Grèce – 2ème partie

Du 19 juillet au 26 juillet – Nauplie, Mycènes, Corinthe, Athènes, Thessalonique.

 

Grèce 2ème partie : A la découverte du Péloponnèse

 

Rue de Nauplie – Nauplie Street

              Le 19 juillet, nous revoilà sur la route. 3km de marche pour aller dans le centre où nous essayons de faire du bateau stop dans l’espoir que quelqu’un nous emmènerait sur une île. Peine perdue, notre requête aux quelques voiliers du port est accueillie plus que froidement. Nous sommes quelque peu renvoyés dans nos cordes (blague d’Aurélien, vous aurez reconnu ;D). Alors oui, nous revoilà sur la route avec notre pancarte. Nous avons décidé d’aller à Mycènes. Nous nous plaçons à la sortie de la ville mais un chien ne s’arrêtant pas d’aboyer nous contraint d’aller plus loin. Nous avançons sous un soleil de plomb avec peu de voitures. Malgré tout, une petite C1 s’arrête : un couple d’espagnols en vacances. Maïté et Gorge sont de Malaga (comme notre amie Monica à Paris), ils ont la cinquantaine. Notre projet les stupéfaits, plusieurs fois ils redemandent à voir notre carte pour essayer d’y croire. Nous nous en amusons en espagnol et français. Ils nous déposent à 15km d’où ils nous ont pris, là où nos routes se séparent. Nous descendons à un rond-point pour être sur la bonne route. Nous n’attendons pas longtemps et une voiture avec un couple de trentenaire nous prend. Nous engageons la conversation. Bill et Klaouis sont techniciens du spectacle notamment ingénieur son ! Haha ! Des collègues grecs ! Nous qui nous disions que le travail nous manquait un peu. Ils travaillent l’été au festival d’Epidaure et en profitent pour se balader. Ils vont à Nauplie et nous disent qu’il nous faut absolument visiter la ville. Nous décidons de nous y arrêter pour l’après-midi. Mycènes n’est plus qu’à 30km. Nauplie est l’ancienne capitale grecque. Elle se situe sur la côte et allie un très beau centre historique, la mer et une forteresse en haut de la montagne. Beaucoup d’atouts qui en font une magnifique ville. Bill et Klaouis sont adorables, nous nous entendons vraiment bien. Ils nous déposent près du centre historique. Après un bon repas grec sous des arbres en fleurs, nous flânons au hasard des rues. Elles se croisent perpendiculairement, piétonnes, le temps y ralentit. Nous trouvons ensuite la gare routière. Il y a un bus qui s’arrête à 3km de Mycène à 17h et c’est 2,5€. Alors nous décidons de poser nos sacs et de monter au point de vue de la forteresse avant de prendre le bus. Il est 16h, nous grimpons rapidement, en quinze-vingt minutes ! C’est assez difficile et il fait chaud mais ça vaut le coup, la vue est époustouflante. Nous redescendons aussi rapidement. En bas, nous lisons un panneau comme quoi il y aurait 999 marches…On ne sait pas si c’est vrai. Nous récupérons nos sacs et montons dans le bus qui nous dépose sur la route pas loin de Mycènes. Nous marchons les 3km pour arriver au camping Atreus.

              Nous découvrons que mise à part une tente 2s du célèbre équipementier français à fond la forme, nous sommes seuls. Nous avons le choix pour l’emplacement. Après avoir monté notre tente, je vais me baigner. La vue est magnifique sur les montagnes avec le soleil qui décline et j’ai la piscine pour moi toute seule. Un vrai délice. Le camping fait aussi restaurant. 5 plats au choix, cuisine de mamie et maman pendant que la fille fait le service. Et c’est délicieux ! Le meilleur repas grec que nous ayons eu à manger et sûrement un des meilleurs depuis le début du voyage ! Un régal ! La salade est divine, l’huile d’olive un élixir de jouvence pour Aurélien. Nous commençons à adorer cet endroit. De plus, la nuit est fraîche, parfait pour bien dormir dans notre tente.

Tombe de Clytemnestre – Tomb of Clytemnester

              20 juillet, après une douce nuit calme et reposante, nous nous préparons pour aller voir le site archéologique de Mycènes. Mais en rangeant ses affaires Aurélien se fait mal au dos. Heureusement, il n’est pas bloqué. Nous maintenons la visite. Nous empruntons la route, il y a une bonne vingtaine de minutes de marche en montée. Parfait pour se mettre en jambe, et donner de petites décharges électriques sympathiques à Aurélien. Mais il insiste, il préfère cela au repos. Nous traversons le village complètement vide. Nous nous interrogeons pourquoi il n’y a personne. Il y a pas mal de restaurants, tous vides, notre camping est vide. Pourtant le lieu est touristique. Nous ne comprenons pas pourquoi alors que les campings à Epidaure sont pleins et beaucoup moins agréables. La mer certainement. Sur ces questions, nous arrivons au site archéologique. Il faut savoir que la civilisation Mycènes est très ancienne et a prospéré de 1 600 et 1 100 av. J.-C. Elle est connue pour sa grande prouesse en art et sa spiritualité développée. Sur le site de Mycènes on peut encore voir la porte des Lionnes qui marque l’entrée dans la ville. C’est le plus vieux monument sculpté encore debout en Europe. Bon les lionnes ont quand même perdu leurs têtes, mais les corps sont encore là. Sur le site on découvre un grand cercle contenant des tombeaux, des ruines des différentes parties de la ville (palais, quartier des artisans…). On remonte la ville le long d’un chemin serpentant. De l’autre côté de la cité, on peut aussi descendre dans une citerne creusée dans le sous-sol (prenez de quoi vous éclairer, il n’y a pas de lumière). Mais ce qui nous a le plus marqué ce sont les tombeaux de Clytemnestre et d’Agamemnon. Celui d’Agamemnon aussi appelé trésor d’Astré est encore entier. On y entre par un grand couloir à ciel ouvert et une porte monumentale. Le tombeau est sous une colline. On est bluffé de voir cette architecture de 3500 ans toujours debout. Les blocs ont été taillés précisément pour créer un mur circulaire qui s’y se referme en dôme. La pression de la terre sur l’ensemble n’a pas fait chuter l’ensemble. Seul les trésors, volés par les premiers explorateurs, manquent.

                    Après toutes ces découvertes nous rentrons au camping manger la meilleure salade grecque de Grèce. Bien installés à l’ombre des arbres, nous prenons le temps de faire un monopoly en grec. (Vu qu’on ne sait pas lire l’alphabet grec, on est un peu obligé d’inventer quand on tombe sur une carte chance). Ça nous amuse bien et ça repose le dos d’Aurélien. Le soir, nous n’hésitons pas une seconde, nous remangeons au restaurant du camping. Quelques campings cars sont arrivés mais ça reste vide. Nous mangeons une salade grecque et une moussaka. Classiques mais tellement bons ! Nous félicitons les cuisinières qui nous régalent ! Et surprise, on nous sert gratuitement de généreux quartiers d’une délicieuse pastèque !

                 Le 21 juillet, nous nous décidons à rester une nuit de plus tellement nous aimons cet endroit. Muni d’un café frappé (là aussi le meilleur que l’on aura bu durant notre séjour en Grèce) qui est la boisson nationale, nous organisons la suite de notre voyage . C’est le moment d’enclencher les procédures d’obtention des visas des futurs pays traversés. Notamment ceux d’Asie centrale qui s’avèrent compliqués à obtenir pour certain. L’Europe c’est super mais ça donne des mauvaises habitudes car il n’y a pas besoin de visas pour traverser les pays de l’Union. Dans notre liste, il y en a un que nous avions oublié de prendre les informations. Nous nous attelons à un des visas les plus compliqués à obtenir : le visa russe. Bien que nous ne prenions le transsibérien que dans un peu plus de 3 mois, il nous faut anticiper. Et ce n’est pas gagné. On se met en quête d’informations, sans être en France pour notre demande cela semble compliqué. Nous requerrons les très bons conseils de l’agence Russie autrement. Nous leurs posons de nombreuses questions auxquelles ils répondent efficacement. Nous avons un plan, faire notre demande de visa russe à Sofia, en Bulgarie. Le pays entretient de très bonnes relations avec la Russie. D’autre part en tant que ressortissant européen nous pouvons y faire notre demande apparemment. Nous demandons nos lettres d’invitations à Russie autrement (dont une nous est offerte car nous parlons de leurs services, échange de bons procédés) afin de constituer notre dossier. Ensuite on s’attaque à celui de l’Iran, dont nous demandons les lettres d’invitations (alias les références number ) à Key2persia. C’est payant aussi, mais ils répondent clairement et rapidement. Par exemple nous leur avons demandé si j’avais besoin de porter le voile (port obligatoire dans le pays) sur la photo du visa, ils nous ont répondu que non. Nous devons attendre une dizaine de jours travaillés pour les lettres. Cela nous prend la journée de rassembler les informations nécessaires et d’organiser l’ordre de demande de nos visas. Après une bonne baignade, nous mangeons notre dernier repas dans le meilleur camping de Grèce !

                  Le lendemain, nous disons au revoir à notre petit coin de paradis. Notre but est de rejoindre Thessalonique à 600km en stop pour ensuite aller en Bulgarie. Nous nous donnons deux jours, sans étapes précises, à l’aventure ! Nous marchons jusqu’au village mais un pickup s’arrête, le papy et sa petite fille nous propose de nous y déposer. Nous sautons dans la remorque. Cinq minutes plus tard, nous voilà avec notre ardoise : Corinthe en place. Hélas, presque personne et les seules voitures ne viennent que pour faire une course en ville et repartir chez elles. Les personnes que nous croisons le plus sont en mobylette digne d’une brocante vintage. Nous attendons quelques temps et décidons de revenir plus près du camping où une grande route passe. 3Km inverse de marche plus tard, nous n’attendons pas longtemps quand une voiture se gare sur le coté. Un homme âgé en descend pour nous aider à mettre nos sacs dans le coffre qui contient déjà un fusil de chasse. Pita a 72 ans, c’est pour cela qu’il ne s’est pas trop méfié. Il va à Corinthe pour un repas de famille, mais on ne comprend pas grand chose quand il nous parle avec sa voix chevrotante à cause du bruit du vent par les fenêtres ouvertes. On a compris qu’il préférait prendre la petite route plutôt que l’autoroute. Heureusement pour nous car il roule à 60km, voir moins, on préfère qu’il prenne la petite route à ce rythme là. Il allume quelques cigarettes en tremblotant. Il nous dépose dans le centre ville, nous en profitons pour manger un sandwich. Nous mettons ensuite : canal de Corinthe sur notre pancarte. Celui-ci n’est qu’à 6km, et on souhaite le voir de plus près. Un homme d’environ 50ans s’arrête. Nous ne comprenons pas très bien son prénom, mais l’homme a un grand cœur et une grande sensibilité. Il nous parle des difficultés de la situation actuelle. Le canal n’est pas sur sa route, mais ça lui fait plaisir de faire le détour pour nous. Merci de ce petit geste qui signifie tant. Vraiment très gentil. Le canal de Corinthe coupe l’isthme de part en part. Une cicatrice bleue sépare la Grèce du nord et et du sud. Reliant ainsi la mer Ionienne à la mer Égée. C’est très impressionnant par la hauteur : la tranchée fait jusqu’à 63m.

              Après une traversée à pied du pont, nous allons nous placer près d’une station essence avec le panneau Athènes. Alex et son oncle Sokratis nous prennent. Ils sont albanais, on retrouve la sympathie des gens de ce pays. Alex parle bien anglais, il vit à Londres. On discute de pas mal de sujets différents, il est très curieux et intéressant. On en vient même à parler du désastre de Marine le Pen au second tour. Plus amusant, son entourage lui a toujours fait croire que les portugaises étaient toutes blondes, nous rigolons quand Aurélien lui révèle la vérité. Il aime voyager et a fait plusieurs longs voyages en vélo. Ils vont dans le centre d’Athènes. Nous leurs demandons de nous laisser à une station essence pour pouvoir continuer vers le nord. Ils nous déposent en banlieue d’Athènes croyant bien faire car c’est plus proche des bus. Hélas pour nous, nous sommes bien trop dans la ville pour trouver une voiture qui aille à Lamia (grande ville suivante). Qui en plus est une ville sans intérêt selon les grecs. Nous sommes à 4kms d’un grand croisement, nous marchons afin de nous mettre dans la bonne direction. Une fois sur l’axe, nous constatons que c’est le périphérique et qu’il nous est impossible de nous placer là, les voitures roulent trop vite. Nous réfléchissons. Nous ne sommes pas loin de la gare routière d’où nous étions partis pour Epidaure. Nous allons nous renseigner au cas où il y aurait un bus pour Lamia ou une autre ville sur notre chemin. 2 kms plus loin, une fois sur place, nous apprenons que les bus pour Lamia partent d’une autre gare routière située à 2,5km encore plus loin. Alors on tente tant bien que mal le stop, mais les voitures passent sans intérêt. La fatigue se ressent entre nous. Nous décidons d’aller à l’autre gare. Arrivés, nous apprenons qu’il y a bien un bus, mais le prix nous arrête. De plus, il part à 22h30, ce qui nous fait arriver tard pour trouver un endroit où dormir (sachant qu’il ne reste que des hôtels hors de notre budget). Rincés par notre longue journée, nous ne savons pas trop quoi faire. Aurélien, prend les choses en main et nous trouve un hôtel pas trop cher à Athènes. 30 minutes de marche plus tard, nous sommes accueillis avec deux verres de Raki (eau de vie grec) et le sourire des propriétaires. Encore trois étages. Après ce dernier effort, nous sommes heureux de pouvoir nous coucher dans un bon lit confortable et propre. Nous nous écroulons de fatigue.

              Le 23 juillet, nous reprenons la route frais comme des gardons. Nous commençons par un petit-déjeuner anglais complet afin de compenser nos très légers repas de la veille et de partir pour nos heures de stop les ventres pleins. Ensuite, suivant les conseils du précieux hitchiwiki.org (la bible de l’autostoppeur), nous prenons le métro jusqu’à la fin de la ligne puis un bus. Nous nous plaçons à 200 m de la bretelle d’autoroute qui va dans notre direction. Nous attendons longtemps. Sous nos épaisses semelles de chaussures de randonnées, nous sentons l’asphalte plus que brûlante. Aucunes voitures ne s’arrêtent. Plus bas un homme maquillé en charlot fait la manche. Pour la première fois, un homme nous propose de nous amener où nous voulons contre de l’argent. Nous refusons. En face de nous, plusieurs fois, Alexander le dépanneur d’astreinte de Mondial Assistance vient nous voir. Il entame la conversation, souhaite nous aider, nous propose de nous acheter quelque chose à manger. Il est vraiment très gentil mais il n’a qu’une place (tout l’arrière de son véhicule est rempli de matériel de dépannage). Vers la fin de sa journée, il nous fait signe. Nous trouvons des places pour les sacs derrière, devant nous nous mettons tous les 2 sur le siège passager. Il nous offre la meilleure aide qui puisse, il nous emmène plus loin sur la route nationale, dans la direction que nous souhaitons. Aurélien me taquine, nous sommes montés dans un 4×4 neuf allemand, mais cela ne compte pas vraiment. Cinq minutes plus tard, deux jeunes en Smart. Après le 4×4, Manos et Takis nous prennent avec le plus petit véhicule. Ils nous déposent à coté de la gare de péage de l’autoroute. Tout heureux et optimistes nous brandissons notre pancarte Thessalonique (en grec). Si des personnes vont aussi loin (environ 500km), elles prennent sûrement l’autoroute. Pourtant, personne ne s’arrête. Si, une voiture ! Tous contents, nous nous dépêchons d’aller à la rencontre… fausse alerte, le couple à l’intérieur s’embrasse goulûment sans nous prêter attention. De plus, un agent d’autoroute vient vers nous et nous tend un téléphone. La personne au bout du fil, nous dit que nous devons partir. Nous demandons si c’est interdit de faire du stop sur l’autoroute. Non, c’est pour notre sécurité (a-t-il vu tous les conducteurs de scooters sans casques qui s’engagent sur l’autoroute à pleine vitesse?)… Le truc c’est que nous nous sommes mis bien sur le coté, suffisamment loin des voitures pour que cela ne soit pas dangereux. En gros, il veut juste que l’on s’en aille. Bien, merci et au revoir.

             Nous retournons sur la route nationale. Un pick-up s’arrête. Panayotis (environ la quarantaine) nous propose de nous emmener. Il emprunte l’ancienne route, qui nous éloigne de notre itinéraire mais nous avance d’environ 150km. Alors qu’Aurélien est dans la cabine avec lui a discuter, je suis à l’arrière dans la remorque les cheveux au vent.

               Il nous dépose à un croisement avec la route nationale, là où nos routes se séparent… Au milieu de nulle part. Juste les routes et la nature. Nous mettons notre pancarte et attendons longtemps. C’est compliqué pour se placer, notre eau est chaude. Un gentil monsieur nous avance de 30km, mais c’est encore plus perdu. En guise de décor une station-essence hors-service, une maison en ruine et un rond-point sans voitures. Nous attendons encore longtemps, le soleil commence à décroître et nous n’avons plus qu’un tout petit peu d’eau chaude. Nous avons le strict minimum toute la journée. Nous avons très soif. Le peu de voiture qui passe nous ignore. J’arrive à créer un contact avec une dame par la fenêtre ouverte. Je lui demande si elle peut juste nous déposer dans le prochain village pour que nous achetions de l’eau. Elle accepte. Elle nous dépose au croisement avec une petite route et nous dit qu’il faudra demander aux gens car il n’y a pas de supérette. Nous lui demandons comment on dit eau avant de la quitter. Nous marchons jusqu’au hameau. Nous croisons un vieux monsieur sans dents à bicyclette et lui demandons en grec de l’eau. Il nous sourit et nous indique l’église. Nous cherchons autour mais nous ne trouvons pas de point d’eau. Nous rebroussons chemin et demandons à une famille que nous avions vu installée dehors. La grand-mère prend nos gourdes pour nous les rapporter pleines d’eau fraîche. Le couple d’environ notre âge parle bien anglais. Nous leur expliquons ce qu’on fait là. L’homme nous dit qu’il faut encore marcher jusqu’à Kato Tithorea et que de là nous retrouverons la grande route qui va vers le nord. Et aussi qu’il y a une gare avec le train qui va à Thessalonique. Il nous dit que c’est à 5km. Mais sa copine nous dit plutôt 8km. Nous les remercions infiniment pour l’eau et repartons. Nous buvons la gourde de 2 litres en quelques secondes. Il n’y a pas plus grande joie que de sentir la fraîche couler dans nos bouches. Aurélien ne peut s’empêcher de penser à Sonia et Alexandre Poussin pendant leur incroyable aventure d’Africa Trek (dont on vous recommande la lecture et le visionnage).

                   Nous sommes prêts pour repartir. Nous marchons un peu moins d’une heure et arrivons à un village. Il y a des hommes assis devant un étalage de fruits et légumes. Nous leurs demandons si nous sommes arrivés à Kato Tithorea. Non, nous sommes au village d’avant. Nous leurs expliquons notre voyage, l’un d’eux parle bien anglais. Il nous dit avoir déjà hébergé un français qui faisait un voyage comme ça. Et qu’il n’a pas eu de merci alors qu’il l’a aidé (hébergement de trois jours et transport). Il est amer, nous comprenons que nous n’aurons pas ce genre d’aide ce soir. Le marchand de fruits nous offre 3 pêches. Pendant ce temps, la nuit s’est bien installée. Ils nous disent que le train de Thessalonique passe à 2h. Ce qui recoupe l’information que nous possédions, le train partait à minuit d’Athènes, il est logique qu’il passe par ici 2h plus tard. Nous traversons le village. Il fait nuit noir, impossible de continuer le stop. Cela fait déjà peur aux gens le jour alors la nuit n’en parlons même pas. Il y a une station essence à la sortie du village, nous demandons à une femme si elle va à Kato Tithorea. Elle accepte de nous emmener dans sa petite voiture. Elle ne parle pas anglais, son fils de 10 ans lui traduit que l’on veut aller à la gare. Elle nous dit « Albania », nous la remercions en albanais (merci le passage au Kosovo). Elle nous dépose à la gare avec plaisir. Nous la remercions chaleureusement car ces quelques kilomètres auraient été dangereux si nous avions dû marcher le long de la route dans la nuit. Il est 22h30, l’endroit est désert. Nous passons le temps en mangeant des chips et des gâteaux pour repas, au kiosque du village. Des migrants sortis de la nuit s’achètent des canettes de coca. Il ferme à minuit, nous allons nous installer dans la gare. Celle-ci est complètement en travaux. Pas de banc. Aurélien s ‘installe sur les marches, pour ma part, je déplie notre bâche et m’offre une petite sieste. 1h50, le train arrive. Nous montons dans un train plein à ras bords. Les gens essaient de dormir malgré la lumière vive et criarde. C’est impossible. Nous cherchons un contrôleur afin d’acheter nos billets. Nous sommes trop honnêtes. Nous aurions sûrement pu faire le trajet sans titre de transport car il n’y a pas forcément de contrôles. D’autant que de nombreux migrants sont aussi dans le train et le contrôleur ne regarde pas si les passagers ont des billets. Nous essayons de dormir tant bien que mal.

               Le 24 juillet, à 6h30 du matin, nous voilà enfin à Thessalonique après 2 jours et une nuit de voyage. Nous n’avons rien réservé. Nous trouvons un hôtel pas trop cher. C’est assez amusant, c’est un ancien bâtiment qui devait être luxueux à une autre époque mais maintenant qui est un peu décrépi. Ça a un certain charme. Nous nous couchons heureux d’être arrivés. Après une courte nuit, nous passons le reste de la journée dans notre grande chambre défraîchie. Et enchaînons avec une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, nous visitons Thessalonique. La ville n’a rien d’exceptionnel. C’est une très grande ville balnéaire qui nous fait penser à une ville de la coté méditerranéenne. Quelque chose entre Barcelone et Milan avec la sauce grecque. Beaucoup de magasins, dans toutes les rues pour tous les budgets. Nous en profitons pour flâner. La vie économique à l’air de mieux se porter que dans le reste du pays. Nous avons constaté les ravages de la crise économique et de la politique d’austérité infligée à la Grèce. A Athènes, comme ailleurs, les gens nous ont dit la difficulté de trouver un travail, les salaires sont très bas et la corruption très présente en politique. Notamment avec l’église qui est très présente dans les décisions gouvernementales. Pourtant le pays a beaucoup à offrir. Une culture et une histoire profonde et essentielle. Des gens d’une gentillesse incroyable. Et niveau d’éducation élevé. Nous étions tristes de voir autant de personnes devoir vendre leurs productions artisanales dans la rue alors qu’ils ont du talent et d’autres essayer de gagner de l’argent en chantant alors qu’ils ont des diplômes supérieurs pour exercer des emplois qualifiés. Les ravages du capitalisme et de la politique des banques… Nous espérons que l’avenir apportera des solutions plus justes et plus équitables pour redonner de l’espoir à ce pays magnifique. Pour le moment, nous vous encourageons à y aller pour les vacances, vous ne serez pas déçus ! Magnifiques paysages, accueil merveilleux, nourriture excellente… Un coup de cœur pour nous.

              Nous reprenons la route le 25 juillet avec pour objectif de dormir à Sofia le soir même. La capitale de la Bulgarie est à 300km, nous devrions y arriver. Nous prenons un bus pour sortir de la ville hélas, nous ne savons pas trop où nous atterrissons. Manque de chance, il fait lourd sans vent. Nous rejoignons à pied le périphérique. Nous mettons notre pancarte Serres, grande ville avant la frontière. Nous attendons longtemps. Nous ne sommes pas du bon côté de la ville. Nous nous décidons à aller ailleurs quand un petit 4×4 s’arrête. Jhyroll, environ la trentaine nous ouvre le coffre afin de mettre nos sacs à dos. Il nous invite à monter. Je signale à Aurélien qu’ils ont une petite fille, il me répond deux. Nous découvrons que la voiture est déjà bien pleine avec sa femme et ses deux filles donc. Je monte derrière avec Cécilia qui prend une de ses filles sur les genoux. A 4 derrière, on est un peu serrés mais nous sommes contents qu’ils se soient arrêtes. Ils vont visiter la famille de Jhyroll qui est mi-philippin, mi-grec. Cécilia vient des philippines, elle insiste pour que durant notre voyage nous passions aux philippines dont elle nous dit être le plus bel endroit sur terre. Jhyroll est travaille comme transporteur militaire, Cécilia est femme au foyer. Un peu cliché mais leur famille respire le bonheur. C’est amusant car Jhyroll répond à la question d’Aurélien pourquoi il s’est arrêté, il nous dit qu’il ne sait pas pourquoi car il ne fait jamais ça. Surtout pas avec sa famille. Il nous dit que honnêtement il pense que c’est dangereux de prendre comme ça des inconnus sur le bord de la route. Mais cette fois là il s’est arrêté. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne regrette pas car il nous trouve sympathiques ! Et nous nous amusons avec eux, rêvant des Philippines. Hélas, pour nous, la dernière station essence avant leur sortie est passée. Nous leur demandons de nous déposer à la sortie de l’autoroute, avant l’entrée de Serres. Le fait d’avoir manqué la station essence, on se prend la tête, car nous savons l’importance de nous y arrêter pour continuer facilement la route. La situation confirme notre expérience. Nous mettons quand même notre pancarte Kutela (la ville frontière bulgare). La première voiture qui passe et s’arrête, mais pour nous dire en grec que nous ne sommes pas au bon endroit. Mais nous ne savons pas par où aller, nous sommes seuls et il fait très chaud. Nous commençons à marcher mais un bus passe, nous lui demandons de nous déposer à l’embranchement pour aller dans la direction de la Bulgarie. Il est 15h, rien pour acheter à manger. En plus les feutres Véléda ne veulent plus fonctionner. Nous dessinons alors le drapeau bulgare au stylo. Nous insistons. De là, après 40 bonnes minutes d’attente en plein soleil, un camion s’arrête. Notre second camion ! Tout heureux, nous mettons nos sacs dans la cabine et montons au coté d’Alexander, direction la Bulgarie. Youpi !!!