Théâtre et marionnettes – France
Festival international de théâtre de Sibiu – Mercredi 14 juin – Fabrica de la Cultura
Mise en scène par Philippe Genty – Chorégraphie Mary Underwood
Commençons par vous présenter Philippe Genty pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’assister à un de ses spectacles. Grand monsieur de 79ans qui a dédié sa vie à la marionnette. Jeune, il avait traversé 47 pays en 2CV pour faire un documentaire sur la marionnette à travers le monde, avec une bourse de l’UNESCO. Il a ensuite fondé sa compagnie en 1968 et a créé beaucoup de spectacles mêlant marionnettes, théâtre, musique, chant et danse. Ses spectacles ont une esthétique singulière. Univers onirique, de rêverie et poétique, peuplé de marionnettes et de créatures de différentes formes. Souvent critique sur la nature humaine mais à travers un univers parallèle.
C’est encore son auteur qui en parle le mieux:
« D’images en spectres, de rêveries en métaphores, de loufoque en potache, Paysages intérieurs est une correspondance. Celle de cet homme qui, par les images, marionnettes, danses et musiques nous livre quelques images de son voyage intérieur. Celle d’un monde où se confondent le sublime, le terrifiant, le poétique plastique, glouton, euphorique, halluciné, l’hyperesthésie, l’hypermnésie, l’hypersomnie…, et tant d’autres “hyper ” qui résonnent comme des vers de Baudelaire.»
«Comme de longs échos qui de loin se confondent,
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.»
Il est assez difficile de parler d’un spectacle de Philippe Genty. Le mieux est de le vivre et nous vous conseillons fortement d’aller voir ses spectacles qui sont des expériences uniques. Paysages intérieurs est le rêve éveillé d’un homme qui plonge dans son subconscient, découvrant à chaque nouvelle étape un nouveau paysage.
Un homme seul, assis sur une chaise avec un tableau de nature morte pour seule décoration. Il s’enferme avec des grilles afin de se protéger du monde extérieur. Plus il essaie de les refermer, plus les parois s’écroulent et la cage diminue. Jusqu’à finir minuscule. Il ne peut même plus accrocher son tableau. Plus nous avons peur du monde extérieur, plus nous recherchons la sécurité plus nous sommes isolés et prisonniers de nos propres peurs. La cage finit par lui tomber dessus et l’assommer. Il s’évanouit.
Quand il se réveille, il a une clef avec un point d’interrogation. Une porte s’illumine en hauteur, dans le noir. Il se retrouve à grimper un escalier lumineux et qui semble ne tenir sur aucune structure visible. Il doit le retourner à chaque fois qu’il arrive en haut car il est trop court pour atteindre en une seule montée la porte. Il passe la porte et… se retrouve dans une autre monde. Toute la scène s’illumine, on découvre un grand espace bleu. Son esprit ? Ses souvenirs ? Monde imaginaire ? Un mélange de tout cela! Et là vous entrez dans le monde de Genty ou plutôt vous tombez dedans comme le personnage sur scène. Un monde merveilleux, étrange, peuplé de créatures étranges. Le personnage revit des souvenirs du passé. Rencontre un autre homme tête rasée comme lui (son alter-égo?), une femme surdimensionnée, des créatures extraordinaires…
L’univers associe des projections en fonds de scène et l’utilisation de grands draps au sol qui donnent différents volumes. Les personnages y disparaissent et reviennent à travers des trous dans ceux-ci. Les couleurs changent avec l’enchaînement des séquences. Philippe Genty vous entraîne dans une succession d’univers métaphoriques, incroyables et captivants. Avec les questions sous-jacentes, qui sommes-nous réellement et l’inconnu voyage lorsqu’on rencontre un autre.