympathique bien que les discussions soient clairement orientées par des personnes qui aiment ou ont de l’argent. C’est connu que nos amis canadiens francophones parlent plus facilement d’argent que nous autres français. Ça parle restaurants gastronomiques très chers à Paris. C’est cela le voyage, rencontrer des gens d’horizons différents. Disons le honnêtement, Daniel aurait clairement préféré parler de luttes prolétariennes et il fait bonne figure pour bien se tenir. Pour nous, cela nous change. Dormant dans des lieux plus populaires car moins cher, nous rencontrons d’habitude plutôt des personnes venant sensiblement du même milieu et ayant des idées proches des nôtres sur le monde. Mais nous rencontrons aussi des personnes de notre âge avec qui nous n’avons rien en commun. Ici, le groupe illustre un milieu que nous côtoyons peu. Alors nous prenons cela comme un autre apprentissage.

             19 février 2018, si Ninh Binh et Tam Coc sont surnommées la baie d’Halong terrestre, c’est pour ses paysages karstiques. Comme dans la baie d’Halong, il est possible d’y naviguer. C’est via une barque où un batelier rame à notre place. Avec ses mains ou avec ses pieds (pour la spécialité locale), c’est selon son humeur. Nous remontons une rivière dans le sillage des autres barques. C’est le matin et le temps ne s’est pas levé, il y a comme une atmosphère d’un monde inquiétant et sauvage. Nous passons sous des pics, l’eau est marron et déborde dans les rizières. Les aigrettes grises sur leurs jambes frêles pêchent silencieusement. Dans ce décor aux couleurs ternes, les gilets de sauvetages oranges fluo détonnent. Il y a de très nombreux coréens et des vietnamiens en vacances. C’est une très belle ballade. Nous avons la journée pour continuer à découvrir cette merveilleuse région. Après mangé nous allons nous promener à pieds vers un temple. C’est un très ensemble de bâtiments bouddhistes intégré dans la montagne, d’ailleurs il est possible de passer à travers celle-ci pour rejoindre l’autre versant. Comme tous les lieux bouddhistes, il y a des offrandes. A chaque fois il y a des canettes de coca-cola, ce qui nous « choque »toujours un temps soit peu. Nous rentrons en passant par une petite route au milieu des rizières où les gens sont en train de planter les semis de riz. Travail difficile où il faut être courbé, les pieds dans l’eau et la boue. Vu l’étendue incommensurable des rizières, le travail à accomplir est considérable. Des bouts de champs ont déjà poussés, les verts ont différentes teintes (certaines fluo pour les semis). Pendant que les parents travaillent, les enfants jouent en bord de rizière à côté des vélos et scooters garés. Le soir il est temps de remercier chaleureusement la famille de l’hôtel qui ont été de merveilleux hôtes. Nous prenons le train de nuit pour Hué. Nous ne sommes pas certains que la dame qui nous amène en taxi à la gare ait eu son permis depuis longtemps mais nous arrivons. Les billets ont été difficiles à avoir car ce sont les vacances et les vietnamiens rentrent dans leurs familles à cette période. De ce fait, tous les transports sont pleins.

                Le train de nuit commence à être un peu notre spécialité, nous en avons pris dans plusieurs pays. Pour ces billets, leurs prix sont chers car il ne restait plus que des places en 1ère classe. Avec Aurélien, nous nous imaginions que cela serait le trajet le plus luxueux que nous ayons fait mais nos espoirs sont vite arrêtés quand nous découvrons le compartiment aux couchettes…dures, draps sales et « snacks » se limitant à une barre chocolatée. Le transsibérien ou le train Géorgie-Arménie en 3ème classe sont plus confortables ! Et plus jolis car là le wagon ressemble plus à un hôpital blanc sans charme. Nous passons une nuit presque bonne à part la climatisation trop forte qui rend le compartiment digne d’un frigo. Monique et Aurélien se lèvent tôt pour regarder les paysages au petit matin. Ce sont de longues étendues de rizières vertes à perte de vue qui nous rappellent que le Vietnam est dans le top 5 mondial des pays producteurs de riz.

             A Hué, comme souvent en arrivant dans une ville, nous marchons jusqu’à notre hôtel. Le climat a complètement changé, gros soleil, nous arrivons trempés de sueur à l’hôtel. Nous sommes accueillis par des jus de fruits faits maison et de succulents fruits frais. Un vrai régal ! Une douche et une sieste plus tard, nous allons manger puis visiter le lieu historique de la ville : l’ancienne Cité Impériale. La guerre du Vietnam contre les américains a endommagé le site historique, qui a notamment subit des bombardements. Malgré tout il reste pas mal de bâtiments, et les autres sont petit à petit restaurés. Comme nous en croisons souvent dans les sites touristiques asiatiques, certains vietnamiens ont loué des tenues traditionnelles en couples ou entre amies. Cela apporte des touches colorées et des poses photos toujours inattendues.

                La chaleur et la fatigue de la nuit en train, nous font ensuite retourner à l’hôtel. Sur le chemin nous reprenons le pont en fer. Après un peu de repos nous nous offrons un délicieux repas au restaurant de l’hôtel. Barbara et Aurélien sont aux anges car d’habitude ils mangent plutôt dans les gargotes et petites échoppes, ou plus habituellement des nouilles instantanées. Là c’est le restaurant de l’hôtel, c’est un petit peu plus cher mais c’est original et absolument succulent ! En plus la serveuse est toute étonnée de nos quelques mots de vietnamien, dans un plaisir partagé elle nous en apprend d’autres !

                Mercredi 21 février, pour Monique et Daniel, aujourd’hui c’est l’expérience du bus couchette de jour. « Un bus de nuit de jour » comme aime à le décrire Daniel (un « mobil-home » au Vietnam). Et d’après leurs conclusions… à éviter ! La couchette trop petite n’est pas adaptée pour les tailles de Daniel et Aurélien. En plus, elle réveille le mal au dos de Daniel. Au moins nous voyons de beaux paysages, traversons même le pont dragon à Da Nang. Malheureusement, après cette ville, le très beau bord de plage se transforme vite en une succession de nombreux kilomètres de grands complexes hôteliers en construction. Cela nous paraît démesuré, mais peut-être n’avons nous pas conscience du nombre de touristes. Après 5h de route, c’est en petits morceaux que nous arrivons à Hoi An, dont un arrêt d’une heure où les chauffeurs ont chargé des caisses de crabes dans les soutes. Style vietnamien, les crabes étaient mis dans des caisses de polystyrène pardessus lesquels était rajoutée la glace tassée au pied. La bonne nouvelle c’est que nous restons 3 jours à Hoi An pour se reposer un peu et l’hôtel est avec piscine : oui !!!!! Nous nous sentons en vacances. Le soir, nous allons découvrir la vieille ville dont une des spécialités sont : les lanternes. C’est magnifique, en plus du vieux charme de la ville (ancien port colonial), les rues sont illuminées de toutes les couleurs. C’est très chaleureux et confère une atmosphère douce malgré le nombre de personnes. Nous mangeons dans un petit restaurant vietnamien du Cao Lau (plat local à base de porc et nouilles épaisses) et découvrons en dessert une crème au soja légère. Nous nous promenons jusque à la rivière. Les lanternes sont comme des éclats permanent d’un feu d’artifice, que la légère bise dorlote. Il y a de très nombreuses boutiques de tailleurs pour femmes et hommes, c’est l’autre spécialité de la ville. Un peu plus loin, nous découvrons la fête foraine locale, installée là pour les vacances. Une des attractions qui nous émerveille particulièrement est la peinture de figurine en plâtre. Cette activité est pratiquée par des personnes de tout âge.

             Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner gargantuesque, nous partons découvrir la vieille ville de Hoi An. Le ticket pour visiter donne accès à 5 bâtiments au choix. Nous flânons dans les rues au hasard, rentrons dans la maison japonaise qui abrite une collection de poteries, d’anciennes maisons où nous sommes surpris de découvrir que les crues inondent encore les intérieurs. Les battisses sont très belles. Certaines sont en bois sombre d’autres peintes de couleurs vives. La vieille ville est magnifique. Un ensemble religieux composé de différents bâtiments nous surprend également par son joli style. Il y a d’immenses rouleaux d’encens qui brûlent, enfumant les prieurs. C’est un régale pour les yeux que de marcher dans les différentes rues. Et puis de jour, les boutiques des tailleurs sont ouvertes, nous pouvons voir les styles proposés. A 15h30, nous filons voir un spectacle traditionnel. C’est davantage un divertissement pour touriste. Ce sont plusieurs tableaux courts (le pêcheur et ses filles, une danse avec des cruches sur la tête…). Le soir nous faisons une mauvaise pioche pour le restaurant, ce n’est pas très bon et nous attendons longtemps avant de manger. Très longtemps.

             Le lendemain, nous partons nous promener à vélo. Après avoir longé la rivière nous allons voir le village des potiers Thanh Ha. Nos montures à roues garées, nous marchons dans le village. Très vite nous sommes interpellés. Monique s’est mise à la poterie depuis un an, elle accepte avec plaisir d’essayer de reproduire une poterie. La potière lui montre les gestes, et c’est au tour de Monique. Elle compare la texture de la terre d’ici avec celle qu’elle utilise d’habitude. Sa pièce est plutôt bien réussie. Nous marchons dans les rues du petit hameau, nous découvrons dans les jardins des maisons et des fours artisanaux en briques pour cuir les poteries. Une dame découpe de la terre et ensuite la pétrie avec ses pieds. Nous nous arrêtons plusieurs fois, Barbara s’essaye même à son tour. Nous visitons ensuite le musée dédié à la poterie et sculpture. A l’image du lieu, les œuvres sont remarquables et nous finissons notre visite par la découverte des monuments célèbres du monde reconstitués en miniature. Pour retourner sur Hoi An, nous refaisons le chemin inverse pour aller manger. Nous finissons par nous arrêter à des stands de rues et prendre des petits plats sur le pouce à grignoter, assis devant un thé vietnamien. Sans oublier une délicieuse crêpe banane chocolat en dessert.

              Après une pause à l’hôtel nous allons en vélo voir la mer. Pas de chance, même si deux jours avant il faisait grand soleil, aujourd’hui pas de baignade. C’est au contraire un grand temps venteux chargé d’embruns marins. Sous d’épais nuages, nous nous baladons sur la plage. Les barques rondes des pêcheurs attendent sur le sable avec tout le matériel de pêche. Pour corriger la veille, le soir Daniel nous emmène dans un des meilleurs restaurants de la ville, nous nous régalons !

                Nous nous promenons une dernière fois dans la vieille ville et déjeunons avec vue sur la rivière. Le fait que le centre ville soit piéton change tout. Loin des engins motorisés, les promenades redeviennent un plaisir. Les couleurs de la ville sont exquises, le jaune des murs décrépis est chatoyant.

            Le soir nous prenons le bus de nuit pour Dalat. Comme c’est un bus couchette, les conducteurs prennent en échange d’argent de main à main des vietnamiens qui s’installent dans les couloirs. En plus que tous les transports soient pleins, les prix de ceux-ci sont exagérément augmentés pendant la période. Cependant, le bus est souvent arrêté pour des contrôles policiers. Alors que ceux installés dans le couloir courent se cacher dans les toilettes, le chauffeur tend très vite une enveloppe à l’agent qui monte. De cette nuit, nous préférons retenir le pompiste cigarette au bec qui faisait le plein du bus. Au petit matin, nous nous réveillons sur une magnifique route entourés de montagnes verdoyantes. Cela contraste avec les paysages plus au Nord. Il y a de nombreuses serres pour le fruit star de la région : la fraise ! L’autre grande spécialité est le café. A la gare routière, nous prenons un taxi qui nous dépose à notre hôtel. Un petit déjeuner plus tard et une bonne sieste nous sommes prêts pour aller découvrir les cascades réputées de la ville. Nous marchons d’abord jusqu’à l’agence qui s’occupe de notre bus du lendemain pour Hô-Chi-Minh ville. A Hoi An, nous avions pris en avance ces tickets de peur de ne plus avoir de places car ce sont toujours les vacances et nous avons beaucoup de difficultés à trouver des transports. Une fois les tickets récupérés nous mangeons dans un petit restaurant végétarien tenu exclusivement par des femmes à la tête rasée. Nous nous interrogeons si elles ne sont pas nones ou appartiennent à un monastère bouddhiste. Le repas est bon, et le dessert et le café sont succulents. Dalat est une ville très différente du reste du pays, les routes sont en excellent état, les trottoirs aussi. Les habitations plutôt luxueuses, très certainement pour satisfaire les nombreux russes en vacances dans cette ville. Après avoir hélé un taxi dans la rue, nous allons à la découverte des cascades. Nous nous acquittons du droit d’entrée et commençons à descendre vers celles-ci. Puis Barbara et Aurélien décident de remonter pour descendre via une attraction, une sorte de luge sur rails. La vitesse se contrôle manuellement.. Ça à l’air bien amusant. Ils s’imaginent déjà dévalant à toute vitesse les cheveux au vent au milieu de la nature luxuriante. Mais c’était sans compter les touristes chinois qui sont devant eux et s’arrêtent tous les 30 secondes… pour se prendre en selfie. Quelques uns nous comprendrions, mais tout le circuit nous ne sommes pas très contents! Autant dire que nous n’avons pas vraiment profité de cette descente à vitesse escargot. De plus, la cascade n’a rien d’hyper impressionnant. Nous continuons la promenade en descendant le long du torrent dans l’espoir de rejoindre la ville à pied. Mais nous apprenons que ce n’est pas possible. Bon nos plans de randonnées tombent à l’eau alors nous nous disons qu’il n’est sûrement pas trop tard pour aller au lac du centre de Dalat faire du pédalo. Oui oui du pédalo. 15mins plus tard, le taxi nous dépose devant le lac. Et nous voilà à la conquête de l’étendue d’eau sur un magnifique pédalo cygne (nous sommes français, nous avons la réputation de romantique à tenir :). Le soir pour finir cette journée typique, nous mangeons dans un restaurant japonais où nous retrouvons les codes nippons.

               Dimanche 27 février, nous avons le bus pour Hô-Chi-Minh ville en début d’après midi, alors nous profitons de la matinée pour visiter la célèbre « Crazy House » (la maison folle) de la ville. Cet hôtel a la particularité de se visiter. C’est une succession d’étranges et complexes bâtiments fantasques. De l’extérieur nous croirions à une grande maison de cire fondue. Après avoir payé l’entrée, la visite est libre, vous pouvez explorer par vous même les recoins de la maison aux allures d’un décor de cinéma fantastique. Les chemins abracadabrantesques débouchent sur des pièces étonnantes. Les chambres peuvent être louées, il y en a pour tous les goûts. C’est l’architecte vietnamienne Đặng Việt Nga qui en est la créatrice. Après avoir découvert le monde sous-marin de la salle de bal, les toits aériens et autres endroits incongrus (dont certains toujours en travaux), nous nous installons dans la jolie cour pour déguster jus de fruits frais et gâteaux maison vendus au kiosque. Nous goûtons aussi les célèbres fraises de Dalat. Nous récupérons nos sacs à dos et allons ensuite à la gare routière. Nous avons la surprise de découvrir que notre bus est un vieux bus. Mais pour une fois nos sacs sont bien chargés dans le coffre. Si au début nous nous étonnons qu’il reste énormément de places vacantes, nos doutes sont vite levés par le nombre de colis de toutes tailles qui viennent y prendre place. Une fois en route, l’assistant du chauffeur fait le rabatteur, il prend tout, les colis, les légumes et bien sûr les personnes (et même des poules en cage). Ils s’arrêtent à peine et charge pleins de choses. C’est à la fois du transport de personnes et un service postal local. Pour nous c’est plutôt habituel mais ce trajet est plutôt « exotique » pour Daniel et Monique, qui découvre cela. Dehors, le Vietnam offrent de sublimes paysages.

                 Par contre le trajet est long à cause du nombre de kilomètres, c’est vermoulus que nous arrivons le soir à Hô-Chi-Minh ville. Anciennement appelée Saigon, aujourd’hui la ville a été rebaptisé en l’honneur d’Hô Chi Minh. Pas de chance, la gare routière est loin du centre. Nous prenons un taxi, mais bien que Barbara s’est mise d’accord avec le chauffeur avant (et lui a fait répété plusieurs fois le prix), à l’arrivée c’est 10 fois plus qu’il demande. Petite embrouille à laquelle une locale parlant français s’en mêle (dans le coup sûrement…). Bien sûr nous ne sommes pas d’accord, le litige est finalement vite réglé quand Barbara enlève le carton qui cache le compteur. Nous lui donnons la somme affichée, et il sait que s’il appelle la police comme il nous en menace, c’est lui qui sera en tort. Le Vietnam, c’est un peu le yo-yo humain. D’ailleurs, une fois dans la rue de l’hôtel, une dame nous interpelle depuis un autre hôtel en face du nôtre. Ils ont le même nom, la dame nous dit que nous dormons ici et pas vers celui que nous nous dirigeons car il serait plein. Avec toutes ces histoires d’arnaques, nous finissons par nous méfier de tout. Mais il s’avère que c’est le même établissement et que la dame dit vrai. Bon, une fois nos sacs posés, une bonne douche prise, nous sortons manger. Nos premiers pas dans Hô-Chi-Minh ville sont loin d’être sereins. Bars avec la musique très forte, rabatteuses de faux salons de « massage » habillées de façon équivoque, terrasses uniquement remplis d’occidentaux. Nous ne nous sentons pas très à l’aise dans cette atmosphère malsaine. La ville nous donne l’impression d’être un paradis maudit du vice, où les mieux fortunés achètent les divertissements (sexe, alcool, fêtes…) des plus pauvres. Nous tournons dans le quartier pour manger et finissons dans une sorte de chaîne locale. Loin d’être gastronomique ce n’est pas mauvais. Nous rentrons vite nous coucher tellement nous sommes fatigués.

             Après une bonne nuit de sommeil, nous partons découvrir le musée des Beaux Arts de la ville. Très beaux bâtiments anciens qui nous permettent d’être au frais car dehors il fait une chaleur écrasante. Tellement écrasante que de nombreux locaux font la sieste dans leurs magasins ou allongés sur leurs scooters. Dans le musée, nous découvrons des œuvres de différentes époques, d’artistes variés. C’est très intéressant d’observer tous ces styles et visions artistiques. Une belle visite. Puis nous marchons dans le quartier. Nous passons par une rue pleine de brocanteurs où nous finissons par nous arrêter manger dans un café. Celui-ci n’a finalement que 3 plats à la carte, rien d’extraordinaire. Par contre, juste en face se trouve un magnifique glacier. Nous nous régalons de sorbets fruités que nous paierons plus cher qu’en Italie ! Après cette bonne pause, Daniel et Aurélien choisissent d’aller visiter le musée des vestiges de la Guerre. Ce musée retrace les récits, les chiffres ahurissants des guerres au Vietnam après la seconde Guerre Mondiale. D’abord contre les français,ensuite contre les américains et leurs alliés. Ce musée est une suite de documents qui donne le vertige sur les moyens qui ont été employés pendant ces deux conflits, sur les désastres qu’ils ont engendrés. De leurs côtés, Monique et Barbara choisissent de se promener et faire quelques achats. Plus particulièrement une valise pour faire rentrer les emplettes du séjour et nos surplus. Nous nous retrouvons tous à l’hôtel pour prendre le bus, direction l’aéroport où nous avons réservé un hôtel car Monique et Daniel prennent l’avion tôt le lendemain matin. Pour eux les vacances prennent fin.

                C’est avec beaucoup d’émotions que nous accompagnons Monique et Daniel à l’aéroport. C’est passé si vite, mais c’était tellement génial de partager notre « quotidien » avec eux (en un peu plus amélioré :). Dernières embrassades et pour nous, c’est comme si nous commencions à nouveau notre aventure. Première chose, nous partons nous reposer un peu et nous décider pour la suite. Finalement nous n’irons pas dans le delta du Mékong mais nous filerons dès le lendemain au Cambodge. Pour cette dernière après-midi, nous visitons la ville. Il y a autant de scooters qu’à Hanoï, mais ici les avenues sont plus larges que les rues de la capitale. Sur les places, des groupes de gens joue au Da Cau. C’est une sorte de volant, qui remplace un ballon de foot, qu’on s’échange en passes aériennes. Nous nous infiltrons dans des petites rues où la vie semble se ralentir, entre pause cigarettes pour de vieilles dames aux visages merveilleusement ridés, et les siestes des hommes torses nus décorés de grands tatouages. Nous débouchons sur la sortie de l’école, bien amusante avec son enfilade des parents en scooter. Le soir, Aurélien fait un petit saut à la poste centrale, grand et beau bâtiment avec son grand portrait d’Hô Chi Minh. C’est notre dernière nuit au Vietnam.

         Le premier mars, nous embarquons dans un bus propre, confortable, où la gentillesse cambodgienne contraste immédiatement. Le Vietnam aura été le premier pays asiatique fortement touristique que nous aurons visité. Beaucoup de vietnamiens essaient légitimement de tirer un maximum de profits de ces voyageurs. Nous aurons connus d’étranges mésaventures, néanmoins, nous retiendrons un très beau pays, avec quelques formidables rencontres et une cuisine délicieuse !