Japon – 3ème partie

Du 27 décembre 2017 au 8 janvier 2018, Japon : Tokyo

Les trois temps d’une valse à Tokyo :

-passé- présent-futur-

 

              Au fur et à mesure de notre cheminement japonais, nous nous passionnons toujours plus pour le pays. Après avoir vécu quelques expériences singulières, nous nous apprêtons à découvrir la mégalopole Tokyo.

 

             Le 27 décembre, nous sommes impatients. Après avoir traversé une partie du plus grand pays du monde (la Russie), nous allons maintenant découvrir la ville la plus peuplée du monde (selon l’ONU) : TOKYO et ses quelques trente huit millions d’habitants ! C’est à dire plus de la moitié de la population française dans une ville ! Le point le plus à l’Est de notre route avant l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Des quartiers où la densité d’habitants dépasse aisément les dix-quinze milliers d’habitants au kilomètre carré ! Parmi eux, Hikaru a accepté de nous accueillir chez lui via couchsurfing.com, toutes les personnes hébergées ont laissé des commentaires hyper positifs. Il nous a donné rendez-vous à Shibuya devant la statue du chien venu attendre son défunt maître chaque soir pendant dix années. C’est très amusant de nous retrouver à Shibuya à 9h30 car le célèbre passage piéton est vide à cette heure, le quartier se réveille à peine. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le passage piéton est en réalité petit. Large certes, mais vraiment court en distance. Hikaru arrive, aujourd’hui c’est son dernier jour de travail avant les vacances. Il nous accompagne chez lui, son appartement se trouvant à une quinzaine de minutes en train de Shibuya. Très simple et très sympathique, Hikaru a gardé de son passage en Australie l’accent (peut-être qu’il en sera de même pour nous). Le quartier où il habite est résidentiel, d’un très grand calme et avec peu d’immeubles. L’agencement intérieur est le même que chez Kotaro, comme chez ce dernier pas besoin de clef car Hikaru ne ferme pas non plus. En même temps que nous, il héberge un couple mexico-allemand (très gentils). Hikaru et les amoureux partent en ville, nous restons. Avant de partir, Hikaru nous dit de faire entièrement comme chez nous et que ce soir il rentrera tard. Il est adorable.

             Après notre prise de repère, nous filons prendre le métro en direction du centre chinois pour la demande de visa. Ce n’est pas à côté et c’est seulement deux minutes avant la fermeture que nous y parvenons. Heureusement l’homme au guichet est d’une rare gentillesse dans ce type d’administration. Il parle un excellent anglais, il nous donne les formulaires à remplir et des conseils. Comble de tout il n’est pas surpris que nous souhaitions faire notre demande en tant que français non-résident au Japon. En mai 2017, la Chine a fait passé une loi qui stipule que chaque demande de visa doit être demandée dans son pays d’origine, dans notre cas la France, et nous avons lu de nombreux témoignages de voyageurs n’ayant pas réussi à l’obtenir hors de leurs frontières. Le comportement de l’homme nous donne espoir, même si nous dit-il, il faut faire vite car c’est les vacances japonaises dans deux jours. Par ailleurs, deux français rencontrés dans le transsibérien avaient eux réussi à le faire à Oulan-Bator en Mongolie, alors que c’était devenu impossible apparemment. Essayons et nous verrons. Nous voulons y croire, la Chine est un pays très important dans notre itinéraire.

Intérieur métro japonais rétro chic

            Pour le retour, bizarrement, nous faisons tout pareil mais n’arrivons pas au même endroit. Étrange… avant d’arriver à Tokyo, nous avions pensé télécharger une application pour nous aider à nous guider dans le métro, mais aucune ne proposait l’ensemble du réseau. En réalité, c’est compréhensible. Regarder une carte du réseau de transport de Tokyo (pas entière) ressemble à première vue à un immense gribouillage de lignes bien tracées et de couleurs. Premièrement à Tokyo, les lignes sont exploitées par différentes compagnies (parfois sur les mêmes trajets). Deuxièmement, ce que nous pensions être des métros sont des trains. Explications, le métro roule sous terre, les trains sont à la surface, les mono-rails sont les trains aériens (sans oublier les tramways et bus). Troisièmement, le prix est en fonction de l’itinéraire. C’est un peu compliqué au début mais la gymnastique entre les boutons physiques (pour le nombre de personnes) et l’écran tactile s’apprend facilement. Sur la carte au dessus de la borne, il faut repérer la station de destination, en dessous est marqué son tarif. Au guichet il faut retirer un ticket du même montant (si erreur il y a, des agents avant la sortie permettent de faire un réajustement tarifaire du ticket s’il est insuffisant). Quatrièmement, pour aller sur le quai, il faut essayer de marcher dans le sens de circulation (c’est à dire comme les voitures au Japon : à gauche), faire la queue où c’est marqué au sol. Cinquième étape, ne pas se tromper sur le train arrivant. Il y a le choix entre local, semi-express et express

Un des très nombreux passage à niveaux dans la ville de Tokyo

(et de différentes compagnies pour rappel). Selon la  rapidité du transport, la destination sera desservie ou non. Au début c’est comme un jeu d’énigmes grandeur nature.

           Mais le métro japonais est un des plus bel exemple de moyens de transports. Il est d’une propreté époustouflante, avec des toilettes et de l’eau en accès libre presque partout. La ponctualité pourrait être son nom. Enfin, malgré qu’il soit très fréquenté, la plus grande surprise vient des japonais. De tout âge, parlant anglais ou non, les premières fois où nous bloquions à résoudre l’énigme du comment faire, à chaque fois un-e japonais-e s’est arrêté-e pour nous aider. Toujours avec cette gentillesse et cette vertu du respect propre à eux. Le respect est un trait essentiel de la culture japonaise. Par exemple nous sommes étonnés de voir de nombreux japonais porter leurs portefeuilles dans la poche arrière de leurs pantalons, en le laissant même dépasser. C’est que le vol est quasiment inexistant. La quiétude japonaise est plus que présente dans les rues de Tokyo.

            Le soir Barbara fait un travail monstre en préparant le dossier pour le visa chinois, il faut fournir un itinéraire complet et toutes les réservations d’hôtels pour 1 mois (comme elle a déjà été en Chine elle a plus de connaissances sur le sujet). Nous dormons sur la mezzanine et en somme gênés car Hikaru dort sur son matelas gonflable sous l’escalier. Mais nous l’assure-t-il, il n’y a aucun problème pour lui. Il arrive à dormir partout. Le jour suivant nous filons au centre porter notre dossier, il n’y a pas le monsieur mais une dame. Avec elle cela se passe moins bien, pour passer les détails cela semble compliqué de déposer notre dossier. En plus il faut refaire les réservations d’hôtels car nos deux noms doivent apparaître. Nous enrageons, nous hésitons à laisser tomber. Et puis non, nous refaisons tout dans un café. 15H45 nous voilà de retour, cette fois le gentil monsieur est là surpris de nous revoir avec le dossier. Il nous confirme que la dame s’est emmêlée le matin dans son explication. Il ouvre nos passeports, nos passages en Turquie et en Iran le font grimacer. Le problème dit-il, c’est que la procédure d’obtention du visa va prendre plus de temps à cause de ces tampons. Sûrement jusqu’au 10 janvier (soit plus de 2 semaines) mais nous ne nous pouvons pas rester au Japon jusque là. Il essaie de voir pour un visa express, c’est non. Le plus simple, après nous avoir donné tous les conseils, est de le faire au Vietnam ou au Laos nous murmure-t-il. Il ajoute discrètement « et beaucoup moins cher ». Merci pour tout, nous essayerons !

              Sur le retour nous faisons un arrêt dans un magasin d’électronique car au Japon, les touristes sont exemptés de TVA en plus d’une ristourne si le paiement est par carte. A Kyoto déjà, nous en avions profité pour acheter une liseuse. Bien que nous sommes tous les deux amoureux des livres papiers la liseuse nous offre un gain de poids énorme. Contents de notre achat, Aurélien réfléchit à investir dans de nouveaux objectifs photos (le prix est vraiment intéressant) pour la suite du voyage. Au retour chez Hikaru, à la sortie du train, un spectacle fascinant apparaît au loin. La silhouette du Mont Fuji se dessine dans la nuance crépusculaire. Quelle beauté, quel contraste ! A l’appartement, un nouveau couple marié remplace celui de la veille : Cruz est mexicain, Leilani est américaine (d’Hawaï). Hikaru n’est pas encore rentré. Nous en profitons pour faire connaissance, le courant passe simplement et rapidement entre nous. Le lendemain, nous essayons d’obtenir le visa vietnamien mais c’est déjà les vacances pour le personnel. Nous décidons d’en faire de même avec nos démarches administratives. Nous nous baladons dans Tokyo, les rues de la ville sont très clairsemées et calmes. Peu de bruits, klaxons exceptionnels, le code de la route est respecté (même les piétons). Même dans le métro, ce n’est pas la cohue. Sauf dans les grandes stations comme Shinjuku ou Shibuya.

Passage de Shibuya

 

         D’ailleurs c’est ce dernier quartier que nous rejoignons. Et c’est déjà la tombée du jour. Effectivement, dans ce quartier, il y a beaucoup de monde. De la gare aux trottoirs, agoraphobe s’abstenir. C’est un flux continu multidirectionnel de lignes humaines. Concernant le passage piéton, c’est divertissant de voir les deux blocs se gonfler en attendant le feu vert. On croirait qu’une mosh part (danse dans le hard rock où des groupes se rencontrent) se préparent. Mais non, chacun se croise simplement. Le quartier est plein d’enseignes lumineuses, boutiques de marques mondialisées et d’autres farfelues, d’affiches mangas et autres panneaux publicitaires, et d’une foule très hétéroclite. De retour chez Hikaru, nous rencontrons son ami Asahi. C’est tous ensemble (Cruz, Leilani, Josh un américain nous ayant rejoint, Asahi, Hikaru et nous) que nous nous mettons en quête d’un bar dans le quartier voisin de Shimokitazawa. Ce quartier est une perle, à la fois vivant et calme. Nous nous rendons vite compte que lorsque nous sommes nombreux, à Tokyo, il est important de réserver. Nous finissons par trouver notre bonheur dans un bar à l’intérieur charmant, où nos passons une délicieuse soirée, animée par nos différentes conversations. Avec Hikaru, Leilali et Cruz notre amitié est évidente et géniale. Hikaru c’est un peu maître Yoda, toujours calme et avec ses petites phrases amusantes toujours justes. Cruz c’est les conversations sur tous les sujets, les merveilleux petits dessins qu’il fait à longueur de journée. Leilani c’est la curieuse inassouvie avec qui nous nous amusons de tout. Nous passons énormément de temps avec Cruz et Leilani, c’est comme si nous avions grandi ensemble. Cela nous fait le plus grand bien ces moments partagés d’amitié.

A l’écoute d’une des nombreuses explications de Yoko

           Ce 30 décembre, nous les suivons à la rencontre de Yoko, une enseignante de calligraphie qui se propose de rencontrer des voyageurs via couchsurfing. Dans un premier temps, elle nous apprend le cérémoniel pour faire un vœu dans un shrine. Pour cela il faut saluer le torii, rentrer par l’un des côtés car le centre est réservé aux divinités. Au point d’eau, il faut humecter avec la louche la main gauche, puis la droite et les lèvres. Devant le temple faire une offrande avec une pièce de 5 yens dans l’urne, taper deux fois dans ses mains, s’incliner et faire le vœu intérieur. Sonner la cloche, saluer et ressortir sans oublier de saluer une dernière fois le temple au torii. A Tokyo comme partout au Japon, il y a toujours des japonais qui font ainsi un vœu ou une pensée à leurs ancêtres de cette manière. C’est une pratique héritée des siècles qui se perpétue naturellement entre les générations. Yoko nous offre à chacun un calendrier avec une calligraphie faîte par elle, c’est magnifique. Alors que nous dégustons un succulent repas, elle nous donne des phrases types pour nous aider dans notre voyage au Japon. Ensuite, elle nous fait visiter le quartier, la vieille galerie marchande Mitsukoshi (une des premières ouverte au Japon), le pont de Nihonbashi qui est le point zéro de la ville. C’est passionnant ! Merci Yoko. Le soir venu, nous retrouvons Hikaru, et c’est en club des cinq que nous poussons enfin la porte d’une salle de jeux d’arcades. Quelque part nous sommes rassurés d’être accompagnés, car si le Japon est calme, ces salles sont bruyantes ! Quand elles s’entrouvrent, on croirait un autre monde qui tente de s’en échapper. Nous nous éclatons à jouer à un des jeux de danses, de voitures. Notre niveau est d’un ridicule comparé à la vélocité et l’expertise de certains joueurs japonais. Mais nous nous éclatons comme des petits fous et c’est bien là le plus important.

           Nous sommes le 31 décembre, pour remercier de l’accueil d’Hikaru, Cruz et Leilani cuisinent avec des ingrédients locaux des tacos mexicains. Nous nous régalons avec toujours la même bonne humeur. Ces moments sont des petits plaisirs qui sont d’immenses bonheurs dans le cœur. Dans la journée nous faisons un petit saut à Shibuya faire quelques courses. Ce soir, nous devrions retrouver Thibault et Erwan. Nous avions rencontrés ces deux français au mois de novembre, au cœur de la Sibérie au lac Baïkal. Nous sommes pressés de les retrouver. Avant cela, nous faisons les emplettes (même si c’est parfois cher comme la tablette de 125g de beurre salé charentais pour presque 10euros…). Cette fois nous ne nous ferons pas piéger. Nous nous cuisinerons un délicieux repas. Car les japonais faisant tout différemment du reste du monde fêtent généralement le jour de l’An au calme en famille. Cette soirée et les trois premiers jours de l’année sont très précieux pour eux. Déjà car ils se réunissent (de la même manière que nous le faisons à Noël), ensuite pour assister ensemble au premier lever du soleil près d’un temple si possible (celui de Kamakura étant l’un des plus fréquentés). Dans les trois jours qui suivent, c’est en famille qu’ils font leurs premiers vœux de l’année. Au début nous devions le passer avec Hikaru et sa famille, mais celui-ci a souhaité changer ses habitudes cette année pour s’amuser à un concert de rock japonais avec son frère. Nous préférons organiser notre soirée différemment, et commencer en amoureux avec un repas préparé par nos soins. Dans nos bouches c’est le paradis, nous retrouvons les saveurs simples du pain, du beurre salé, du jambon italien, d’un verre de vin rouge du sud de la France et de tagliatelles ! Nous ne pouvions rêver mieux, nous nous délectons de tout. Pour le dessert, nous terminons par des pâtisseries japonaises.

Délicieux repas du Nouvel An
pas de feux d’artifices, je boude !

             Ensuite, c’est préparation et train jusqu’au quartier animé de Roppongi, où nous attendons nos deux joyeux nordistes. En patientant, nous assistons au défilé de tous les occidentaux habillés pour l’occasion. Nous ne savons pas si ce sont les australiens ou les américains, mais certains et certaines anglophones sont habillés et maquillées avec… mauvais goût. Question de point de vue français. Thibault et Erwan sont accompagnés d’un troisième compère Fayçal. Quel plaisir de les revoir ! Ils nous font bien rire avec leur expérience chinoise, car ils ne s’attendaient pas à de tels comportements des locaux! Comme il n’y aura pas de feux d’artifices à Tokyo, nous nous choisissons un bar un peu au hasard. Un peu serré, mais avec assez d’espace pour danser (de toute façon toutes les places assises sont réservées…). Aux télévisions sont diffusées les cérémonies officielles des temples, où les japonais embrasent des torches. Sur le bar quelquefois, des philippines dansent lascivement et captent l’attention du public masculin. Qu’importe nous dansons et nous nous amusons comme une bande de vieux copains. Aucun compte à rebours n’est lancé et c’est à minuit deux que nous nous prenons dans les bras pour nous souhaiter la bonne année (que nous passons bien avant tous nos proches car ici il y huit heures de décalage horaire). Barbara, étant une des seules blanche dans le bar, elle se voit offrir plusieurs verres par les expatriés, elle les partage avec nous à chaque fois. Elle est plus forte à la négociation que nos deux amis en commerce ^^ Grâce à elle, nous buvons même du champagne à l’œil ! Nous passons une incroyable soirée et Bonne année à tout le monde !!!!

Exemple de décoration pour la nouvelle année

            Au réveil (car nous n’avons même pas entendu Hikaru rentrer après nous), nous nous préparons tous les trois un bon déjeuner. La soupe miso est excellente le lendemain de fête. Ensemble, à pieds, nous allons au temple de Shimokitazawa. Hikaru, c’est une super rencontre, grâce à lui nous apprenons tant sur la culture japonaise, nous rigolons de nos différences, nous parlons de tout. C’est la personne la plus facile à vivre que nous ayons rencontrée. Merci pour tout, tu es simplement génial, un grand bonhomme ! Sur leurs maisons, les japonais ont placé des décorations pour célébrer la nouvelle année. En arrivant au temple, effectivement, les japonais viennent en famille déposer leurs premiers vœux. La file est très longue mais l’ambiance est au bonheur d’être ensemble. Nous avons la chance d’assister à une merveilleuse chorégraphie de danse. L’enchaînement des danseuses est aussi gracieux et délicat qu’un pétale de fleur. Hikaru rejoint sa famille et nous filons au parc d’Inokashira rejoindre nos adorés amis Cruz et Leilali. Première étape, nous allons au restaurant. Alors que Leilani a commandé des coquillages qu’elle doit elle même cuire sur une grille (les japonais sont friands de ça), nous avons commandé des sashimis (poissons crus coupés) : c’est divin ! Rarement nous avions mangé un poisson au goût aussi fin en bouche, si fondant. Les panses remplies, nous continuons dans le parc cette fois. Un groupe de cyclistes nous intrigue avec leurs téléphones, ce sont des joueurs de PokemonGo qui font leurs chasses en groupe et à vélo (changement d’époque donc changement de proie et de monture….)… plus loin sur le pont éclairé, nous écoutons un chanteur avec sa guitare. La soirée se termine tranquillement.

 

Hikaru qui plantent ses fleurs. Sur le mur de gauche, de nombreuses photos souvenirs de toutes les personnes qu’il a hébergé…

          Le 2 janvier, nous avons le plaisir de voir Hikaru tout sourire mettre dans un vase suspendu les plantes que nous lui avons offert pour le remercier. Il les associe à d’autres qu’il s’est offert pour le nouvel an. Avant la nouvelle année les japonais nettoient de fond en comble leurs appartements ou maisons et les rangent. Il est heureux et nous le sommes autant. Nous ne pouvons le remercier autant que ce qu’il nous a apporté, Hikaru, mais aussi au même moment Leilani et Cruz (et bien d’autres auparavant), sont des merveilleux soleils qui auront chaleureusement éclairé notre itinéraire. Pour préparer la suite, nous avons pris une chambre d’hôtel à prix contenu. Toujours sans réponse positive des Croisières pour travailler gratuitement en échange de la traversée, nous nous résignons à contre-cœur à réserver le premier avion de notre voyage pour rejoindre Taipei (capitale de Taïwan) le 8 janvier. Notre souhait n’est pas de réaliser notre tracé sans prendre l’avion, mais l’éviter autant que possible et dans les limites de nos moyens. Tout de même c’est déjà pour nous une immense victoire d’être arrivés au Japon sans avion ! Le jour suivant, après une bonne partie du temps à travailler sur le voyage, nous flânons dans la ville, en passant devant la résidence de l’Empereur jusqu’au quartier de Ueno. Dans la rue, les hommes en costumes sont bien plus nombreux. Nous sentons le poids de la société patriarcale. Dans un restaurant, nous cédons à nouveau à des sashimis (nous mangeons si souvent des nouilles instantanées…), baignés dans une légère odeur de cigarette et de fumée. Oui au Japon, il est autorisé de fumer dans certains restaurants, de plus sur les tables voisines les japonais se font griller des poissons et fruits de mer.

Nouilles instantanées favorites de Barbara (90% de nos repas)

           Les 4 et 5 janvier sont des journées où nous restons enfermés à travailler. Le soir du 5 cependant, nous rejoignons nos trois amis préférés à l’observatoire des tours de Shinjuku. C’est un point de vue en hauteur incroyable (et gratuit) de la ville ! Aurélien qui adore les vues aériennes est aux anges ! Il se régale à prendre la ville en photo et ses petits secrets des hautes sphères (voir photo détail). La seule ombre au tableau est le nouveau couple hébergé par Hikaru, surtout le garçon (qui d’ailleurs n’a même pas la politesse de se présenter). Il est l’archétype des défauts que nous détestons chez les australiens : irrespectueux, il parle fort, égoïste (« moi je » à toutes les sauces), sans effort pour comprendre les autres ou se faire comprendre. Qu’importe, nous rencontrons aussi Tania avec qui nous retrouvons la gentillesse russe. C’est à plusieurs que nous nous promenons à travers les rues étroites et traversantes des quartiers animés de Tokyo, et que nous arrivons dans une cantine populaire cachée dans un étage de Shibuya. Que le lieu est beau ! Nous nous croirions presque dans un décor de cinéma avec toutes les affiches de vieux films japonais. Les tables sont enfoncées dans le sol pour y passer les pieds. Le principe est de commander différents petits plats un peu comme des tapas (Aurélien goûte même des insectes au soja, très bon). L’ambiance est plus que conviviale. L’australien fait admirer sa « grande culture » en demandant à un israélien si son pays est un pays musulman… Nous disons au revoir à Hikaru avant de nous revoir dans le futur en France ou au Japon ! Alors que nous allons nous coucher, une secousse assez puissante se fait ressentir et nous rappelle que nous sommes au Japon. Du dixième étage et peu habitués aux tremblements de terre, cela nous impressionne bien qu’aucun dommage n’ait eu lieu.

Musée National de Tokyo

           Le 6 c’est visite culturelle au musée National de Tokyo. A rebours des musées occidentaux, il n’y a pas ici une quantité foisonnante d’objets exposés. Par exemple, sont exposés à peine quelques tenues de samouraïs, moins de vingt kimonos. La simplicité japonaise. Toutes les pièces sont très belles. Les katanas sont prodigieux, leurs tranchants se font sentir au simple coup d’œil. Les laques, les rouleaux de calligraphies et les sculptures sont des merveilles d’artisanat d’art. Le musée est superbe. En sortant, nous sommes doublement chanceux : d’une part certains cerisiers ont étonnamment encore des fleurs, d’autre part Cruz et Leilani ne sont pas loin et finissent leurs repas. Cruz, qui dessine admirablement bien différents moments de ses journées, nous offre un dessin de nous dans le métro japonais. Gracias amigo ! Ensemble nous visitons le musée des arts occidentaux. Très peu d’œuvres par artiste là aussi et en plus tous les chefs d’œuvres sont pour la grande majorité dans les musées d’Europe. Le soir ils repartent à Toyama (dans l’Ouest du Japon où ils habitent), vous allez nous manquer les amis ! A la prochaine fois ailleurs sur le globe terrestre ! Pour éviter à notre tristesse de trop l’emporter, nous allons dans une salle de jeu d’arcades nous amuser un peu : jeu de danse, courses de voiture et bataille spatiale Star Wars !!! Nous rigolons bien. Le soir au coucher, ça tremble à nouveau et plusieurs fois mais pas très fort. Rien de grave, seulement notre étonnement.

         Pour notre dernier jour de visite, nous empruntons la célèbre ligne aérienne Yamanote pour rejoindre le nouveau quartier d’Odaiba. Être dans la ligne Yamanote, c’est comme être presque dans le futur. Déjà que les transports japonais font peu de secousses, là nous ne sentons rien. Nous circulons entre les grattes-ciels, au dessus des routes, de l’eau, dans un pont-tunnel, tout cela donne une impression irréelle d’être dans un parc d’attraction de l’avenir. Alors que basiquement il ne s’agit que d’un transport en commun. Mais c’est incroyable ! Le quartier d’Odaiba diffère du reste de la ville. Plus moderne, calme, les bâtiments ont des architectures très singulières (comme par exemple celui d’une chaîne de télévision avec une grosse sphère au centre). Il y a même la plage et une statue de la liberté. C’est un peu une bulle dans la grande ville tokyoïte, loin de tout et de la foule.

Yamanote

          La foule justement, nous la retrouvons à Asakusa, et dans une proportion rarement atteinte. C’est que le quartier est très prisé à la fois des japonais et des touristes. Surtout les premiers très nombreux. Après être passés sous une énorme lanterne rouge, nous nous engouffrons dans le fleuve humain Nakamise-dōr. A petit pas, entre les échoppes en tout genre (surtout des ustensiles de cuisine), nous nous laissons porter de l’autre côté où se trouve un temple et une pagode à quatre étages. Ils sont d’un rouge carmé très intense et qui tranche avec le bleu clair du ciel. Autour de nous les gens sont là pour différentes raisons, achats souvenirs, venir faire un vœu au temple, grignoter sur le pouce, ou comme nous par curiosité. Sur notre chemin, nous tombons sur une nouvelle boutique de kimono de deuxième main. A nouveau, les tentations sont immenses. La raison l’emporte, nous somme sages malgré la beauté d’un des kimono en vitrine (de toute façon bien trop cher pour nous).

           8 janvier 2018, après presque huit mois de voyage, nous allons pour la première fois prendre l’avion. Nous prenons tôt le train qui nous amène à l’aéroport. Le soleil est resplendissant à travers les nuages épais. Les dernières images du Japon se gravent dans nos souvenirs. Nous sommes silencieux, la mémoire de chacun de nous se repasse tous ces beaux moments que nous avons tant appréciés dans le pays. Le Japon fait partie de ces pays qui nous ont touchés au plus haut point. Notamment sa dimension artistique qui aura été un immense émerveillement. Le Japon n’a pas d’égal, ses beautés nous ont subjugués continuellement. Le pays du soleil levant a remplit nos cœurs de grâce et d’élégance que nous avons peine à quitter. Avec ce mélange constant des temporalités. Arrivés à l’aéroport, nos repères sont déboussolés. Nous avons oublié comment cela fonctionne. Enregistrement des bagages, nous regardons partir avec craintes nos sacs sur le tapis roulant. Il n’est pas rare que les sacs soient chargés dans une mauvaise soute… Nous croisons les doigts. Honnêtement c’est étrange de prendre l’avion, il y un demi-goût d’échec. C’est ainsi. En plus, quand nous découvrons notre avion, c’est aussi un peu la déception amusante, c’est un petit A320. Pour nous, c’est un marchoukta des airs ! Le décollage tarde un peu, nous en profitons pour réviser notre vocabulaire chinois (parlé à Taiwan). L’avion se positionne, les moteurs ronflent et nous décollons. Direction Taïwan. Par le hublot, sur la ligne d’horizon se dessine une dernière fois la silhouette des immeubles de Tokyo.

Arigato Gozaimashita Nihon !*

En vol vers Taipei (capitale de Taïwan)….

*Merci beaucoup le Japon !