Spectacle de danse – Corée du sud
Mardi 13 juin 2017 – Festival international de théâtre de Sibiu
Chorégraphié par Boram Kim- Par la AMBIGUOUS DANCE COMPANY
L’habituel brouhaha du public, les lumières s’éteignent. Le noir se fait dans la salle, la musique commence. De la batterie qui se transforme rapidement en beat et musique électronique. Retour de la pleine lumière sur l’espace des spectateurs. Les danseurs se lèvent des sièges ça et là disséminés dans le public. Facilement reconnaissables, ils sont habillés en costumes vestes et pantalons noirs, chemises blanches, bonnets de piscine noir et lunettes de piscine aux reflets anti-uv.
Leurs premiers gestes dansés vous font immédiatement comprendre que le spectacle va être génial. En file devant le public, alignés dans l’escalier central. Sur de la musique de Daft Punk, ils entament une danse mélange entre la street dance et des mouvements plus classiques. Un mix entre danse brute et légèreté, d’influences différentes selon le tableau (10 au total). Chaque enchaînement est exécuté avec une rapidité extraordinaire, tous les mouvements de chaque partie du corps sont vifs et précis. C’est tout simplement hallucinant de voir autant de corps se mouvoir ainsi. La musique se calme, ils se dirigent sur la scène, pas de décor, juste eux et leurs chorégraphies.
Les tableaux s’enchaînent mêlant chorégraphie de groupe, en couple ou solo. Ils virevoltent tels des ninjas dansants. Alternant hip-hop, danse contemporaine et classique. Danses de la mort d’une virtuosité inouïe. Les rythmes des chorégraphies varient. Ils sont capables d’enchaîner des postures avec une explosivité presque inhumaine, les mouvements sont d’une extrême rapidité et les arrêts d’une incroyable précision. D’autre part, dans la foulée, ils poursuivent avec une chorégraphie lente, ou chaque ondulation corporelle devient quasiment imperceptible. Techniquement c’est du très haut niveau de maîtrise gestuelle. Chaque détail, jusqu’au petit doigt, est à chaque fois démesurément net et intentionnel.
Le spectacle se nomme Body Concert car les chorégraphies et les corps jouent avec la musique. Parfois en accord avec son rythme, parfois en jouant d’avantage avec sa mélodie. Par exemple, là où sur une musique de clavecin la courte course des doigts permet de jouer les notes, leurs explosivités corporelles leurs permettent de coordonner leurs postures au changements de notes. Au delà de la performance, Body Concert résonne aussi comme un chant de la pulsation singulière de nos corps. Un éloge de la corporéité et de nos différences. Là où au début ils étaient tous habillés de la même manière, non identifiables avec leurs bonnets de bains et lunettes de piscines. Les premières chorégraphies sur scène sont le vivre ensemble, comment s’intégrer (réussir?) à un groupe, comment la répétition d’un geste (le travail?) amène à l’épuisement de la danseuse qui l’effectue. Petit à petit, les danseurs se singularisent. A deux ils s’accompagnent dans différentes chorégraphies, en ligne chacun développe sa gestuelle. Aussi, ils enlèvent la veste, puis la chemise et enfin le pantalon. A la place du pantalon, ils ont chacun un legging de couleur différente des autres. Visuellement ils deviennent facilement identifiables, ils reforment un groupe ou chacun s’exprime corporellement. L’homogénéité nuit à l’expression individuel, Body Concert est un chant du retour au corps et à la danse. Nous avons clairement adoré ! Nous sommes ressortis de la salle tout bizarres, heureux et des étoiles pleins les yeux !