Du 30/08/2018 au 04/02/2019 – Australie : Sydney
Sédentarité en hémisphère sud
Notre première partie du voyage De soie et de scène nous a comblé de joies. Nous prenons progressivement la mesure de ces kilomètres parcourus, de ces jours écoulés, de ces saisons traversées, de ces visages rencontrés. Initialement, nous pensions arriver en Australie depuis l’Indonésie ou le Timor de l’Est, finalement nous y atterrissons depuis Singapour après une escale de quelques mois de pause en France. Acquérir un très bon niveau d’anglais est un des rares objectifs que nous nous sommes fixés, alors nous choisissons de nous établir pour un temps en Australie.
D’abord un petit retour en arrière. En Thaïlande nous avions décidé de finalement rentrer en France pour l’été afin de nous reposer auprès de nos proches. De soie et de scène était une aventure merveilleuse et énergivore. L’itinérance nous ravit, nous y éprouvons même une seconde nature. Après plus d’une année à parcourir les routes, nos corps réclamaient du repos. Alors nous sommes rentrés. A notre retour, la première surprise des premiers jours a été le miroir, comme si l’espace d’une année nos visages étaient marqués des milliers de kilomètres parcourus. Dans le rythme du voyage nous ne l’avions pas constaté. Là, impossible de nier que nous tournons précocement la page de la vingtaine. Des rides souvenirs. Le bel été nous a permis 
de nous ressourcer, de savourer ces moments simples et heureux avec nos proches. C’était la bonne décision. Maintenant, nous devions choisir la suite du voyage, reprendre depuis Bangkok ou partir directement en Australie ? Comme souvent, nous en discutons plusieurs fois avant de prendre une décision. Notre préparation du voyage avait été mûrement réfléchie pour sa durée, sans nous fixer de contraintes prohibitives, mais avec une cohérence d’ensemble. Repartir en Thaïlande, descendre ensuite la Malaisie, l’Indonésie et le Timor de l’Est nous ferait arriver à la fin de l’été australien (période aisée pour travailler). De même, nous arriverions ensuite en plein été en France, la moins bonne période pour renouer les contacts pour travailler. Concrètement, les trois mois passés en France étaient ceux correspondant aux quatre pays précédemment cités. Si notre désir de les découvrir est grand, nous conservons un certain pragmatisme car il s’agit aussi dès à présent d’envisager notre retour.
Ce faisant, nous prenons la décision de partir directement en Australie. Pendant l’été nous révisons nos bases d’anglais, nous retrouvons de la fraîcheur physique. Cette fois notre ville de départ est Toulouse. Plus précisément Blagnac, la ville où Aurélien a grandi. Il n’habitait pas si loin de l’aéroport d’ailleurs, sans que cela ait fait naître un quelconque souhait de voyage (par contre les livres…), mais est-ce que le petit Aurélien aurait cru un jour venir dans cet aéroport pour continuer une des plus belles aventures de sa vie ? Assurément non. Une partie de sa famille nous accompagne, cela lui rappelle inopinément le départ pour le Canada, premier grand voyage de milliers de kilomètres.
Notre première escale est à Berlin que nous n’avions jamais visité. Une petite journée pour découvrir la capitale allemande, le mur qui séparait la ville, le Bundestag, l’ambiance des rues. Aussi, c’est le cadre parfait pour nous offrir une bière pour fêter le retour à De soie et de scène, accompagné du plat national Kurry Wurtz (saucisse au curry) ! Ensuite, nous quittons les nuages berlinois pour pour atterrir à Singapour, véritable carrefour aéroportuaire de l’Asie. La nuit noire fait encore plus ressortir la forte urbanisation de la cité Etat. A l’aéroport, nous patientons plusieurs heures pour notre correspondance, puis nous réembarquons dans un nouveau vol vers Sydney. Nous qui avions évité l’avion autant que faire ce peu jusque-là, nous voilà avec double rations ! Enfin nous voilà au-dessus de l’Australie, la côte Est de la plus grande île du monde se dessine sous nos yeux. Et Sydney. Nous ne savons pas encore si nous y resterons ou irons ailleurs. Après deux jours et demi de voyage seulement, nous sommes présentement à l’autre bout du globe.
Debout devant le tapis roulant des bagages, nos sacs finissent par apparaître. Le passage frontière se limite à quelques questions sur une borne électronique si simple que cela paraît suspect. Rien en fait, nous sommes officiellement sur le territoire australien. Pour rejoindre le centre de la ville, nous prenons le train. Les 17$ dollars nous surprennent, mais il s’agit d’une part de dollars australiens (avec un taux plus faible que l’américain), puis nous ne sommes plus habitués à faire les conversions. Destination King Cross, le quartier de nombreuses auberges de jeunesse, là où aussi elles étaient un peu moins cher. En sortant du train, la nuit a ombragé le ciel. De nos cocons en France aux rues de King Cross, le choc est aussi béant que la distance qui sépare les deux. Les rues transpirent le glauque occidental mal dissimulé, le beat sonore des bars 
résonne dans la rue, faisant un bruit de fond aux cris de nombreux groupes qui ont forcé sur la boisson ou autre. Devant chaque établissement, des jeunes femmes légèrement vêtues rabattent les passants. Les déchets se promènent sur les trottoirs. Il nous semble deviner de la prostitution, mais la fatigue nous presse à trouver l’auberge de jeunesse. Loin du havre de paix escompté, son entrée est située dans une de ces rues. A l’accueil il y a une incompréhension, il nous faut payer plus. Quand nous découvrons le dortoir, du moins de ce qui reste d’un dortoir, notre volonté semble définitivement faire demi-tour pour la France. Pourtant nous en avons écumé, du fin fond de l’Ouzbékistan sans douche, à la maison de travailleurs en Russie, au « garage » en Iran. Mais là, nous avons l’impression d’avoir en face de nous la pire auberge de tout le voyage. Déjà que l’espace est réduit, celui-ci a disparu sous d’innombrables piles de vêtements, autres affaires de beauté et valises mal rangées. Sans oublier que nous sommes dans un pays anglosaxon, ce qui signifie une climatisation froide dans la pièce. Rajoutons la disparité des parfums de mauvais goûts, le lit à peu près confortable, les douches peu ragoutantes. Heureusement que nous nous sommes reposés en France.
Les rues ne nous inspirent que très peu confiance, c’est peut-être la première fois que nous éprouvons ce sentiment du voyage. A un traiteur asiatique, nous achetons de quoi manger. Dans un des espaces communs, nous constatons vite qu’il va falloir nous habituer au son. Les gens parlent fort sur fond musical permanent. Vraiment, ce premier soir, l’envie de fuir Sydney nous mord les orteils. Toutefois, nous essayons de relativiser. Accordons à Sydney, ville qui attire tant de pvtistes (personnes réalisant un Visa Vacance Travail, celui dont nous avons, qui permet à un-e français-e de moins de 30ans de travailler une année en Australie), c’est qu’il y a des raisons. Un peu de patience. Avant de nous coucher, nous rencontrons un sympathique français, un des rares avec son espace rangé. Il travaille dans la restauration, il nous explique comment cela fonctionne ici. Notamment qu’il y a de nombreuses personnes qui travaillent comme lui, vivent ainsi en auberge de jeunesse quelques semaines et repartent ailleurs. Comment font-ils pour se reposer dans ce capharnaüm ? Lui-même est en instance de départ de Sydney, il en a marre de son travail où il se sent exploité, à moitié payé au noir. Il nous conseille de chercher un travail dans la construction qui paye mieux.
A minuit, nous pouvons enfin éteindre la lumière au son des boum-boums qui cognent contre la fenêtre. Il y a aussi les voix des femmes tentant d’attirer les passants aux entrées des bars. Morphée parvient à se faufiler malgré tout dans ce bazar pour nous embarquer dans le sommeil. Trois heures du matin, Morphée disparaît à la vitesse de la lumière, deux allemandes complètement éméchées ont allumé la lumière de la chambre. Parlant aussi fort que si elles étaient accoudées au plomb d’un comptoir, elles se changent complètement sans aucunes gênes, se remaquillent (enfin si nous pouvons appeler cela du maquillage), plusieurs coups de parfums. Une vingtaine de minutes durant… Morphée hésite à revenir. Demain cela ira mieux. Du moins, c’était l’espoir jusqu’à cinq heures du matin. Retour de nos voisines, même comédie. Cette fois nous faisons honneur à notre côté français en leur expliquant qu’à cette heure nous souhaitons dormir. Du moins, nous essayons, car il est inutile de parler de respect à une heure aussi hâtive à des inconnues titubantes en sous-vêtements…
Quelques heures plus tard, nous nous réveillons dans une chambre encore plus en pagaille, la tête embrumée de la nuit entrecoupée. Au petit-déjeuner c’est bruyant de différentes langues, Sydney est un microcosme de la jeunesse européenne et sud-américaine. Première étape de la journée, nous partons ouvrir un compte en banque. Les cacaotés (pigeons locaux) nous surprennent par leurs apparences. D’une démarche lente, le long bec crochu noir charbon, ils sont indifférents au rythme de la ville. Ils sont des centaines dans les parcs. L’autre surprise vient
de la gentillesse et la politesse des gens. La banquière prend le temps de répondre à nos questions, en plus ayant parfaitement l’habitude des visas PVT, la conseillère répond avec précisions. Cette démarche est d’une grande facilité. Ensuite, nous retournons à l’auberge où se tient un point information. Le canadien qui nous parle nous confirme qu’il sera facile de travailler et bien gagner. L’argent est sur toutes les lèvres. D’une certaine façon, nous sommes aussi là pour renflouer notre caisse voyage.
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L’autre priorité est de chercher une autre auberge de jeunesse que nous trouvons à quelques encablures. Les dortoirs y seront seulement de quatre lits. Par ailleurs, nous en profitons pour reprendre de l’énergie auprès de la ville. Les visages dans les rues de Sydney viennent d’un peu partout du globe, avec une prédominance nette de l’Asie du sud-est. Il y a une certaine légèreté ambiante mélangée au souffle du business. Cela construit beaucoup également, partout nous croisons des groupes d’ouvriers avec leurs vestes fluos. Notre promenade nous mène au quartier The Rocks qui a des faux airs européens avec ses cafés italiens et ses brasseries allemandes. Puis, nous redescendons vers Circular Quay. Sur ce chemin aux bords de l’eau nous goûtons la joie de voir l’Opéra au loin qui pointe ses toitures iconiques, moins blanches que sur les photos. Les ferrys jaunes arrivent et repartent dans la baie, 
les gratte-ciels se tiennent proches les uns des autres. L’Opéra nous paraît un peu plus petit que ce que nous pensions, mais l’effet « tour Eiffel » fonctionne. Sur son côté gauche, il y a le Darling Harbour Bridge qui étend sa ferraille noire pour joindre les deux côtés de la ville dans sa robe Eiffel. La page du second chapitre peut définitivement commencer, nous sommes bel et bien à Sydney. Nos premières démarches d’emploi détermineront si nous resterons dans la ville.
Après quelques nuits suivantes identiques à la première nous changeons d’auberge. Ces premiers jours, nous n’arrivons pas à créer de liens tangibles avec les européens. Ils nous apparaissent très immatures, comme si loin des frontières du vieux continent tout est devenu permis. Même les allemands si exemplaires de tenue habituellement sont ici sans gênes et bordéliques. Être en hémisphère sud semble avoir retourné la tête de beaucoup. Les 
comportements sont parfois à ce point bas sur l’échelle de la dignité que nous nous sentons honteux pour nos pays. Nous qui pensions notre niveau d’anglais petit, nous nous rendons compte que nous sommes du côté des rares à faire l’effort de parler anglais.
En France, nous avions préparé le nécessaire pour arriver prêts en Australie : un CV à la sauce locale, potasser les conditions pour accéder à l’emploi, en apprendre sur les aspects culturels (comme la culture des boissons à base de café) … Nos deux premiers objectifs sont de trouver au plus vite un logement, d’autre part de passer les formations nécessaires pour être autoriser à travailler. Les deux secteurs qui recrutent le plus, comme dans beaucoup de pays, sont la restauration et la construction. Pour travailler dans le premier il faut obtenir le RSA (Responsible Service of Alcohol) et la carte blanche pour le second. Ce sont des formations sur une journée. Le RSA est une réponse aux importants problèmes de comportements liés à l’abus d’alcool qu’a connu l’Australie ces dernières années. Pays anglo-saxon, il semblerait que le goût de la boisson soit resté un solide héritage des poms (surnom des anglais signifiant « Prisonniers de sa Majesté » car l’Australie était avant tout une terre anglaise où étaient exilés les hors la loi). Le RSA permet d’apprendre le type de comportement à adopter avec un-e client-e en état d’ébriété. Comme il est interdit de refuser de servir de l’alcool, il faut adopter d’autres stratégies, comme par exemple lui proposer d’abord une boisson sans alcools, où de manger un petit peu, l’interdiction pour une personne de commander plus de 4 verres à la fois (même si c’est une tournée car cela pourrait être pour une consommation personnelle déguisée), de commander un taxi si nécessaire, d’appeler la-e manager si la situation ne se résout pas… C’est très paternalisant, très éloigné de nos habitudes françaises. Mais ce n’est pas un moindre mal.
Par ailleurs la carte blanche est une initiation aux règles de sécurité très strictes en Australie. Tout est extrêmement encadré. Tant mieux car quand comme le voisin français d’Aurélien ne comprend même pas « Family name », ni ne déduit que la ligne suivante date of Birth / / lui demande sa date de naissance, il y a de quoi s’inquiéter ensuite sur un chantier. Pareillement à ce voisin du jour qui ne parle pas un mot d’anglais, la formation confirme qu’ils sont apparemment nombreux à ne pas parler la langue de Shakespeare sur les chantiers. Mais 
d’une certaine façon ces formations nous donnent l’impression d’être des formalités pour lesquelles il faut simplement payer, car pour le questionnaire final, il n’est pas rare que soit l’examinateur-rice aide, soit que l’entraide entre voisins de bureau soit tolérée. Même le français ne parlant pas un mot d’anglais repartira avec sa carte blanche… Nos premières démarches d’appartement sont plus laborieuses, très souvent les annonces n’ont pas été supprimées et les logements sont loués. Ou alors ils sont très chers, ou pas dans les secteurs désirés, ou pas à notre goût. Il faut dire que Sydney est en réalité une ville très petite constellée de petites villes s’apparentant à des quartiers. Nos premières visites ne sont pas concluantes, mais nous confirme qu’être locataire semble simple au niveau des démarches. Bien loin des conditions en France.
Parallèlement à notre recherche de logement, nous entreprenons celles pour trouver un emploi. Dans un premier temps par la facilité en répondant à des offres en ligne, celles aussi publiées par des groupes de français. Ou alors en prenant notre courage dans une main, le CV dans l’autre, nous arpentons les rues. Alors nous rentrons dans les lieux qui nous inspirent demander s’ils recherchent du monde, déposer un CV. Nous privilégions la restauration comme métier d’une part parce que nous avons déjà exercé ce métier en France, d’autre part parce que c’est un travail permettant de parler à beaucoup de personnes différentes tous les jours. Un soir, le téléphone d’Aurélien sonne. Barbara l’écoute « Yes…(long)… yes …(long)… ok… yes … hum would you mind to send me all the informations by email? Great, thank you ! ». – Alors ? Barbara lui demande, « Je ne rien compris ! » il répond en éclatant de rire ! L’accent aussie (surnom des australien) n’est pas toujours évident pour nous qui avons appris l’accent élégant britannique, alors une conversation téléphonique complique tout. Finalement le mail confirme les quelques bribes d’informations qu’Aurélien avait compris, un entretien pour un poste de serveur au Mariott Hôtel. Barbara ne tarde pas à recevoir elle aussi un appel pour sa candidature. Entretiens d’embauche la semaine d’après !
En fin de première semaine, une autre bonne nouvelle : Aurélien trouve une chambre dans une maison à Tempe. Une ville en périphérie de Sydney, dont la gare de train est Sydenham. Gare stratégique car elle est l’une des rares à concentrer plusieurs lignes, donc plus de passages pour rejoindre le centre de Sydney. La propriétaire est Annette, une quinquagénaire allemande très gentille. Il y a quelques jours viennent d’arriver Lizzie et Tom (un couple d’anglais de Manchester), à l’étage depuis plus longtemps il y a Vanessa et Nash (canadiens du New-Brunswick, bilingue). Nous sommes ravis, avec les anglais nous retrouvons nos repères de la langue anglaise, avec les canadiens la possibilité de demander une traduction en plein milieu de conversation. En plus, heureux hasards nous sommes à une centaine de mètre du premier Décathlon australien. Aurélien y a travaillé pendant ses études en France, il y déposera un CV. Nous délestons nos sacs, rangeons nos affaires dans des placards. La première fois que nous partons au supermarché, le woolies (en Australie tout a un surnom…), cela nous fait tout drôle de faire nos courses dans un si grand espace. Ayant l’habitude des plus petites surfaces parisiennes… La maison est située dans un quartier pavillonnaire, où les maisons se collent les unes aux autres de part et d’autre des petites rues. P
ar chance le nom de la notre, Way street, est très facile à retenir. D’ailleurs nous nous empressons de faire notre demande de numéro de TFN pour nous immatriculer auprès du gouvernement australien. A en juger par la quantité d’avion qui survolent la maison, nous ne sommes pas loin de l’aéroport, mais l’intérieur est assez bien insonorisé. Il y a de vraies touches allemandes dans la manière dont les choses sont pensées au niveau de la maison. Il y a du double vitrages (c’est la première fois que nous en voyons parmi tous les logement visités), des moustiquaires aux fenêtres ; mais le barbecue est typiquement australien, c’est-à-dire au gaz. Il y a un petit jardinet. La maison est confortable, le loyer dans nos prix, le centre de Sydney à une vingtaine de minutes en train, nos colocataires sympas ; nous sentons que c’est parti pour quelques mois à Sydney.
Notre prospection d’emplois se poursuit. Aurélien n’est pas assez consistant pour l’entretien d’embauche au Marriott. Mais c’est une très bonne nouvelle pour nous car maintenant que nous avons déposé de nombreux CV, grâce à cet entretien nous savons les questions qui nous attendent et nos fragilités. D’ailleurs Aurélien donne à Barbara les questions, bien préparée, celle-ci laisse une très bonne impression. Mais il faut attendre pour la réponse. D’ici là, nos premiers vrais pas de serveurs en Australie se font au Young Alfred, près de Circular Quay. Barbara avait trouvé l’annonce et nous étions passés déposer des CV. D’ailleurs à l’entretien le patron bosnien, avec son petit accent balkan, nous avait dit qu’il ne prendrait qu’un de nous deux. En fin de compte, les deux font la paire. Chemise blanche, pantalon et chaussures noires, en Australie l’uniforme compte. Victoria, une française qui est la cheffe de rang du restaurant, est au début une aide précieuse. Ce premier emploi nous permet de nous refamiliariser avec le travail de serveur. Nous sommes à la fin de l’hiver, la remise dans le bain se fait en douceur, d’autant que les temps de travail sont courts entre deux-trois heures pour chaque plage horaire du midi et du soir. Les australiens ne s’éternisent pas comme nous les français en fin de repas. En plus, il n’y a pas à nettoyer la salle. Aussi, cette première expérience nous donne l’opportunité de découvrir les subtilités australiennes, comme pour le vin. Par exemple cette fois ou un client commande un « Cab Serv » Ne sachant de quel vin de la carte il parle, il précise « It is a French red wine, don’t you know ? ». Alors un vin français du nom de Cab Serv, inconnu dans nos connaissances de cépages nationaux. Normal car il demandait un Cabernet Sauvignon, encore une fois les australiens réduisent tous les mots en surnoms (autre illustration avec le sauvignon blanc qui devient un so-blanc).
Quand ce ne sont pas les surnoms, l’accent entre en jeu. Même client, qui est un habitué, qui demande des « mussels » (des moules) alors que nous n’en avons pas à la carte. Encore plus intriguant car il s’agit d’en mettre sur son steak. Pardon, « mustard » (moutarde). Fort heureusement les australiens sont d’une incroyable gentillesse et à l’humeur jovial. En outre, pour eux c’est un plaisir d’être servi par des français, ils ont une belle image de la qualité du service à la française et de notre pays. C’est très appréciable. Comme ce n’est pas encore la haute saison, nous pouvons nos offrir quelques courts instants de discussions. A l’inverse dans l’équipe, des cuisines à la salle il n’y a aucun australien. Disons que nous sentons la différence, particulièrement avec notre couple employeur. Nous en faisons abstraction, comme de la cuisine qui n’est pas très élaborée (c’est un restaurant « italien » et nous avons déjà vu des pâtes collantes…). En attendant de trouver mieux ailleurs, c’est un bon départ. Aussi, nous nous familiarisons avec le, enfin les cafés australiens : le doppio, le long black, le flat white, le steamed white, le latte, le moka…. Sachant qu’entre certains, en réalité ils sont préparés de manière identique sans que le client le sache réellement, ou que la différence est infime. Pour nos papilles, c’est dans tous les cas trop sucrés. Pour notre matière grise, c’est un méli-mélo à maîtriser au plus vite car c’est bien souvent que les clients repartent avec une telle boisson. Dans l’ensemble, nous prenons nos marques assez rapidement, au point que nous avons la seconde terrasse en charge. Nous ne sommes pas encore à notre meilleur niveau de serveurs, mais nous y mettons notre plus grande application.
A la maison l’ambiance est bon enfant. Pour la collocation, nous avions demandé s’il y avait des règles communes. Rien. Parler de règles à des habitants de pays chantres du libéralisme est mal vu, nous nous sentons bien français à proposer de telles hérésies. Malgré tout, nous insistons au moins pour le ménage des pièces communes, tou.te.s sont d’accord pour que chaque semaine cela soit un couple qui le prenne en charge. Le reste laissons le savoir-vivre de chacun. Rapidement, nous organisons un repas pour que nous apprenions à nous connaître. Les canadiens n’y participeront pas finalement. Les anglais se sont rencontrés en Espagne. Ils pensent retourner en Europe à la fin de l’année pour passer les fêtes en famille, mais ils ne sont pas encore sûrs de la date. Ils ne manquent pas de faire honneur à leur réputation de médaillé d’or de descente de bouteilles, au point que leur chambre fera les frais de ce trop-plein par Lizzie. Les canadiens nous font découvrir le français trans-atlantique, comme cette fois où Vanessa cherche dans la cuisine le « chaudron » (la casserole), ou Nash revient après avoir magasiné pour acheter des baskets qu’il appelle des souliers. Tout n’est pas parfait, comme par exemple l’odeur de friture due à la graisse en spray utilisé par les anglais pour leur cuisine, le matelas du lit en U très creux… Dès que nous pouvons, nous partons nous balader, flâner dans la ville ou en bord de plage. La première fois que nous avons mis les pieds dans la mer de Tasman a eu une saveur particulière. L’embrun salé dans le vent, les vagues et leur sempiternel échouage sur la plage. Voir la mer est toujours un moment particulier, comme cette fois aux abords de la mer du Japon à Vladivostok.
Excellente nouvelle, Barbara est retenue pour travailler au restaurant du Marriott Hotel. Elle quitte le Young Alfred, c’est une bonne chose car les plages horaires du midi et du soir ne comportent pas beaucoup d’heures, font de maigres revenus. Elle commence son nouveau travail au Restaurant Le Silvester’s au Sydney Harbour Marriott Hotel à Circular Quay deux semaines après notre arrivée en Australie. Chaque fois qu’elle arrive avec le train, elle voit l’opéra de Sydney car le Marriott se situe sur la célèbre baie. Au moins, on ne peut pas oublier que l’on est à Sydney avec cette vue. Pour sa première semaine, elle est assignée au petit-déjeuner ce qui implique des horaires très matinales. Le Marriott est un hôtel de standing 4 étoiles. Luxueux, le petit-déjeuner et le restaurant sont très chic. L’équipe du petit-déjeuner est composée de vietnamiennes (qui sont aussi en écoles d’hôtellerie), népalais, indiens, quelques sud-américains. Comme partout, il y a plus d’étrangers que d’australiens dans les équipes. L’ambiance est très bonne, tout le monde est accueillant. L’avantage de travailler dans un grand hôtel c’est qu’il y a une cafeteria pour les employés, des grands vestiaires avec douches et l’hôtel fourni les uniformes. Barbara prend ses pauses avec Lily qui est vietnamienne. Elles ont commencé le même jour leurs emplois au 
Marriott. Très vite, elles deviennent amies.
Rapidement, on propose à Barbara de passer dans l’équipe du déjeuner et dîner au vu de son expérience en tant que serveuse en France. Le chef est français et une des serveuse (Djenaba) aussi. Le reste de l’équipe est composée de Jane qui est Taïwanaise (mais qui a grandi en Malaisie), Richard, Alex, Dilshan. La carte du soir est raffinée et gastronomique. C’est un très bon exercice pour la pratique de l’anglais. Les clients ont souvent beaucoup de questions, il faut expliquer et conseiller les vins.
Parallèlement Aurélien continue ses entretiens, il est finalement retenu par le Chin Chin, le restaurant le plus instagrammé du pays avec son lapin rose. L’ambiance y est complètement différente du Young Alfred ou du Mariott. Ici la devise pourrait être, votre originalité est la force de l’enseigne. Le Chin Chin est le second du nom, dont le premier restaurant se trouve à Melbourne. Le groupe Lucas, auquel ils appartiennent a connu une rapide progression dans le pays car il a été un des premiers à faire du service à l’européenne, c’est-à-dire que les clients sont servis à leurs tables (à l’inverse en Australie, le.a client.e reçoit souvent un beeper après sa commande, quand celui-ci sonne, cela signifie qu’il.elle peut aller chercher sa commande au comptoir). Au Chin Chin, qui propose différentes spécialités d’Asie du sud revisitées, il y a une réelle âme australienne. La majorité des gens de l’équipe sont adorables, l’erreur est permise sans que ce soit une occasion de se faire virer, l’ambiance y est « cool attitude ». La signature visuelle du lieu sont les tabliers rose fluo avec la silhouette du lapin. Pour les curieux-ses, il y a soit le menu classique, soit le « feed me » (nourrissez moi) ou le.a serveur.se composera le menu (en 7 plats, généralement à partir du 5ème ça commençait à caler) en équilibrant les saveurs. La qualité est au rendez-vous, ce sont d’excellent découvertes culinaires. Le petit bonus du Chin Chin, aucun café proposé, donc nullement besoin de s’embarrasser des latte steamed et compagnie.
En tant que français, il y a deux choses un peu compliquées. L’accent, à la fois le sien et celui des autres. Il faut déjà comprendre que nous ne sommes pas toujours compris, australieniser notre prononciation (comme dire agneau « lamb » qui devient un « leimmmb »). D’autre part, l’accent des autres est parfois problématique, comme par exemple celui de Chef 
Math que même les australien.ne.s ne comprennent pas. Des fois cela donne des moments amusants, où vous n’avez rien compris aux consignes et qu’il faut déduire le contenu. Un jeu d’énigme. Charlotte, française qui y travaille, est d’une précieuse aide (devient une chouette amie par la même occasion). Ou alors la manager néo-zélandaise Sam qui remplace le son « è » par « i » et inversement (cela donne des mots comme la table « six » qui devient « sex » dans sa bouche). Les affinités se font avec Clarence, Malesha, Matteo, le chef Raph, Jessica, Jacky… Par ailleurs, il y a la « trop de gentillesse » australienne, qui parfois quand il faut mettre le bleu de chauffe devient compliqué. Après il y avait indéniablement des avantages à être français, comme Barbara, la connaissance des vins est une qualité appréciée. Par contre, un désavantage complet pour la gigantesque carte des cocktails, qui restera le talon d’Achille d’Aurélien. Les journées sont intenses, rythmées et dans une bonne ambiance.
Parallèlement au Chin Chin, Aurélien travaille quelquefois avec Crew on Call, une entreprise de techniciens pour événementiel. Comme nous l’éprouvons au Mariott et au Chin Chin, l’autre difficulté au travail en Australie est le manque d’organisation. Par exemple pour le concert de la finale de NRL (rugby à 13)au ANZ Stadium, équivalent australien de la finale du Super Bowl américain, Aurélien a travaillé trois jours au placement des lumières. Le jour J, on lui apprend finalement qu’il sera dans l’équipe son. Le régisseur son ne se présente pas, n’y ne récapitule pas ce qu’il y a à faire. La mi-temps est sifflée, tout doit aller très vite. Rentré dans un stade où quelques 80000 personnels crient leur impatience pour l’interlude musical sans savoir où placer l’enceinte et avec un binôme catastrophique est un souvenir malaisant. Heureusement, travailler dans le spectacle lui permet d’être la fois réactive et d’avoir des repaires, bien que passé à côté de grosses machines à étincelles sans avoir été prévenu qu’elles cracheront leurs artifices donne de soudaines poussées d’adrénaline. Ensuite, très vite il part prêter main forte à l’équipe lumière en difficulté, où les ponts sont mal mis en place. Le surplus d’équipe permet de sauver les meubles. Le démontage finira vers les 3h du matin… Pour l’anecdote, ils auront oublié de prévoir un transport retour pour Aurélien, obligé à 3h30 du matin de marcher plusieurs kilomètres pour rejoindre un bus de nuit, puis un autre…
Barbara prend également un second travail de serveuse dans un café. Elle sert les petits déjeuner les week-ends. Mais le café est nouveau et n’a finalement pas autant de clients que prévu et ils réduisent rapidement leurs effectifs. Elle y aura travaillé un mois. Cédric, le cousin d’Aurélien est arrivé entre temps à Sydney. Cela nous fait super plaisir de le retrouver. C’est très agréable de faire des repas avec lui. A l’inverse, l’ambiance à la maison s’est passablement détériorée, particulièrement avec les anglais. Il faut reconnaître que notre chambre jouxte la cuisine et la salle à manger, mais ces derniers ne font aucun effort de discrétion le matin. Le reste de la journée, ils allument la télé sans la regarder forcément, musique sur la tablette et yeux rivés sur les téléphones… jusqu’à après minuit. Rajoutons que nous sommes les seuls à faire notre vaisselle après avoir mangé (à force nous avions demandé si c’était possible qu’ils la fassent au moins maximum 48h après, ce qui arriva rarement à l’exception de Vanessa) …
Alors dès que nous avons un temps libre, nous partons visiter les environs, les différents quartiers de la ville. Le zoo de Sydney est plutôt grand, avec des espèces que nous n’avions jamais vues. Certaines même, comme un gros lézard, semble s’être échappées de leurs enclos. A moins que ce soit des espèces en liberté dont nous n’avons pas l’habitude. La plage est une autre échappatoire, mais soit il y a des requins, soit des méduses, soit le courant est trop fort, il y a souvent une raison qui restreint l’espace de baignade. Les agents de sécurité civile veillent avec leurs golfettes, gyrophares et mégaphones. Sans oublier que l’aire géographique de l’Océanie est celle où se situe le trou de la couche d’ozone, le nombre de cancer de la peau y est très élevé. Il est vrai que lorsqu’il fait soleil, nous sentons celui-ci brûlant sur nos peaux. Nous disons « quand il fait soleil » parce que depuis notre arrivée, il pleut toutes les semaines et plusieurs fois. Certes il fait doux, nombre d’australiens restent en claquettes et short malgré le mauvais temps, mais ce sont très souvent de grosses trombes d’eau qui tombent du ciel. D’impressionnants orages qui font ruisseler les rues.
A la maison, la tempête éclate également. Un conflit entre les anglais et nous, car nous avons demandé à la propriétaire de pouvoir récupérer la chambre à l’étage après le départ des canadiens (les anglais devaient partir également début décembre…). Les Britishs sont choqués car ils considèrent qu’étant arrivés une semaine avant nous, la chambre de l’étage leur revient. Cela en est trop pour nous, notre seul horizon était leur départ mais maintenant qu’ils restent c’est nous qui décidons de partir. Loin de laisser la situation se dégrader, nous cherchons un autre point de chute. Barbara, toujours aussi réactive, fait quelques visites et nous trouve une chambre à Surry Hills. C’est à côté de la gare Central, un quartier de maisons historiques très joli et proche du centre. Nous partons dès le surlendemain de la visite, nous disons au revoir à Annette et rendons notre chambre.
Pour le comble de l’histoire, la maison à Surry Hills se situe Buckingham street. La maison est super, les coloccataires accueillants (deux couples de français et un couple allemand ) et chaleureux. Cela paraît bête, mais nous retrouvons le confort d’une maison bien tenue, notre chambre au dernier étage nous fait un petit cocon douillet, en plus le matelas est neuf (à l’autre maison Aurélien avait fini par dormir sur un matelas gonflable le dernier mois…). Surtout, Aurélie et Kévin (le couple français à qui appartient la maison), Mira et Mickael (le couple allemand qui adore le vélo), Hugo et Pauline (de supers ardéchois) sont géniaux. L’australien qui quitte la chambre nous offre un agneau au barbecue (spécialité du pays), c’est très bon et inaugure de beaux jours. Notre chambre est beaucoup plus confortable, mal isolée comme toutes les maisons aux alentours (il y fait très 
chaud en pleine journée), mais nous nous sentons merveilleusement bien. Plus sereins, nous visitons plus la ville, nous cheminons sur le Costal Walk, essayons d’autres plages. Aussi, être avec des français de notre génération, débattre et tout nous fait du bien. Aussi, nous retrouvons le plaisir de partager des repas ensemble (les inoubliables hamburgers ardéchois ou les pizza domino’s à quelques dollars…), des restaurants, des sorties entre amis qui laissent de très bons souvenirs. Assurément nous sommes sur la même longueur d’ondes, nous passons de supers moments. L’ambiance à la maison est excellente, cela fait plaisir d’avoir un chez soi qui nous ressemble. Noël, étrangement en période estival, restera par exemple une douce matinée partagée entre nous tous. Plus tard, Simona, une allemande qui remplacera les allemands, se joindra à nous avec la même belle énergie. D’ailleurs Cédric a lui aussi emménagé, cela multiplie les soirées entre les deux maisons, les rencontres.
En revenant vivre dans le centre, c’est une redécouverte de la ville. Le mardi soir nous allons dans un bar danser de la salsa, les petites sorties après-travail se multiplient, aller à la plage est plus simple (bien que cela reste mal desservie en train), des promenades plus natures. Il y a un feu d’artifice hebdomadaire. Nous ne manquons pas l’occasion d’aller à l’Opéra de Sydney pour une représentation de La Bohème de Puccini. La mise en scène est étonnante, situant l’action au moment de la seconde Guerre mondiale mais un des scènes de Cabaret des années Charleston.
Aurélien arpente la ville en courant, avec Hugo et Simona, ils ont leurs terrains de jeux dans le Centennial Park. A la maison, il y a aussi des colocataires dont tout le centre de la ville est infesté, les cafards ! Ils ne sortent que le soir, sont bien plus grands que nos congénères français. Au début cela surprend, ce n’est pas toujours reluisant, mais ils se nourrissent des déchets de la maison et ne touchent pas la nourriture. Ils se promènent un peu partout, parfois pendant un brossage de dent passe par surprise sur le pied… Nous sommes épargnés dans notre chambre en haut. Simona leur fera la guerre avec différents pièges, mais ils sont si nombreux…
Après plusieurs repérages, nous nous décidons avec nos colocs ardéchois pour un emplacement pour observer le feu d’artifice de Sydney. Le jour de l’An approche, la ville est réputée pour la grandeur de son spectacle de lumières et de poudres. Il y a Kirribilli un petit parc à l’opposé de l’Opéra de Sydney. Il y a déjà des personnes qui dorment devant certains lieux stratégiques pour être certains d’obtenir la meilleure place. Nous nous levons à 4h30 du matin pour partir tôt, quitte à attendre quelques heures l’ouverture du parc. En arrivant de 
l’autre côté, nous découvrons une immense file d’attente humaine qui se déroule jusqu’à sous le pont !!! C’est plus qu’impressionnant, dans ces conditions, il paraît peu évident que nous aurons une place dans le petit parc. Surtout que de nombreux groupes ont amené des tentes et tout le fatras pour camper la journée. En bout de file, beaucoup de monde arrive encore derrière nous. Nous piquons un petit somme sur nos tapis de voyage. Les allemands ne sont pas avec nous, ils ont acheté un canoé pour le voir depuis l’eau (pour une fois que les idées folles sont d’outre-rhin). Les heures passent, l’espace a été barricadé pour qu’il y est une entrée et la sortie au bout. L’heure d’ouverture sonne, nous qui pensions que la file serait respectée, il n’en est rien. La file devient rapidement une grosse masse humaine s’agglutinant devant la minuscule entrée. Autant dire qu’après quelques heures d’attente, vers midi nous rentrons dans l’espace qui est déjà plus que sur-occupé.
Il y a des tentes partout, un rapide coup d’œil au parc nous confirme qu’il est plein à craquer. Finalement nous prenons place sur les quais, agglutinés à des tentes en parallèles au chemin de passage. Hugo et Pauline préfèrent attendre sous les arbres. Il est vrai que le soleil crame déjà ceux qui s’aventurent sous ses rayons. Nos parapluies viennent à notre secours. De nouvelles tentes sont installées à nos côtés, nous voilà quadrillés de tentes occupées d’asiatiques avec pour seul espace nos tapis de sol. La journée est extrêmement chaude, une fournaise que la proximité de l’eau ne rafraîchit pas. Le vent, pourtant si présent habituellement dans la ville, ne fait aucune apparition. Le feu d’artifice n’est qu’à minuit, c’est un jeu de patience en conditions australiennes. Aurélie et Kévin nous rejoignent, préférant aussi l’ombre des arbres. Si nous restons à nos positions, c’est que lorsqu’ils devront enlever leurs tentes, nous espérons profiter de la place qui se libérera pour être bien placé. Cela fonctionnera. Les nuages atténuent un peu la dureté du soleil, mais pas son étouffante haleine. En approchant de la soirée, les nuages se sont épaissis, presque inquiétant.
Vers les 18h, cela fait déjà un petit moment que la lumière ne perce plus ce plafond nuageux. D’ici quelques heures aura lieu le premier petit feu d’artifice, celui dit pour les enfants. C’est à ce moment, après l’apprêté de la journée caniculaire qu’éclate soudainement une pluie torrentielle. Tout s’assombrit, le sol devient des flaques d’eaux, la rive d’en face perd en visibilité derrière les épais filets d’eau froides. La surface de l’eau semble bouillonner. Il pleut, il pleut, il pleut sans s’arrêter, sans que le rythme vacille. Avec le doute que le feu d’artifice soit annulé. A nouveau, nos parapluies sont notre secours.
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Cela en est trop pour Aurélie et Kévin pas assez chaudement vêtus, aussi parce qu’ils ont pour projet de vivre ici, ils pourront revenir dans le futur. Avec Pauline et Hugo, nous faisons fronts aux éléments. Après plus d’une heure sous la pluie battante, le vent chasse les dernières gouttes. Trempés, mais présents ! L’avantage est que le ciel est resté nuageux, les lumières du feu d’artifice devraient se diffuser davantage. La nuit tire sa toile noire, l’eau de la baie est redevenue légèrement ondulante, le premier feu d’artifice est tiré. Celui dit pour les enfants à 22H. C’est une très belle mise en bouche qui ouvre l’appétit du passage de l’année. Tous collés-serrés les uns aux autres comme une foule de manchots sur la banquise fondue, après plus d’une douzaine d’heures typiquement australiennes, minuit est proche. Un bateau se positionne dans la baie, obstruant un peu la vue de l’Opéra. Puis soudainement, sur les piles du Darling Harbourg Bridge est projeté un décompte. La foule frissonne, les voix s’éveillent, la vie revient. Moins d’une minute… moins de 20 secondes… 10secondes… les derniers chiffres sont lancés en feux d’artifices à l’horizontale depuis le pont, accompagnés des voix de chacun. Puis soudain 0, dans la huée de délivrance, le pont s’embrase de mille éclats lumineux ! Fontaines de paillettes scintillantes qui s’élèvent au-dessus tout autour de la structure métallique. Tout à coup, c’est toute la longueur de la baie qui s’illumine de couleurs incandescentes, de poussières lumineuses. L’Opéra se multi-colorise dans la fumée des fusées, le Darling Harboug Bridge un festival de fontaine musicale d’artifices. C’est un spectacle fantastique ! A 180° de notre vision le ciel éclate de lumières. Le 
bouquet final est tout aussi incroyable que l’ensemble ! Nous sommes en 2019, nous nous prenons dans les bras en nous souhaitant la bonne année ! C’est à pied que nous rentrons avec Hugo et Pauline à Buckingham Palace (le surnom de notre collocation) pour continuer ce beau passage d’an à la maison avec les autres ! Mira et Michael arrivent aussi, finalement le canoé était percé et ils ont dû voir le feu d’artifice moins bien placé qu’espéré. Cheers 2019 !
Notre niveau d’anglais nous satisfait et nous commençons à avoir mis suffisamment d’argent de côté. D’autre part, nous commençons à éprouver une certaine lassitude dans nos emplois. En plus, avec la haute saison, Aurélien se trimbale des tendinites au deux poignets depuis le mois de décembre, il doit faire des soins réguliers chez un physiothérapeute entrecoupé de jours d’arrêts forcés. Nous décidons de partir en Nouvelle-Zélande début février. Du coup, Barbara choisi de quitter son emploi au Marriott début janvier. Elle part ensuite une semaine au Vanuatu avec notre colocataire Aurélie. Elle doit sortir du territoire australien tous les 3 mois pour renouveler son visa. Du coup, elle en profite pour découvrir de nouvelles destinations et propose à Barbara de l’accompagner cette fois-ci.
Le Vanuatu est un pays du sud de l’océan Pacifique composé d’environ 80 îles qui s’étendent sur 1 300 kilomètres entre la Nouvelle-Calédonie et Fidji. Le Vanuatu est indépendant depuis 1980. N’ayant qu’une semaine sur place avec Aurélie, nous avons choisi de rester sur l’île Efate où se situe la capitale Port-Vila. Dès notre arrivée nous apprécions l’ambiance de l’île océanique. Nous nous offrons un premier dîner avec vue sur la mer. Nous rencontrons une autre française à la petite auberge où nous dormons. Le lendemain, nous allons à un endroit qui est normalement un sanctuaire pour les tortues. Finalement, cela est plutôt un endroit touristique avec quelques mamies tortues d’une centaine d’années. Et de l’élevage de petites tortues pour on pense la consommation… Nous nous éloignons et profitons pour faire une baignade et bronzette.
Le lendemain, nous allons de l’autre côté de l’île afin de trouver un bateau et partir sur l’île de Pele (une petite île juste à côté d’Efate). Après un trajet en mini-bus sur la seule route qui fait le tour de l’île, nous descendons sur le bord de la route et nous approchons des quelques bateaux de pêcheurs. Après une petite discussion pour expliquer que nous souhaitons rejoindre Pele quelques jours avec les hommes qui sont présents, l’un d’eux nous propose de nous emmener. Son cousin a un bungalow sur la plage, qu’il loue avec pension complète. Deal. Nous voilà sur son bateau en direction d’une petite île paradisiaque. Tout est parfait, la petite cabane confortable avec 2 lits, nous prenons nos repas dehors sous une petite paillote. Vue sur la mer. Nous passons nos journées à nous baigner, nous promener, à lire. Nous passons ces quelques jours dans ce petit paradis.
Au retour de Barbara à Sydney, nous achevons de planifier le reste du voyage. D’abord le centre rouge de l’Australie, après Melbourne et notre itinéraire néo-zélandais. Comme Cédric souhaite également découvrir la Nouvelle-Zélande, nous lui proposons de nous rejoindre. Plusieurs fois nous en parlons, nous avons hâte de reprendre la route et de partager l’aventure à trois dans un van. Avec le départ de Pauline et Hugo à Melbourne, nous sentons nos derniers jours dans la ville.
Avec Simona, nous partons voir Palm Beach et son paysage atypique. C’est ensemble qu’également nous assistons fin janvier au Australia Day avec un nouveau très beau d’artifice au-dessus de l’Opéra. Pour nous remettre en jambes pour de la randonnée, nous visitons les 
Blues Mountains, où les Three Sisters trônent fièrement au-dessus d’une impressionnante étendue d’arbres. C’est un paysage irisé de verts qui donne à la ligne d’horizon une teinte bleutée. Les derniers préparatifs se font, un colis pour la France, nous bouclons nos sacs. Nous disons au revoir à nos collègues de travail (Lily, Djenaba, Charlotte, Jane, Clarence, Malesha…). La vie à Sydney est simple pour qui suit le rythme de la ville. Même si nous nous y plaisions, elle manque à notre goût d’une âme culturelle. Mais nous gardons d’excellents souvenirs, surtout depuis notre aménagement à Buckingham Palace. Merci à tous ! Le retour au voyage est imminent ! See ya Sydney !
ps: petite vidéo inoubliable