Du 22 septembre au 15 octobre 2017. Ouzbékistan : Moynaq – Noukous – Khiva – Boukhara – Samarkand – Sentyab – Tachkent
Route touristique, oasis de rencontres
A 1h30 du matin de Beineu, au Kazakhstan, nous sommes montés dans un train de nuit en direction de Kungrad, en Ouzbékistan. Le train quitte la gare à 3h, heure prévue du départ.
A peine sommes nous tombés dans les doux bras de Morphée que les frontaliers kazaks nous en sortent. Contrôle des passeports et tampons de sortie. Nous pouvons retrouver la quiétude de Morphée sous le drap noir de la nuit. Très brièvement car il fait déjà jour et deux femmes soldats ouzbeks nous demandent nos passeports en anglais. Nous sommes à la frontière, au milieu d’une étendue de terre sablonneuse. On nous demande de sortir du train pour nos contrôles de visas. Une fois nos passeports récupérés, nous retournons dans le train. Des jeunes soldats arrivent, hommes cette fois. Un en particulier, nous discute avec nous. Avec la sempiternelle question de pourquoi à notre âge n’avons nous pas d’enfants. Le supérieur leur demande de fouiller nos sacs, l’un regarde brièvement celui d’Aurélien pendant que les autres se renvoient la balle pour savoir celui qui fouillera le sac de Barbara. Celui qui nous parlait ose juste la question : « Do you have a gun ? », « Même pas un tout petit ? ». En réponse, Barbara lui dit que non mais elle a des carnets à dessin. Nous qui craignions la frontière ouzbek réputée compliquée pour ses fouilles, en particulier pour les médicaments, les frontaliers s’amusent à feuilleter nos dessins. Nous faisons même la discussion.
Impossible de se rendormir, c’est un défilé continu de commerçants ambulants aux cabas disproportionnés proposant petit-déjeuner, poissons séchés, thé, téléphones, vêtements, jouets, argents … A une mamie au sourire en or (au vrai sens du terme car toutes ses dents sont recouvertes d’or), nous achetons du thé au lait et du pain galette. Elle fournit même les tasses en porcelaine. Délicieux petit-déjeuner au milieu d’un paysage à l’horizon lointain. Au retour de la mamie, nous lui demandons si nous pouvons acheter la chaussette aux motifs ouzbeks autour de la bouteille chaude. Éclatement de rire général de toutes les vendeuses d’une telle demande, mais c’est d’accord. Nous ne nous brûlerons plus avec la gourde en titane d’Aurélien ! Peu à peu, en traversant les villages, le train se remplit. Avec notre petit vocabulaire, nous échangeons un peu, les ouzbeks nous informent. Le train arrive en Kungrad, maintenant nous devons faire cap sur Moynaq, ancien port de la mer d’Aral maintenant asséchée. En sortant, nos visages d’occidentaux attirent immédiatement les taxis. Nous cherchons le bus qui soit disant n’existe pas. Un belge flamand est là aussi, Jonathan. Nous nous occupons de la négociation, même si nous payons plus cher que prévu. En partant nous voyons les bus, trop tard. Sur la route toute cabossée, sur laquelle le chauffeur joue à toute vitesse à zigzaguer entre les trous, nous conversons avec Jonathan. Très sympathique, très intéressant, un chouette bonhomme.
Au bazar de Moynaq, nous nous mettons en quête d’un endroit pour dormir. Deux étudiants nous disent de monter avec eux dans leur voiture pour nous aider à chercher. Avec eux nous découvrons les rues terreuses de la ville. Jamais plates. Plusieurs fois aux adresses du guide de Jonathan, il n’y a plus d’hôtel, nous terminons proche des bateaux rouillés. L’aide des deux étudiants a été très précieuse, merci. Là, un homme rénove le phare de la feu mer et a installé quatre yourtes karakalpaks. Ce sont les yourtes traditionnelles ouzbeks, c’est une chance inouïe de pouvoir y dormir (surtout pour le prix). Quelle joie qui s’empare de nous ! D’autant qu’elles sont bien aménagées (bon, il n’y a pas d’arrivée d’eau encore…). Les sacs posés, nous allons voir les quelques carcasses rouillées des bateaux sur le sable. Sur le chemin, un panneau informe de l’ampleur du désastre causé par l’Homme. La mer d’Aral est une fable de notre époque contemporaine, une métaphore physique du devenir écologique de notre monde. Car rien n’est suffisamment entrepris pour freiner le réchauffement climatique au niveau mondial… Au milieu des bateaux de toutes sortes (de pêches, à cuves, personnels…), des enfants jouent insouciants. Les bateaux sont rouillés, rongés, troués, tournent leur proue vers un horizon disparu à jamais. Nous partons manger au café du coin. En ressortant, un coucher de soleil irréaliste colore le ciel. On croirait un épais et saturé arc-en-ciel horizontal disparaissant au lointain. Le rouge brûlant, , le bleu azur, l’indigo profond, le jaune pâle même le vert clair presque. Devant de telles couleurs, les arbres, poteaux électriques penchés et habitations se dessinent en ombres chinoises. Au coucher, le silence est assourdissant, même le vent tait son souffle.
Au petit matin, nous rejoignons Jonathan aux premières lumières du jour au milieu des bateaux. Des vaches passent au milieu pour aller paître dans l’ancienne mer d’Aral. Jonathan décide de partir rejoindre Noukous, nous préférons prendre d’abord le petit-déjeuner. En plus le sympa propriétaire nous offre de l’eau chaude. Dans le vent frais, le soleil réchauffe nos corps assis devant la yourte. Le thé chaud entre les mains, c’est un délicieux moment. Toute en simplicité. Une belle atmosphère suffit à faire déborder le cœur de bonheur. Ensuite direction Noukous pour voir le musée Savitsky. Un premier taxi partagé, puis un second avec une mamie et son petit-fils (puisqu’il n’y a jamais de bus…). Elle a un bel habit bleu aux motifs floraux et un foulard jaune enveloppant sa chevelure. Les habits ouzbeks sont beaux, de belles couleurs vives, toujours parsemés de motifs qui contrastent. Aussi, notons que les ouzbeks voyagent beaucoup en taxi, moyen de transports peu cher par rapport aux distances. Pour les touristes, les chauffeurs proposent toujours des prix très forts, mais il suffit d’utiliser l’avantage de leur supériorité numérique face à notre infériorité numérique. Un soupçon de patience supplémentaire, le prix divisé par au moins deux puis un ajout de 10%, le prix obtenu est le bon. Toutefois, nous préférerions le bus ou un marshrutka…
Noukous est une ville sans charme, avec des grandes allées aux bâtiments identiques. Neufs et vides, sauf les halls occupés par des petits commerces. Devant le musée, nous sommes étonnés de découvrir des séances photos de mariages ! Avec nos sacs, nous devons faire deux tâches bleue et verte. Il ne nous reste qu’une heure pour la visite. Nous sommes agréablement surpris. Les peintures exposées de différents artistes sont mélangées, ce qui permet à chaque fois de surprendre et de tenir le regard éveillé . Les influences sont diverses (expressionnisme allemand, fauve…), les toiles sont ingénieuses et même parfois d’une très grande originalité. Nous retrouvons même une yourte karakalpak exposée ! Nous qui n’avions pas fait de musée de la sorte depuis longtemps, nous nous régalons. L’honneur revient à Savitsky qui en son temps a su recueillir les œuvres des ces artistes interdits durant l’Union Soviétique. En sortant, nous demandons l’hôtel le moins cher, l’hôtel Noukous nous répond-on. En y arrivant, nous trouvons un bâtiment en travaux, pourtant les ouvriers nous assurent que c’est là. A la réception, l’homme désagréable nous dit c’est 60$ et sans wifi. Sans façon. Nous décidons d’essayer de rejoindre Khiva. Mais à la sortie de la ville, sur le bon axe, l’auto-stop ne marche pas. Même notre carte magique n’attire au mieux que des klaxons. Aucun taxi partagé ne part, le soleil décline, c’est trop tard.
Pour revenir au centre de Noukous, nous levons le pouce, plutôt la main. Un mini-bus lumières éteintes s’arrête. Un vieux monsieur le conduit et nous fait signe de monter. Aucun autre passager si ce n’est un jeune devant qui l’accompagne (de sa famille?). A notre demande d’hôtel, il nous répond favorablement. Nous discutons avec quelques bouts de phrases, notre intuition nous dit que nous pouvons lui faire confiance. Comme à Moynaq, après plusieurs tentatives infructueuses, il en trouve finalement un ouvert. Tout sourire il nous dit que c’est bon. Nous lui demandons combien nous lui devons ? Avec son visage aux rides bienveillantes, il répond « rien », qu’il a simplement voulu nous aider. Nous insistons car nous n’avons rien d’autre à offrir. Ce que nous souhaitons alors nous dit-il. Le billet que nous lui tendons, il le donne immédiatement au jeune garçon pour le plus grand bonheur de tout le monde. Ce geste nous va droit au cœur. Il repart alors que nous rentrons dans l’hôtel. Deux légers soucis, 1 : notre budget n’est pas en adéquation avec le lieu. En effet c’est bien trop cher pour nous. 2 : ils sont complets. De plus, en Ouzbékistan, les étrangers doivent être enregistrés tous les soirs aux hôtels. Et nous n’avons pas pu l’être à Moynak. Nous leur proposons de mettre notre tente quelque part pour un prix réduit et un enregistrement. Ils acceptent. Nous passerons la nuit dans la plus grande pièce de l’établissement, c’est à dire la salle de réunion ! Deuxième nuit dans le pays, deuxième lieu improbable ! Ils nous fournissent même futons, couvertures et accès aux sanitaires. Nous sommes reconnaissants envers la gentillesse ouzbek qui nous aura bien aidé deux fois aujourd’hui.
Le matin, nous faisons un gros petit-déjeuner car nous soupçonnons une longue journée. Nos affaires prêtes, nous allons à pied au bazar. A l’intuition, nous y prenons un mini-bus. Le voyage c’est le développement de cet instinct du chemin. Le corps réagit comme une boussole thermique. Il se refroidit quand le choix semble mauvais, au contraire lâche une vaguelette de chaleur quand il apparaît bon. Nous voilà au même point qu’hier, cette fois avec une multitude de taxis partagés pour Khiva. Même charabia de la négociation. D’une certaine manière, nous avons l’impression d’être deux globules rouges attirant instantanément une nuée de mous-taxi-ques, s’agglutinant sur nous et nous bombardant des chiffres toujours plus nombreux. Une fois cette première étape passée, c’est une nouvelle épreuve pour celui de nous deux qui est au milieu. Le passager ouzbek, très souvent en surpoids, dorloté par les irrégularités de la route (ou piste goudronnée) s’endort sur l’épaule de son voisin, plusieurs heures durant… La route fend d’immenses étendues ondulantes de terres sèches, au milieu desquelles subrepticement nous découvrons un avion abandonné (dont nous vous conseillons la lecture de l’histoire http://www.arabianbusiness.com/revealed–story-behind-abandoned-soviet-plane-left-in-desert-in-umm-al-quwain-586648.html ). Ces paysages alternent avec les champs verts de coton dans lesquels les dos courbés récoltent la fleur blanche, et la chargent dans des charrettes grillagées bleues. Entre tout cela, les check-points qui contraignent le chauffeur à ralentir, sorte de péage de la loterie du contrôle policier. Aussi, comme les ouzbeks utilisent principalement des voitures à gaz (propane), il nous faut descendre lorsque le chauffeur fait le plein. Notre premier chauffeur nous passe en relais à un autre jusqu’à Urgench. Celui-ci fait de même, et un quatrième nous amène enfin à Khiva.
A l’hôtel, ils nous donnent la dernière chambre au 2ème étage vide. Nous sommes seuls, au fond d’un long couloir semblable à celui du film Shinning de S. Kubrick. Hormis l’eau capricieuse (des fois absente ou froide), la chambre est normale. Juste ce couloir. Nous sommes en fin d’après-midi, nous en profitons pour aller faire nos premiers pas dans la très vieille ville patrimoine de l’Unesco. Dès la porte passée, nous grimpons sur les remparts tout cabossés, d’où nous apercevons les sommets des habitations, des madrassas et les tours des minarets. Ainsi vue, avec le soleil bas, la ville semble un souvenir soufflé du désert. Nous y descendons. Après les premières habitations, toutes les rues de l’hypercentre historique ont été refaites. Très plates et très propres. Les madrassas sont reconverties en musées ou restaurants. De prime abord, l’architecture nous séduit et nous impressionne. Néanmoins, elle paraît parfois un peu trop « lisse », la restauration est visible dirons nous. De plus, nous croisons de nombreux groupes de touristes âgés parlant des langues européennes. Il n’y a aucun habitant hormis les vendeurs. D’une certaine manière, nous avons l’impression que la ville a été reconvertie en un centre dédié au tourisme. Nous n’oublions pas que nous sommes là pour les mêmes raisons qu’eux. Nous prenons le bon côté en rencontrant deux français de l’Est de la France. Le soir, le frais réapparaît. Après des mois de chaleurs, c’est une caresse de fraîcheur que nous accueillons avec plaisir.
Le lendemain, pour visiter il faut acheter un billet général. Cela revient un peu cher. Mais par chance nous les achetons au taux de conversion ancien, plus avantageux. Une semaine avant notre entrée en Ouzbékistan, il y avait deux manières d’échanger les dollars : le marché officiel et le marché noir. Le premier équivalait à 1$ pour 4000 som, le second 1$ pour 8000 som. Donc tout le monde échangeait au marché noir, mais la loi a changé pour passer le taux officiel à 1$=8000som. Ainsi, et avec l’appui de nombreuses campagnes publicitaires, le gouvernement essaie de mettre fin à ce marché parallèle. Nos tickets en poches, nous entamons notre visite. Dans la réalité, pour certains lieux il y a de nombreux extras, comme pour certains mausolées ou minarets. En premier d’ailleurs nous visitons un mausolée à la coupole vert d’eau, recouverte d’un film de poussière. L’intérieur est richement décoré, tout couvert de motifs majoritairement bleus et blancs, aux formes ondulantes répétitives. Puis nous montons à un minaret. L’escalier aux marches hautes et raides, avec de rares ouvertures de lumière, mène à superbe point de vue. Au loin même, là où le désert reprend des couleurs, nous apercevons le Turkménistan (si nous n’avons pas pu le traverser au moins nous l’aurons vu). La vue sur la ville est grandiose, nous croirions à une sculpture de sable surmontée de quelques coupoles bleutés.
Nous faisons beaucoup de musées (car la ville en est pleine et nous avons un billet pour tout) qui se révèlent souvent des façades au contenu très limité, pour ne pas dire quasi des décors vides. Surtout que des fois nous y trouvons des aberrations, comme des statues de plâtres représentant des bouddhas ou des sphinges, avec écrit dessous « Sculptures zoroastriennes » (1ère religion monothéiste située en Perse). Le musée de la photo retient notre attention avec son témoignage tangible du passé. Nous nous rendons compte que les coiffes de laine papakha façon afro étaient déjà là pour prévenir du froid. Aujourd’hui, tristement, dans les étales, venus de Chine ou de Russie, il y aussi des fourrures de lynx blanc. Par ailleurs, le harem, avec les beaux plafonds sculptés est très beau (toujours sans contenu par contre). L’ancienne papeterie, avec sa mosquée attenante remarquable nous plaît. Une autre visite nous plaît particulièrement, une ancienne mosquée dont le plafond est tenu par des colonnes sculptées en bois (que nous retrouverons partout ensuite dans le pays). Leur base est mince, elles sont ensuite légèrement bombées pour s’amincir progressivement en s’élevant. Chacune est sculptée différemment, c’est un très bel artisanat. Également, de nombreux suzanis (tissu qui était offert en dot pour un mariage) sont aussi en vente, ils sont magnifiques, de différentes qualités de soie. Souvent parés de grenades (fruit représentant la famille), de fleur de coton (pour la réussite) et piment (pour écarter le mauvais œil). Nous voudrions en acheter plusieurs tant certains sont exceptionnels. Nous savourons la ville en la dessinant, un peu à l’écart. Plus tard Barbara continue les coups de crayons, Aurélien va sur les remparts regarder la nuit couvrir la lumière du jour. Barbara croise Jonathan, c’est tous les trois que nous dînons agréablement. Notre petit plat favori, complet, économique et traditionnel est la soupe lagman. (composée de morceaux de légumes et de nouilles). Malgré tout ce coté touristique, dans nos cœurs, Khiva nous a conquit et nous a fait vivre une petite ellipse au temps des caravanes.
Nous rejoignons Urgench avec l’idée de réussir à prendre un bus pour Boukhara, il y en a c’est une évidence. Après un mini-bus, nous marchons dans la ville en direction de la gare. Proche de moins d’un kilomètre de celle-ci, un taxi nous propose gratuitement de nous y déposer. Nous le remercions, sauf qu’il ne nous lâche pas. Nous rentrons dans la gare pour demander des informations, à peine nous posons notre question qu’il crie en même temps quelque chose. Au comptoir, la dame nous répond « no bus ». Un train, au moins pour Samarkand « No train today », et d’ajouter « Only taxi ». Le jeu d’acteur en moins car le mensonge est palpable honteusement. Pour le dire simplement : c’est un foutage de gueule royal. Sur ce point, à cause des mous-taxi-ques avec qui il faudra toujours négocier, être chahutés au milieu des prix criés, notre voyage ouzbek sera biaisé. C’est éreintant alors que les ouzbeks sont capables de tant de gentillesse. Le crapaud nous dit « 50$ Boukhara », nous lui répondons «5$ » en le quittant. Nous repérons un regroupement de taxis, remontés comme jamais nous obtenons le prix souhaité, qui se révélera le bon car l’ouzbek qui nous accompagne paiera pareil. D’ailleurs celui-ci nous montre une vidéo commémorative du président Islam Karimov, mort l’an dernier. Les cinq-six heures de taxi à travers le désert de Kyzylkoum, nous font nous rendre compte à quel point le pays est couvert de désert. Quelquefois, nous traversons des villages et apercevons à toute vitesse la vie locale.
Déposés au bazar de Boukhara, nous repérons les bus citadins. A l’intérieur un monsieur entame la conversation, toujours avec cette gentillesse ouzbek. Nous descendons, trouvons l’auberge. Il est 17h, comme nous n’avons pas mangé, nous y allons au son d’un tube ukrainien que nous entendrons souvent. Revigorés, nous faisons une petite ballade du soir avec les mêmes premières sensations qu’à Khiva. Cependant la ville est différente, il y a un très beau bazar dans lequel des marchands vendent des ciseaux en forme de cigogne. Une madrassa et une mosquée se font face, deux superbes édifices surmontés de coupoles turquoises. Entre eux, un minaret dépourvu de couleurs mais tout sculpté s’élève. Il est très beau dans sa couleur argileuse. Sa restauration est superbe. Le cœur historique, encore en restauration par certains recoins, est magnifique. Encore plus avec les couleurs chaudes de fin de journée. De retour à l’auberge, nous rencontrons Andréa. Jeune française de 23ans, qui après avoir étudié en Chine rentre en vélo jusqu’en France pour son second semestre à l’INALCO. Si les mots gentillesse et sourire devaient être personnifiés, ce serait elle. Elle qui n’avait pas de préparation physique a réussi à faire le Pamir seule et arriver jusque là. Clairement, elle démontre qu’un voyage, c’est en s’y engageant qu’il devient possible. C’est un vrai coup de cœur. De même, il y a l’italien Angélo, 62ans et sa voiture de 23ans, Ahmed et Alban deux français en voyage dans le pays. L’auberge Rumi est un point de rencontre de différents voyageurs.
Le lendemain, le petit-déjeuner est de loin le plus délicieux que nous ayons eu à manger jusqu’à maintenant. Crêpes succulentes, porridge tiède, samsa au potiron légèrement sucré, thé. Nous faisons le constat que notre voyage ouzbek va vite, trop vite pour nous. En peu de jours, nous avons fait beaucoup de kilomètres. C’est avec plaisir que nous prenons le temps de discuter avec Cat la néo-zélandaise, Tamani la japonaise, puis longuement avec Andréa. D’ailleurs c’est tous les trois que nous partons en direction opposée de la ville touristique pour trouver une cafétéria locale pour se restaurer. Ce sera notre repère culinaire des jours suivants. De retour à l’auberge, nous rencontrons Muriel et Laurent, deux français de Charente-maritime qui ont superbement aménagé l’arrière de leur pick-up (tous les détails sur leur site http://moemoea-trip.blogspot.fr/ ). Ils sont géniaux, nos récits de voyages échangés sont tous croustillants. Ensuite, avec Andréa nous allons explorer la ville non-touristique. A l’auberge, c’est de nouvelles rencontres toutes aussi intéressantes les unes que les autres, les trois copines françaises sympathiques Elise, Natacha et Claire. Jason l’américain tendre, Sam l’australien adorable, Lara et Raphaël (suissesse et allemand) les tranquilles. Pour parfaire le tout, les propriétaires mi-iranien mi-tadjik sont supers !
La nuit est fraîche et le matin confirme que nous avons perdu plusieurs degrés. Il pleuviote, le ciel est gris. Malgré tout nous nous mettons en quête du Tchor Minor. Nous le trouvons au milieu d’un quartier d’habitations, pour une fois la réalité est plus décevante que nous le pensions, bien que les quatre tours qui surplombent le dôme bleu soient toutes différentes. L’édifice souvent en couverture des guides est loin d’être incroyable. Nous poursuivons jusqu’au palais d’hiver où nos billets sont refusés (c’était ceux de Muriel et Laurent valables deux jours normalement). Tant pis, Barbara rentre, Aurélien poursuit jusqu’au mausolée Ismaël Samani, plus vieux monument musulman. Les ouzbeks ne s’orientent pas très bien dans leur ville, avant d’y arriver Aurélien a eu droit à toutes les directions. Le Mausolée est tout petit, il semble être une sculpture de sable finement ciselée et qui pourrait se défaire au moindre souffle. Il dégage une aura majestueuse. Au retour, avec l’aide de Sam, nous rédigeons une lettre en anglais pour proposer à des croisières de travailler pour elles gratuitement en échange de traversées. En plus, Sam est technicien du spectacle à Sydney. Nous passons le lendemain à travailler à l’organisation du voyage.
Le 30 septembre, nous décidons de prendre le train (et y arrivons) pour rejoindre Samarcande. Ville mythique qui résonne dans nos mémoires de rêveries. Mais aussi, dans une moindre mesure, ville qui nous rappelle nos proches lors de nombreuses parties aux Aventuriers du rails, notre jeu de société favori. Cette fois nous nous y rendons en vrai train ! A l’intérieur du wagon, est diffusé sur un écran un concert d’une chanteuse certainement populaire. Culturellement, depuis notre entrée dans le pays, nous sentons que la musique et la danse sont importantes ici. La plupart des télés diffusent des clips de musiques ouzbeks à longueur de journée. La gare est très belle, parée de grands lustres. Nous rejoignons notre auberge.
Les dortoirs ne sont pas mixtes. Aucun n’a bien dormi, Barbara réveillée dès 6h du matin par les japonaises et une italienne rentrées en état d’ébriété plus qu’avancé. Aurélien empêché de dormir par les ronflements monstrueux d’un sud-coréen. La ville est connue notamment grâce à Amir Timur le boiteux (ou Tamerlan) qui en fit sa grandeur. Ce grand conquérant de la période XIVème aura eu une ambition sans limite. Avant sa mort, il essayait encore de conquérir la Chine. L’autre grande particularité de Tamerlan est qu’il aura été un des plus grand sanguinaire de l’Histoire. Il serait responsable de la mort de plus 5% de la population mondiale de l’époque. Première étape de notre visite, le Régistan. Ensemble composé de trois édifices (mosquées et madrassas) en un même endroit. Facilement, nous devinons le dôme bleu à gauche ajouté par les soviétiques lors de leur rénovation (car ils ont été les premiers à entreprendre les travaux). L’ensemble est très beau, fait de cours intérieures dans lesquelles le regard se promène sur les façades ornées de couleur. Il y aussi des boutiques, des artisans, nous pouvons même découvrir l’atelier d’un céramiste. Aussi, peut-être est-ce parce que c’est dimanche, les ouzbeks qui visitent sont tous en très beaux habits et sont plus que ravis qu’Aurélien leur demande de les prendre en photo. Ils sont même très à l’aise à prendre la pose. A peine le déclic de la photo, que la dame s’approche de lui. Ni une ni deux, elle met dans sa main une boule blanche irrégulière très dure et lui fait gober l’offrande. Ce qui fait rire tout le monde. Heureusement que Barbara n’a pas pris la photo, il s’agit d’un fromage imputrescible du nom de Kechek que les ouzbeks préparent à la main et font sécher sur la toile de leurs yourtes. Autant dire qu’il faut un certain temps en bouche pour que la boule commence à se défaire.
Dans la foulée nous allons à la statut Islam Karimov, qui est inaccessible à cause de célébrations (plus tard nous apprendrons que c’est le Jour des professeurs). Nous visitons une mosquée d’un très grand volume. L’intérieur de sa coupole est incroyable, bleu marine orné de motifs dorés brillants. Étrangement, nous constatons qu’il nous revient moins cher de manger au restaurant que de faire des courses. Le lendemain, nous visitons le Mausolée d’Amir Timur mais qui n’est clairement pas à la hauteur de la vie de l’homme. Aurélien fait un bref passage au cimetière, où les familles construisent de nombreux mini-mausolées pour leurs ancêtres. Sur le retour il recroise Ahmed qui attend son train de nuit. Puis attendant les lumières nocturnes magnifiant le Régistan, il revoit Elise, Natacha et Claire revenues d’un séjour à la montagne. Nous qui étions en manque de nature, cela tombe à point nommé. Autour d’un dîner, nous échangeons autour de nos voyages. Elles voyagent souvent entre copines, elles nous glissent le nom de Sentyab. Elles sont allées dans les montagnes en voyage organisé. Nous devrons nous débrouiller pour aller randonner dans la nature.
Le 3 novembre, nous passons la journée à organiser la suite. Le soir nous partons revoir une dernière fois le Régistan de nuit, décidément très beau. Le lendemain, nous cherchons par nos propres moyens à rejoindre Sentyab, village dans les montagnes. Première étape réussie pour rejoindre la ville principale de Djizak . De là tout se complique, la seule et mince information que nous avons est qu’il y aurait un bus qui partirait de la ville d’à côté. Un taxi accepte de nous y conduire, mais une fois dans le village aucun bus. Il nous amène voir un de ses amis qui parle anglais. Nous expliquons la situation, il nous dit que c’est compliqué. Il traduit par écrit et à l’oral, et au chauffeur de nous conduire à la gare routière. Le chauffeur accepte. Mais à peine l’ami reparti, il nous propose un prix exorbitant pour nous conduire jusqu’à Sentyab. Nous refusons et demandons le bus. Il nous dépose au milieu d’autres taxis, qui eux ne vont pas à Sentyab. Comme il nous a menti, nous refusons d’aller plus loin et partons à pied. Nous mangeons. Il revient vers nous plusieurs fois. Nous ne savons pas vers où nous diriger, nous hésitons à ne pas y aller mais notre envie est plus forte. Plusieurs fois le chauffeur revient à la charge, sans baisser suffisamment son prix. Cela dure des heures. A un moment il rappelle son ami, nous expliquons tout. Nous lui disons que nous ne bougerons pas de notre prix car il nous a menti, surtout que nous savons que nous payons déjà très cher. Le chauffeur finit par accepter. A peine nous lui donnons l’argent, qu’il en donne une partie à un autre qui nous conduira. Nous n’en revenons pas, il a pris une commission juste pour nous avoir amenés à l’autre. Tant mieux aussi, nous en sommes débarrassés.
Nous faisons route vers Sentyab. Peu à peu nous quittons villes et villages, filons à travers le un paysage somptueux. A gauche, des champs se jettent aux pieds de montagnes rocheuses irrégulières, à travers lesquelles filtrent des raies lumineuses. De l’autre côté, un horizon plat, d’où apparaîtra l’étendue du lac Aydar Ko’l . Dans les étendues, les bergers et leurs troupeaux tachettent ponctuellement le décor. Nous roulons, ralentissons aux gré des checkpoints et animaux passants. Il est 17h passé quand nous quittons la route principale pour prendre un chemin plus que cahoteux. Enfin nous arrivons à l’Homestay Rahima. Gulnural nous accueille avec son chien, béret vissé sur la tête et long manteau. Il nous annonce le prix. C’est plutôt très cher, d’autant que nous sommes seuls. Nous négocions. Nous expliquons que nous voulons dormir cette nuit et demain partir faire une randonnée. Il nous demande de rester deux nuits, comme cela il fera un geste, mais il nous fera un seul enregistrement. Marché conclu, nous dormons cette nuit, demain nous sommes en autonomie, et dormons le sur-lendemain. Pendant que Barbara expérimente le maigre filet d’eau froide de la douche, Aurélien part se promener. Grimpant une petite colline pentue et glissante, il dessine le versant d’en face. Une quarantaine de minutes plus tard, alors que la nuit est là, un petit garçon apparaît sur la crête de la colline. Pas apeuré, ils échangent quelques bouts de phrases. Puis il le guide sur le bon chemin dans l’obscurité. Sacré petit homme ! Le dîner du soir, servi dehors (il fait plutôt très frais) est délicieux. Le chat et le chien nous accompagnent. Nous préparons nos affaires, impatients d’aller randonner et nous couchons dans la chambre humide.
Un beau soleil accompagne nos premiers pas. Nous marchons vers l’intérieur de la vallée en suivant l’unique chemin qui traverse le village et borde les habitations. Les premiers villageois croisés, tadjiks pour la plupart, répondent à notre Salom en ajoutant la question « Oktuda ? ». Merci Gwen et Oliviers (rencontrés à Boukhara et Samarkand) qui nous avaient expliqué la signification « D’où venez-vous ? ». Certains nous font la conversation tout sourire, d’autres à côté ou à dos d’âne marchent le long de la route. L’âne est ici un animal essentiel à la vie de montagne, il transporte toute sorte de marchandises, à commencer par les humains. Nous en croisons plein, quelquefois une oreille en moins (pour éviter des infections dues à des blessures), les nasaux ouverts pour qu’ils s’essoufflent moins. Le village alternent maisons de pierre abandonnées et maisons plus récentes, qui laissent échapper la fumée de la cuisine. Les enfants croisés nous demandent des stylos, il est vrai qu’il est très compliqué d’en trouver dans le pays. Tout est paisible sur ce chemin qui suit le cours d’eau. Paraît-il qu’il y a deux chemins, un menant à une cascade, l’autre à un lac. A un croisement, un monsieur nous conseille à gauche. Nous hésitons et puis y allons. Après une bonne montée, nous débouchons sur un village entièrement abandonné. Toutes les maisons de pierres sont abîmées par l’abandon ou le recyclage de leur matériau. Le temps semble s’être arrêté. Nous redescendons, et avant la pause déjeuner croisons un couple d’allemands.
Nous reprenons le chemin, quelquefois nous traversons la rivière. Il y a toujours des maisons, nous rencontrons toujours des habitants à dos d’âne. Au moins, si d’aventures il nous arrivait quelque chose tout le village est courant de notre présence ! Les versants des montagnes dégagent une beauté brutale. A les observer, nous soupçonnons la violence du choc qui a crée ces géométries minérales. Il est facile de voir comment les côtés se sont soulevés en se rencontrant. Au bout d’un moment, le chemin se sépare du cours d’eau. Nous continuons mais il est déjà 14h30 passé. Le soleil devrait disparaître derrière les sommets avant 17h. Nous nous mettons en quête d’un emplacement. Mission pas facile tant les versants sont pentus, de ne pas être dans le courant d’air et être à l’écart des habitations. Nous trouvons notre bonheur vers 16h dans la fondation d’une maison abandonnée et dépourvue de toit et de murs. En contrebas, en face, une habitation. Barbara dresse le campement pendant qu’Aurélien s’occupe du dîner. Avec notre petit réchaud à bois, nous faisons chauffer nos nouilles chinoises et l’eau du thé. Nous sommes comblés tant le paysage qui nous entoure est beau. Nous prenons le temps de nous imprégner du paysage, mouvements figés de la Nature. Nous rentrons dans la tente tôt, Barbara lit, les bergers rentrent en chantonnant.
Plic-ploc, la pluie s’échoue sur la toile au petit matin. Heureusement la tente double parois que nous avions achetée est d’une très grande qualité. Rien ne passe. Nous patientons. Par contre, ne pensant pas qu’il pleuvrait, nous n’avions pas fait de rigoles sur les côtés. En plus nous sommes dans une cuvette, l’eau qui s’écoule tombe dans la bâche du sol. Malgré tout l’eau ne s’infiltre pas, mais humidifie nos affaires. Un moment d’accalmie, nous plions le campement et avalons le petit-déjeuner. Retour sous la pluie fine vers la l’Homestay Rahima. Nous y retrouvons un groupe de quatre allemands croisés à Samarkand ravis de notre présence. Nous étendons, nettoyons et épongeons notre matériel. Nous patientons ensuite la journée entière dans la chambre humide et froide, en secouant de temps en temps la tente. Nous écrivons le blog en attendant le repas du soir. Au dîner, cette fois nous mangeons en intérieur (alors que la température est la même que le premier soir…). Le guide des allemands répond à nos questions, notamment pourquoi certaines jeunes filles sont toutes couvertes de vêtements à ne rien voir de leurs corps. Simplement pour préserver une peau blanche du soleil. Il est étonné que nous ayons dormi seuls, les allemands encore plus à cause de la présence éventuelle de loups. Comme le confirme le guide, ce n’est pas la saison où ils sont présents. De plus, ils ont ce qu’il faut comme nourriture avec tout le bétail qu’il y a. Le repas est un plov, plat traditionnelle ouzbek composé de riz, carottes et de mouton.
Le lendemain, au petit-déjeuner c’est l’hécatombe pour nos amis outre-rhin : deux allemandes sont malades de la veille, la troisième pas très bien, Stefan est le seul à être ok. Nous sommes un peu barbouillés, mais certainement que nos estomacs sont plus solides avec le voyage. Nous faisons nos adieux et partons pour rejoindre la route principale à environ 8km. Nous prenons le temps de converser avec un vieux monsieur sur le chemin. Nous ne parlons pas la même langue mais nous nous comprenons parfaitement ;D. La marche est agréable surtout que nos sacs sont plus légers maintenant que nous portons sur nous nos tenues d’hiver. Nous arrivons à la grande route. Nous nous positionnons sur le coté comme pour faire du stop mais ici la pratique est d’arrêter les voitures en mettant le bras parallèle au sol. Hélas, il y a peu de voitures et elles sont chaque fois pleines. Une petite fourgonnette s’arrête, oui ! Les passagers endimanchés descendent car ils veulent faire des photos avec nous ! Alors que nous nous plions à l’exercice, deux voitures vides nous passent sous le nez. Un des ouzbeks a les dents en or, ils sont très nombreux dans les pays de l’ex-URSS en se couvrir les dents ainsi. Signe de richesse, héritage ou en cas de problème, nous ne savons pas l’exacte raison.
De retour, seuls sur la route. Au bout d’un certain moment, une voiture s’arrête, nous dépose à la petite ville du coin, d’ici nous trouvons un taxi pour Djizak. Nous avons payé 4 fois moins qu’à l’aller. De retour à Djizak , après le midi, nous partons en direction de Tachkent. Une table à repasser le long des portières fait aussi le voyage. Après les nombreuses 405 iraniennes, sur les routes ouzbeks nous trouvons principalement des Chevrolets (qui a longtemps eu le monopole), dans une moindre mesure des Daewoo. A la station de taxi, nous prenons le métro. Les tickets sont semblables à des jetons de loto. Les informations ne sont pas très bien indiquées, heureusement une jeune ouzbek apprenant le français se charge de nous aiguiller. Le métro est propre et bruyant. Les regards se tournent sur nous.
Enfin dans la capitale, nous sommes surpris de découvrir que des voitures d’autres marques circulent dans la ville. Mais la plus grande surprise est lorsque nous arrivons à l’hôtel. La femme est très embêtée car il nous manque deux enregistrements (1 pour notre nuit dans la tente, l’autre que Gulnural n’a pas voulu faire). Elle nous dit que cela peut nous poser de gros problèmes à la frontière, nous lui expliquons la situation. Constatant qu’il s’est mis l’argent dans la poche illégalement pour la deuxième nuit, elle rectifie l’enregistrement manuellement. Nous passons les journées suivantes à laver toutes nos affaires, travailler sur la suite du voyage et le blog. Nous changeons d’auberge, non pas que la première n’était pas confortable mais qu’internet ne fonctionnait pas bien. Pour préparer la suite du voyage ce n’est pas très pratique. La deuxième est aussi jolie que la première et le matin, Avi (ou Mustafa) nous régale d’un délicieux petit-déjeuner (nous cuisinera même un plat typique juif). Décidément l’Ouzbékistan aura été un pays où il faisait bon de se lever tôt. Nous lui posons plein de questions. Par exemple, avant de prendre la route, les ouzbeks se passent les deux mains en les joignant en triangle sur le visage. C’est pour bénir le trajet, quand ils le font en route, c’est que nous passons à côté d’un cimetière.
Nous rencontrons Laure, une parisienne travaillant dans la mode. Elle connaît même le Manko (où nous travaillions). C’est un réel plaisir de retrouver des discussions parisiennes, de faire sa connaissance. Une très belle rencontre amicale que nous avons hâte de poursuivre dans le futur. Nous vous conseillons de jeter un œil à son super Comptoir Nomade ( https://www.facebook.com/lecomptoirnomade/ ). Comme elle nous nous décidons à aller voir un spectacle à l’Opéra Navoï. La nuit l’éclairage de l’édifice change, il a été construit par des japonais-prisonniers à l’époque soviétique. L’intérieur est beau, la salle de faible capacité. Le rideau rouge de velours est magnifique, c’est plaisant de se retrouver dans une salle de spectacle. Entendre toutes les conversations sans les comprendre jusqu’à l’extinction lumineuse. Les poursuites sont grises et ont un côté rétro. En première partie, nous avons droit à un spectacle de danses traditionnelles d’Ouzbékistan aux sons de musiques rythmées. Les danseuses sont très douées, synchrones et précises. Elles jouent beaucoup sur les chorégraphies de groupes, de hauteurs, et surtout de jeu des mains. Très impressionnant comment elles exécutent des mouvements rapides avec celles-ci. Le spectacle est édulcoré, joyeux. C’est une projection hyper positive du pays. En seconde partie, c’est le ballet en 1 acte, la scénographie est ingénieuse, très minimaliste, ce sont des toiles peintes suspendues en trompe l’œil.
Quelquefois nous visitons la ville, nous allons voir le Cirque (seulement ouvert pour les fêtes de fin d’année), nous visitons le grand bazar. Le métro a un vrai côté voyage dans le temps. Nous avons l’impression de nous retrouver dans le passé, à une autre époque. Également nous faisons le Musée des Arts Décoratifs, pas très grand mais qui se révèle une très belle visite. C’est un très beau panorama des différents artisanats ouzbeks. Mais principalement nous nous concentrons sur notre travail. Nous hésitons énormément à traverser le Kirghizstan pour rejoindre le Kazakhstan. Les paysages kirghizes semblent somptueux, mais il semble que les routes (souvent à plus 3000m d’altitude) sont déjà gelés et impraticables à cette époque de l’année. Nous abandonnons l’idée, ce sera l’occasion d’un autre voyage. Le 15 octobre, c’est l’heure du départ pour le Kazakhstan. A la sortie du métro nous prenons un bus qui nous mène à la frontière. Aucun contrôle de nos enregistrements d’hôtels, ni de nos sacs. Tout est en règle. A la vue de nos passeports français, le dernier soldat ouzbek avant le Kazakhstan, kalachnikov en bandoulière, nous chante en français Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse…