Roumanie

Roumanie du 9 juin au 16 juin : Déva – Sibiu – Lac Balea – Sibiu – Timisoara

 

« Le terrain est diablement bon »

 

            Déva, le vendredi 9 juin, nous commençons par un copieux petit déjeuner composé de tartines, confitures, omelettes, concombres et tomates (inclut dans notre chambre d’hôtel pourtant peu chère). Le restaurant de l’hôtel a une jolie cour ombragée avec des cerisiers, parfait pour un petit déjeuné en terrasse. Ensuite, nous déambulons dans la ville jusqu’à la gare.

 Pour la première fois nous rentrons dans une église Orthodoxe, dont l’intérieur orné d’un grand lustre circulaire et dépourvu de bancs au centre pour s’asseoir nous étonne. Pas de sculptures, mais tous les murs sont peints. Au fond, sur une page d’un livre ouvert, le portait de la Vierge que les croyants embrassent. A la gare, nous profitons d’attendre notre train pour écrire l’article sur la Slovénie. Normalement, nous n’avons qu’un changement de train. Mais durant le trajet, on nous demande de descendre pour prendre un bus qui nous emmène trois gares plus loin pour reprendre un autre train. …le tronçon de la voie de chemin de fer est en travaux. Par la fenêtre du train nous découvrons des paysages verts et ruraux.

              Nous arrivons à Sibiu le soir et nous prenons le bus pour aller chez Alex qui nous accueille en couchsurfing. Le principe du couchsurfing est d’héberger des personnes chez soi gratuitement en échange d’être hébergé quand on voyage. Nous sommes très impatients car c’est pour nous la première fois que nous faisons du couchsurfing. Nous nous sommes récemment dits avec Aurélien que nous aurions dû héberger des personnes à Paris en couchsurfing, avant notre départ, ce qui nous aurait permis de créer des liens dans différents pays. Bon, c’est du passé, à notre retour notre canapé sera ouvert aux voyageurs du monde entier. Alex vit à l’extérieur du centre ville. Nous sommes très curieux car dans sa rue il y a un bâtiment à l’architecture très étonnante. Un mix entre une pagode et un palais indien. Nous apprendrons que c’est un des palais du roi des Roms (Sibiu est dans la capitale des Roms de Roumanie). Alex vient à notre rencontre et nous présente sa maison où il vit avec 2 autres colocataires (Robert et Darius). Ils ont un jardin que Robert a transformé en potager très complet. Le jardin est fleuri et la terrasse a beaucoup de plantes en pots. Leur maison est ronde et vitrée, d’une forme peu commune mais ce qui implique qu’il y fait très chaud dès les premiers rayons de soleil. Les présentations faites et nos sacs posés nous nous installons dans le salon (qui est une grande pièce de vie, cuisine, salle à manger salon au rez de chaussée). Juste après arrivent plusieurs personnes de notre âge qui servent la main à Alex et se présentent en même temps…nous ne comprenons pas trop qui ils sont. Son coloc Darius arrive, ce sont ses amis. Il ont prévu une soirée barbecue/film. Nous choisissons d’aller en ville avec Alex afin de voir la soirée d’ouverture du festival composée d’un concert de Fado et d’un feu d’artifice. Nous mangeons aussi notre première tartine chez don’titi, un charmant vieux monsieur comme son bar.

                    Samedi 10, nous sommes réveillés très très tôt car il fait très vite plus de 35 degrés à cause des grandes surfaces vitrées de la maison. Nous allons dans le centre ville de Sibiu et nous découvrons un tout autre visage de la Roumanie. Déjà dans le train nous avions entre aperçu de jolis villages colorés. Contrastant avec Déva qui était une ville très grise, Sibiu est une très jolie ville colorée avec un centre ville piéton. Une rue principale arbore beaucoup de terrasses. Nous avons pris des billets pour 3 spectacles aujourd’hui mais nous commençons la journée par une conférence avec Georges Banu (théoricien de théâtre) et Robert Wilson. Robert (ou Bob) Wilson, américain, est un des plus grand metteur en scène de notre temps. Aujourd’hui âgé de 75ans, il continue à faire des mises en scène dont une est présentée au festival. (Nous prendrons le temps d’écrire des articles plus détaillés sur les conférences et les spectacles du festival dans la rubrique carnet de spectacle.) Après la conférence, nous mangeons en ville puis allons au Teatrul Gong de Sibiu qui est un théâtre jeune public spécialisé dans la marionnette. La pièce que nous allons voir (Aglaja) est jouée par une compagnie roumaine. Nous sautons ensuite dans un taxi pour aller à la Frabrica de la Cultura. (lieu excentré dans une zone d’anciennes usines) voir une pièce d’une compagnie de Pékin. La pièce s’appelle : I love peachs blossom. Le dernier spectacle que nous allons voir est en plein air toujours à la Fabrique de la culture. Métamorphoses, est un spectacle roumain qui est inspiré de l’oeuvre éponyme d’Ovide (auteur de l’antiquité romain). Nous sommes heureux de découvrir des pièces très différentes et très riches. Métamorphoses nous a particulièrement plu. La scénographie est géniale et très atypique. Un grand bassin d’eau compose la scène, un vieux manteau de théâtre à l’italienne à jardin et un échafaudage à cour. Le fond de scène est composé d’une grande bâche blanche de projection, qui brûle à la fin du spectacle. Ils sont 25 dans le spectacle tous habillés avec un maillot de bain et un bonnet de bain blancs. Le soir, nous rencontrons Andra, une amie d’Alex qui est roumaine mais qui a vécu presque toute sa vie en France. Elle vit actuellement entre la France et la Roumanie car elle a reprise ses études en Roumanie.

                 Dimanche 11 juin. Après un bon brunch concocté par nos soins, nous décidons d’aller à la montagne. Alex souhaite nous faire découvrir un endroit particulièrement extraordinaire dans les Carpates. Andra nous accompagne. Après une heure de route, nous arrivons aux flancs de la montagne. Le téléphérique pour monter au lac ne fonctionne pas encore et la route est soi-disant fermée. Mais les gens y vont quand même. Après une ascension en voiture sur une route très serpentée, nous arrivons au lac Balea. C’est très joli, il y encore de la neige et une partie du lac est encore gelée. Nous allons voir le point de vue sur la vallée et la route que nous avons empruntée : époustouflante !

               Nous entrons dans le restaurant qui se situe sur une des rives du lac pour manger des bons plats roumains. Soupe de légumes, sarnalés (rouleaux de choux garnis accompagnés de polenta)et en dessert des PAPANACHES !!!! Oh oui ! Des beignets sucrés avec de la crème et de la confiture de myrtilles. C’était trop bon !

                  Après ce bon déjeuner nous nous promenons autour du lac Balea. Le soir, nous essayons d’avoir des places pour Vangelo de Pippo Delbono (un des metteurs en scène préféré d’Aurélien). Mais après une longue attente dans la bousculade, nous repartons bredouilles et très tristes. Mais pour nous remonter le moral, nous décidons d’essayer notre tente pour la première fois ! Nous la mettons sur la terrasse afin de profiter de la fraîcheur du jardin.

                 Lundi 12 juin. Après une matinée tranquille chez Alex et un déjeuner, nous allons avec Andra écouter la conférence de Georges Banu et Pippo Delbono. Ah, Pippo est un sacré personnage. La conférence est drôle et passionnante. Ensuite, nous nous promenons un peu et profitons d’un spectacle de rue d’une compagnie française. Nous retrouvons ensuite Alex pour aller manger chez Don’ titi. Au bar, je reconnais 2 personnes qui étaient dans le même free tour que nous à Budapest. Je les interpelle et les invite à se joindre à nous. Stéphanie est canadienne et Katerin est roumain. Ils vivent à Vancouver et font un voyage en Europe. Nous passons la soirée en terrasse à manger des tartines garnies de légumes et à parler de tout et de rien tous ensemble.

               Mardi 13 juin, après notre 2ème nuit dans notre tente, nous nous réveillons encore très tôt. La fatigue accumulée se fait sentir et nous choisissons pour les prochaines nuits de louer une chambre afin d’être reposés pour repartir. Nous trouvons une chambre avec cuisine pour pas cher dans le centre ville de Sibiu. Comme nous nous y déplaçons directement, sans réserver par internet, les propriétaires nous l’a propose pour encore moins chère. Nos sacs posés, nous retrouvons Andra et Alex pour manger en terrasse. Vu que cela nous a plu, nous reprenons soupe, sarmalé et papanaches ! Nous allons ensuite tous ensemble voir un spectacle de marionnette au Teatrul Gong. C’est l’histoire de Gulliver. Après une longue sieste, nous allons voir un spectacle de danse sud coréen. Et je dois dire que c’est un des meilleurs spectacle que j’ai vu. Body concert de la Ambiguous Dance Company. Mélange de danses hip-hop et contemporaine. Une énergie folle, d’une précision incroyable et d’une explosivité extraordinaire. On a adoré !!!

                  Mercredi 14 juin, après une bonne et longue nuit de sommeil, nous retrouvons Andra pour une visite de la ville. Nous montons dans le clocher de l’église protestante. Du haut, nous pouvons voir toute la ville. L’ascension est très impressionnante car elle s’effectue par un escalier en bois situé au centre du clocher et tout autour nous voyons la charpente directement. Nous entrons ensuite dans l’église orthodoxe qui est très décorée. Grâce à Andra nous en apprenons plus sur la situation de la Roumanie, sur son histoire et ses coutumes. Andra est très cultivée et passionnée par son pays. Elle est l’arrière petite fille du célèbre peintre roumain Nicolae Tonitza. Elle souhaite retrouver et réunir ses œuvres qui ont été dispersés afin de pouvoir mieux le faire connaître. Andra est pour nous une mine d’informations que nous ne cessons de questionner. Par exemple, sur la question des Roms (qui est un sujet disons tabou pour les roumains). Nous apprenons que c’est un peuple qui est parti d’Inde vers 300-500 (ils ont très peu d’écrits, leurs histoires est transmises principalement oralement). En arrivant en Europe, la Roumanie a été le seul peuple à en faire leurs esclaves. Certains ayant quand même réussis à continuer leurs routes dans le reste de l’Europe. L’esclavage des roms a duré très longtemps. Ce qui explique en partie le peu d’échanges entre roumains et roms encore aujourd’hui. D’autre part, Andra nous apprend sur le sujet de l’égalité homme/femme au travail qu’il n’y a aucuns soucis en Roumanie. C’est un héritage du communisme et de la dictature de Ceaucescu. Les femmes accèdent facilement à des postes de responsabilités (comme la puissante direction anti-corruption dirigée par Laura Kovesi). Bon par contre, pour les tâches ménagères ce n’est pas encore l’égalité. Après un déjeuner au café de Vienne, nous allons voir un spectacle de cirque à la Philarmonica de Sibiu. Human est un spectacle de la compagnie australienne Circa. Le soir, notre dernier spectacle est français et d’un grand metteur en scène : Inner Landscape de Philippe Genty. Spectacle plein de poésie et dans un univers toujours aussi étrange que dans ses autres mises en scène.

                Jeudi 15 juin, normalement nous devions quitter Sibiu mais nous choisissons de dormir une nuit de plus afin d’organiser les jours suivants. Le soir, nous retrouvons Andra pour manger notre dernier sarmalé puis Alex nous rejoint pour une dernière bière roumaine ensemble.

                       Vendredi 16 juin, nous prenons le bus à 5h30 du matin pour rejoindre Timisoara (apparemment 1ère ville d’Europe à avoir été éclairée électriquement). Nous avons quelques heures d’attentes à la gare avant de prendre un train pour Belgrade (capitale de la Serbie). Nous en profitons pour manger un repas comme les locaux assis sur le bord d’un quai hors service et Aurélien en profite pour écrire l’article sur Budapest. Nous montons dans le train (après confirmation du chauffeur que c’est le bon). A la frontière Serbe, on nous prend nos passeports. Après 1 mois de voyage nous recevons notre premier coup de tampon car nous sortons de l’espace Schengen.

            Notre court séjour en Roumanie nous a donner très envie de revenir plus longtemps, pays qui nous était méconnu. La nourriture est excellente, les villes et villages jolis, les paysages magnifiques et surtout les gens sont tellement gentils ! (On nous a souvent proposé de l’aide spontanément.) Loin des clichés véhiculés en France, les roumains sont cultivés, généreux et honnêtes. Beaucoup, surtout dans les plus jeunes, parlent très bien anglais. Des villes comme Cluj-napoca, Bucaresti, et Sibiu proposent une grande offre culturelle. La vie y est peu chère, les hôtels sont très bien, propres et jolis. Nous avons clairement eu un coup de cœur pour ce pays. Un immense merci à Alex et Andra de nous avoir fait découvrir et aimer ce beau pays. Norok ! (santé) Et comme aimait à le répéter Alex « Le terrain est diablement bon ! »