Du 26 juillet au 1er août – La Bulgarie : Sofia, Plovdiv, Buzludja
A la recherche des inaccessibles…
Dans l’article précédant, nous vous avions laissé avant la frontière Bulgare quand Alexander, nous avait fait monté dans son camion à Serres, en Grèce.
A l’arrêt à la frontière Grèce-Bulgarie, nous sommes dans une très longue file de camions qui patientent. Ce qui nous laisse le temps de découvrir Alexander et de faire retomber la température de nos corps à la fraîcheur de la cabine (il faisait très chaud ce jour là). Alexander est un routier bulgare, il est papa d’un garçon et bientôt d’une fille. Son arrêt final aujourd’hui est Blagoevgrad, ville située à environ 1h de Sofia. Parfait pour nous. Nous parlons de pleins de sujets notamment politique et économique. C’est un leader syndicaliste du syndicat routier bulgare, il est très impliqué dans les mouvements. Si nous attendons à la frontière, c’est nous dit-il « à cause de l’administration bulgare ». Il ajoute que nous nous sommes chanceux, nous devrions attendre deux petites heures seulement. Il y a peu de temps encore les routiers attendaient souvent plus d’une journée tellement les contrôles étaient lents ! Face à cette situation, Alexander a décidé de faire bloquer une première fois la frontière deux jours. Sans réactions efficaces du gouvernement bulgare, il avait relancé le mouvement mais cette fois six jours. Et là les choses ont avancées. Seuls les camions attendent, pas les voitures. Les contrôles n’ont pourtant pas l’air très long ni très importants, mais il manque sûrement du personnel. Comme il conclut, de toute façon « Pour les politiques, toutes les questions sont comment contrôler l’argent et ce qui l’entoure ». Il nous apprend aussi que la loi Macron permet aux chauffeurs routiers d’être payés au même salaire que celui des français lorsqu’ils roulent en France. Cela permet d’éviter le dumping social et aux routiers d’avoir des meilleurs salaires. Au moins une chose que cette loi aura fait de positif. Au contrôle de la frontière, Alexander nous fait signe de descendre. Que nous soyons trois ne pose pas de soucis (voir article Hongrie), arrivés à la cabine, le garde frontière nous demande en français aux accents bulgares « Bonjour, comment tu t’appelles ? », et de conclure avec le sourire « C’est bon. ».
Les premiers paysages de la Bulgarie sont magnifiques, c’est très vert et sec à la fois, avec au loin des élévations rocheuses. En outre, les nuages chargés d’une pluie qui ne tombe pas laisse filtrer à merveille la lumière. C’est beau, encore plus d’une cabine de camion. Nous continuons d’échanger avec Alexander qui définitivement est intéressant. C’est le type d’homme qui pourrait être ami avec n’importe quelle génération. Nous rigolons souvent « La Grèce, à part l’Acropole, c’est des pierres éclairées par des spots de la lumière.». C’est caricatural mais parfois vrai. Un peu plus loin, nous faisons un arrêt pour décharger une partie de la cargaison. Ce sont des palettes d’isolations type laine de verre. Après avoir vidé la moitié du camion, nous repartons. Nous nous engouffrons dans une vallée magnifique et très verte. Nous longeons la rivière Struma qui est bordée de falaises. Cela nous change de la Grèce et de ses étendues sèches. D’ailleurs, les nuages sont de plus en plus menaçants, mais Alexander nous dit que c’est souvent ainsi, mais qu’il ne pleut pas. Nous arrivons à destination, il nous dépose à une station essence comme promis. Blagodarya ! (Merci). Son sourire nous rend encore plus heureux de ce chouette moment passé ensemble.
Par contre il est presque 20h, la nuit s’annonce bientôt. Nous hésitons à manger (nous avons sauté le repas du midi), ou poursuivre. La deuxième option nous apparaît plus raisonnée. Alors que nous écrivons Sofia sur notre ardoise, une famille avec une grosse chevrolet s’arrête. Nous tentons notre coup. Aurélien remarque la plaque roumaine, attend que le fiston et le mari rentre dans la station-service et aborde en roumain la mère. Elle ne comprend pas, mais il enchaîne en anglais en expliquant le projet et montrant notre atout magique (la carte de notre itinéraire à la main). Ils vont à Sofia, mais elle nous dit qu’ils sont trop chargés. Nous insistons gentiment. Elle nous dit qu’elle va voir si c’est possible. Le mari est moins tenté. A son tour elle insiste pour nous. Avec son mari, ils ouvrent le coffre, un seul sac rentre dans un coffre bien plein. De plus, ils sont déjà trois. Nous disons qu’il n’y a aucun problème pour nous de faire la route avec le sac d’Aurélien sur les genoux. C’est d’accord ils nous emmènent. Avec la maman, nous sommes serrés derrière mais nous ne disons rien. Nous nous savons chanceux, d’autant plus qu’ils sont sympathiques. Ils sont ingénieurs bulgares (d’où l’incompréhension du roumain) et reviennent de vacances de Grèce. Il est moins de 21h, nous sommes heureux d’arriver à Sofia en moins d’une 1h. En plus, ils ont la grande gentillesse de nous demander l’adresse de notre auberge de jeunesse. Nous sommes gênés mais ils insistent. Après la très longue et pavée avenue Vitocha, ils nous y déposent et nous souhaitent bonne chance. Merci.
Nous posons nos sacs dans le dortoir, faisons nos lits et allons chercher de quoi manger. Il est presque 22h, après s’être montrés patients toute la journée, nos estomacs sont mécontents. Nous tournons un peu mais nous ne trouvons rien d’ouvert dans les proches alentours. Finalement nous tombons sur un restaurant japonais. Nous nous laissons tenter même si ce n’est pas très local pour une premier repas bulgare !:D Le serveur (qui doit avoir à peine 20ans) est très gentil et parle français. Il nous apprend que sa mère est bulgare et son père japonais, il est né à Tokyo et a étudié au lycée français de Sofia. La nourriture est bonne, le restaurant très joli, nous faisons une parenthèse japonaise le temps d’un repas.
Le 27 juillet : Acte I du visa russe : mission obtention du visa russe pour début novembre. En tant que citoyen français, par conséquent européen, nous avons normalement le droit de faire notre demande dans n’importe pays de l’Union européenne. Après une nuit de sommeil un peu perturbée par des australiens bruyants, n’hésitant pas à allumer la lumière (vers 2h du matin…), laisser la porte ouverte sur le couloir,, nous nous préparons pour aller déposer nos demandes de visas à l’ambassade de Russie. Nous nous faisons tout beau, robe pour Barbara et chemise pour Aurélien, et prenons le métro. Une fois devant l’ambassade, nous sonnons. L’homme qui répond ne parle que russe. Aurélien insiste en demandant une personne parlant anglais, la réponse est maugréante. Il sort et il comprend que nous sommes là pour les visas, il nous fait signe, deux signes de bras très clairs. Tout droit et à droite. Nous allons à l’autre endroit, cette fois un plus gros bâtiment. Nous abordons le garde de la cahute au portail. Il ne parle que bulgare a l’air très embêté. On essaie de se comprendre, finalement il nous donne une carte de l’agence des visas russes avec une autre adresse. Ce n’est pas à côté, mais nous y allons. Nous y sommes, il y a même le symbole de la coupe du monde 2018 de football (qui se déroulera en Russie). Nous rentrons, deux bureaux et une femme. Nous l’abordons avec un « dobredine » et lui remettons nos dossiers de visas. Elle les repousse et nous dit à son tour que ce n’est pas ici, mais à une nouvelle agence. Vous voyez les 12 travaux d’Astérix dans la maison des fous à la recherche du laissé passé 712, hé bien c’est un peu ça ! (on dira pas qui de nous deux est obélix ^^) Pour la troisième fois en moins d’une heure et demie, nous demandons où nous devons aller. Elle gribouille en cyrillique une adresse. Est-ce c’est loin ? « Google map » est sa réponse. La direction peut-être ? « Niet ». Nous essayons quand même de lui demander si c’est sûr que nous pourrons y faire nos visas « No more informations ». Sur cette généreuse amabilité, et comme c’est l’heure du midi, nous nous arrêtons manger des sandwichs. Personne ne sait où c’est autour de nous.
Pendant le repas nous décryptons lettre par lettre en alphabet latin (les bulgares utilisent le cyrillique). Nous appelons l’ambassade russe de Sofia, quelqu’un nous répond en anglais et nous dit que l’agence est proche de l’ambassade de Russie. Petit à petit nous finissons enfin par trouver l’agence. Elle est là devant nous. Nous prenons notre respiration et nos dossiers à la mains. Tout contents nous entrons. La dame prend nos deux dossiers. Très vite elle demande notre carte d’identité. Nous donnons nos passeports français. Elle nous répète qu’elle a besoin de nos cartes d’identités…bulgares. Bulgare ID. Euh, mais nous sommes français et n’avons pas de cartes d’identité bulgares. « Residence permit ? » Non plus. La troisième n’est pas la bonne, elle nous rend nos dossiers en nous expliquant que nous ne pouvons pas faire une demande de visa russe si nous n’avons aucun document prouvant que nous vivons en Bulgarie. Cependant normalement, en tant que citoyen européen nous pouvons faire une demande dans n’importe quel pays de l’UE. Mais là, impossible, rien à faire. C’est une nouvelle fois niet. Nous sortons dépités, il doit y avoir une solution. Nous appelons l’ambassade russe (nous ne pouvons pas y rentrer mais au moins les contacter). La dame me semble de bonne volonté, écoute notre projet, elle me dit de la rappeler dans trois heures. Plutôt dépités, nous rentrons à l’auberge.
Dans ce type de projet il faut toujours avoir des solutions de secours. Premièrement nous nous disons que demain nous irons requérir l’aide et l’appui de l’ambassade française. Deuxièmement, nous explorons les pistes potentielles en cas d’impossibilité définitive en Bulgarie. En Ouzbékistan, le visa semble réalisable, mais à très gros coût (ils n’y acceptent que les lettres d’invitations d’une certaine Svetlana au prix de 190$ la lettre…). L’autre solution, c’est de se rendre dans la capitale de Georgie : Tbilissi. Là-bas il n’y a pas d’ambassade russe, cependant une section d’intérêt russe, à l’intérieur de l’ambassade de Suisse, où l’obtention du précieux document semble plus aisé. Sur un forum spécialisé de voyageur, un couple de notre âge avec un enfant a réussi à y obtenir leurs visas là bas récemment. La Georgie n’était pas prévue sur notre itinéraire, mais elle est frontalière avec la Turquie et nous n’avons pas besoin de visa pour y aller. Éventuellement nous y ferons un détour. Pendant nos recherches, nous tendons l’oreille sur les conversations des tables d’à côté. Aurélien y décèle un accent bien familier. Nous entamons la conversation avec Antonin de Grenoble et Benoît de Toulouse ! Ils font un tour du monde. Première étape l’Europe en voiture, puis ils la vendront avant de prendre le trans-mongole et de faire l’Asie. Ce sont nos rayons de soleil de la journée. Ils sont adorables, souriants, et intelligents. Des amours ! Si vous voulez les suivre sur facebook et instagram: 2 grammes de bonheurs ! Eux nous expliquent que pour le visa russe ils sont passés par visaexpress (que nous connaissons mais qui est cher), mais qu’ils ont été contraints de faire un aller/retour en avion sur Paris pour déposer leur dossier. Nous rappelons l’ambassade russe, ce n’est plus la même personne. La dame est plus claire et plus stricte, en tant que français nous ne pouvons faire la demande qu’en France. Le fait que nous ne puissions pas revenir en France n’est pas son problème. Elle ajoute une information très précieuse que nous n’avions eu nulle part : nous ne pouvons pas faire la demande maintenant car l’entrée en Russie (le 04 novembre) est dans plus de 3 mois (pour rappel nous sommes le 27 juillet).
Nous verrons demain, en attendant nous rencontrons en plus des françaises : Lisa, Anne-Sophie, Agathe et Juliette. Chacune avec son caractère avec des vies étonnantes (une parisienne, vivant à Goteborg, une partie travailler tôt en Irlande, une en instance de départ pour la Nouvelle-Zélande et une qui a vécu et travaillé au Brésil). Cela nous fait le plus grand bien de nous retrouver pour la première fois dans un petit groupe de français. Nous mangeons ensemble en partageant ce que nous avons de nourriture. Après, nous sortons à la recherche d’un endroit pour boire un verre. Nous ne trouverons pas notre bonheur mais cette quête sera l’excuse d’une ballade nocturne des plus sympathiques. Ils sont tous géniaux, nous sommes heureux de les rencontrer. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas passé une aussi bonne soirée. Si nous devions pas nous rendre à l’ambassade française demain, nous aurions bien prolongé la nuit.
Acte II, visa russe. Nous nous levons tôt déterminés à requérir l’aide de l’ambassade de France dans notre démarche. Nous nous y rendons, le soldat à la cahute nous dit qu’il faut un rendez-vous. Nous sonnons quand même…sans rendez-vous impossible de rester. Ils refusent de nous accueillir, nous expliquons la situation « Les règles sont les règles », peut-on au moins rentrer pour vous expliquer notre projet « Non, ce n’est pas la peine. Au revoir ». Encore plus aimable que la dame russe de la veille. Nous hésitons à revenir à la charge. Ce comportement nous choque, à quoi servent les ambassades si ce n’est pas pour aider leurs ressortissants ? Nous contactons l’ambassade russe à Paris. Même refrain, même désintérêt, même point de départ. Fin du chapitre, pas de visa russe ici. Nous rentrons à l’auberge de jeunesse, disons au revoir à Antonin et Benoît en leur souhaitant une belle route. Toute l’après-midi, nous la passons à nouveau à compléter toutes nos informations. Aussi, il faut réorganiser l’itinéraire du voyage. Si nous devons aller une semaine en Georgie, cela change notre calendrier. Il ne faut pas perdre trop de temps sur celui-ci à cause de l’hiver en Asie centrale et des dates des visas pour les différents pays. Le soir, nous nous baladons dans les lumières nocturnes de Sofia. Comme la journée les gens se retrouvent dans les parcs. Je (Aurélien) retrouve le plaisir des photos de nuit. Les rues racontent d’autres histoires à ces heures tardives.
Le matin du 29 juillet se lève. Aujourd’hui, terminé les démarches administratives, nous visiterons Sofia. Nous commençons par la cathédrale orthodoxe Alexander Nevski, qui est une des plus vastes du monde (nous remarquons que les orthodoxes aiment les monuments « les plus… »). Sa construction a commencé à la fin du XIXème pour s’achever au début du XXème siècle en l’honneur des soldats russes et bulgares ayant combattus contre les ottomans. C’est le monument incontournable de la ville. De l’extérieur, on décèle que la forme générale est en forme de croix. On y voit parfaitement les différentes hauteurs. Les étincelantes coupoles couleur or tranchent avec les toitures vertes sales. Par contre les murs sont propres. A l’intérieur, comme toutes les églises orthodoxes il n’y a pas de sièges. Le grand volume peut contenir jusqu’à 10000 personnes. Les croyants allument des bougies, se signent. Sur les murs et au plafonds, les peintures sont recouvertes de plus d’un siècle de fumée noire. Un voile noir couvre les couleurs et rend austères les histoires picturales. Nous poursuivons avec des petites rues mignonnettes, avec petites boutiques originales qu’on trouve seulement dans une capitale. D’une certaine manière, Sofia a des allures mélangées de Budapest et Belgrade, la grandeur en moins. Par contre l’étendue certainement. Aussi, nous remarquons que la ville est étonnamment vide (la nuit aussi). Est-ce parce que nous sommes au milieu de l’été ? Hormis les parcs, où les habitants se retrouvent nombreux, nous traversons des rues avec très peu de passants. La ville est agréable à parcourir mais ne dégage pas un charme propre à elle. D’une certaine façon, nous avons souvent l’impression que nous pourrions être ici et partout à la fois. Malgré tout, plusieurs statues et monuments sont là pour commémorer la gloire de la Bulgarie et nous rappeler que nous sommes dans sa capitale. A midi nous goûtons le tarantor (soupe de yahourt et concombre) et finissons par d’excellentes glaces à la Gelateria Naturale. Nous passons ainsi la journée.
Le lendemain, nous partons de Sofia pour rejoindre Plovdiv en autostop. Après avoir pris le métro et un bus (dans lequel nous remarquons aussi des autostoppeurs), nous sortons de l’autoroute. Nous préparons l’ardoise avec écrit Plovdiv et marchons pour rejoindre la brettelle d’accès. Au petit bonheur la chance, Barbara tend l’ardoise pendant que nous marchons. Une voiture s’arrête devant nous. L’homme sort tout sourire, ouvre son coffre plein de victuailles et nous sert un cidre à chacun. Nos sacs chargés, nous partons en compagnie de Dimitri. Trentenaire, il va après Plovdiv à l’anniversaire de sa fille (d’où les tonnes de brioches dans le coffre). Lui qui ne pensait pas nous parler car il n’a qu’un anglais rudimentaire se révèle très loquace. C’est un peu l’autostop qui veut cela, discuter avec des inconnus que nous ne reverrons pas. Il se surprend lui même de son niveau d’anglais pour évoquer les problèmes de corruption de la classe politique. Il prend l’exemple de la longue avenue Vitocha, refaite pour la 3ème fois en sept ans, avec à chaque fois une partie de l’argent qui disparaît. Sur la route, il nous explique que toutes les voitures allemandes et néerlandaises sont des turcs venant en vacances en Turquie. Il nous laisse à la station-service avant Plovdiv, nous donne deux bananes. Nous le remercions. A la station, cela ne fonctionne pas. Il n’y a que des voitures qui continuent vers la Turquie ou vers la mer. Après une centaine de mètres à pieds, nous montons vers un pont et marchons le long d’une petite route. Première voiture, une belle mercedes s’arrête. Nic, mi-turc mi-bulgare accepte de nous amener jusqu’au centre de Plovdiv, même jusqu’à notre auberge. Merci Dimitri et Nic.
Il est à peine 15h. Il n’y a personne qui nous accueille là où nous devons dormir. Aurélien appelle, la dame nous dit de choisir une chambre et de nous installer. Nous partons ensuite nous promener dans la ville à la recherche de quoi manger. Les premières rues sont incroyablement désertes. Personne. Mais quand nous arrivons à la rue principale du centre piéton, il y a boutiques, restaurants et passants. Nous trouvons dans une petite ruelle des pizzas à la coupe et ils font des tartines. Entreprise familiale, la jeune fille nous sert pendant que ses parents font la cuisine. Très sympathique et très bon. Ensuite, nous flânons dans les rues après avoir récupéré un plan de la ville. Le centre est piéton, cela marque une sacrée différence. Loin des voitures et scooters à éviter, la ballade devient sereine et pleinement appréciable. De plus, le centre est très charmant, fait de maisons aux couleurs douces et moulures harmonieuses. Une mosquée est au centre, héritage de l’occupation de l’Empire Ottoman et signe que nous nous rapprochons de la Turquie. Le long de cette allée, nous sentons que le centre est ancien est que la ville a un long passé. Comme en témoigne par exemple deux tronçons des gradins de l’ancien stade romain conservé sous le niveau de la ville. Le premier est facilement visible dans l’allée (un bar lui fait face), le second est au sous-sol d’un centre commercial qui semble à l’abandon (mais en très bon état). Nous flânons comme les autres passants. Des sculptures accompagnent la promenade. Nous découvrons que la ville sera capitale européenne de la culture l’an prochain. La ville a des faux-airs de Sibiu en Roumanie.
Au bout de l’allée, l’imposant bâtiment de la poste, de style communiste, tranche avec le reste. Nous prenons un autre chemin retour, jetons un œil à l’Odéon (ruines romaines). La ville a connu une apogée sous les romains, notamment les Thraces. D’ailleurs comme Rome et Lisbonne, elle s’étale sur sept collines. Sur le chemin nous grimpons à la vieille ville qui est en hauteur. Elle est faite de rues sinueuses, maisons typiques (comme la Balabanova) et d’architectures surprenantes. De même, on retrouve le style de maisons vues à Ohrid, qui consiste en une base mince, le 1er étage plus large et le second encore plus. Les rues pavées sont pleines de charmes et jolies. D’ailleurs nous croisons deux couples de mariés venus faire des photos. Le musée ethnographique arbore une très belle façade noire avec fioritures peintes en marron. Nous arrivons jusqu’aux ruines de l’ancien château qui surplombe la ville. De là, nous voyons la nouvelle ville qui entoure le centre. Les grandes tours d’immeubles. Nous redescendons vers notre auberge.
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Le soir, nous mangeons les choses qui traînent dans nos sacs : une soupe lyophilisée, des nouilles express achetées en Serbie et des gâteaux secs. Cela va avec le décor, nous mangeons dans une minuscule cuisine, miteuse et à 2 sur une table à la propreté douteuse. Un invité surprise se joint à nous. Un chaton gris tigré nous tient compagnie. Nous le baptisons Plovdiv comme la ville. Il est très rigoloet particulièrement mignon avec ses grands yeux marrons. C’est un curieux qui enchaîne les clowneries. Nous l’adoptons et il nous adopte, nous partageons le peu de nourriture que nous avons avec lui, c’est à dire un fond de soupe avec du gâteau. Ça lui va. Un peu plus tard, quand Barbara passe pour aller aux toilettes, il est encore là, à jouer avec le bord de la nappe. Il gratte à notre porte. Il est vraiment trop mignon.
Le 31 juillet, Acte III du visa russe. Nous n’avons pas abandonné l’idée de faire notre visa russe en Bulgarie. Nous allons tenter notre chance au Consulat de Russie en prenant avec nous notre dossier complet du visa russe. Nous verrons s’ils veulent bien faire nos visas. Nous nous faisons beau, robe et chemise (alors qu’il fait chaud). Nous arrivons devant l’imposante maison noire du Consule. Bon, peine perdue, le consul ne doit pas être là, tout est fermé. D’un côté c’est une porte avec chaîne et cadenas, de l’autre un portail sans réponse. Nouvel échec. Cela nous décide définitivement pour tenter notre chance de visas en Géorgie. Nous allons visiter le théâtre antique qui se situe sur les hauteurs de la ville, il est vraiment en excellent état. La verticalité des rampes d’accès aux gradins nous surprend toujours autant. Le fond de scène a de superbes restes. En bord de scène, nous entendons la voix d’une vieille femme. D’une tonalité de fer, elle dirige autoritairement un groupe de d’enfants d’une dizaine d’années. Sous un soleil déjà bien chaud, ils répètent plusieurs fois une chorégraphie que la dame s’évertue à ce qu’elle soit parfaite. Nous retournons dans la ville, flâner encore un petit peu. Nous découvrons une très belle église orthodoxe, dont une des entrées fait penser à une pagode asiatique. Nous rentrons tranquillement pour manger. Plovdiv et sa maman se joignent à nous pour manger. Ploplo l’escargot (surnom donné au chaton par Barbara) toujours aussi foufou et sa maman n’est pas mal dans son genre. Elle s’assoie contre Barbara et quand celle-ci la pousse, elle se colle encore plus. Elle est très gentille. Nous leur donnons le fond de jus de notre boite de maquereaux. Ils sont heureux ! Pour notre part, nous devons nous organiser pour la suite. Le programme a changé, nous aurons moins de temps en Turquie à cause de l’impératif du visa russe. Aussi, nous planifions la journée de demain.
1er Août, c’est le premier anniversaire que nous fêtons lors de notre voyage. Celui d’Aurélien. Comme cadeau, Barbara offre la location d’une voiture pour que nous allions voir le Buzludja ! Derrière ce nom étrange se cache un monument communiste construit en 1981 à l’architecture retro-futuriste. Seulement, en 1991, avec la chute du bloc de l’URSS, le bâtiment a été abandonné. Nous reviendrons dessus, avant cela cap sur l’aéroport où nous avons été informés (par nos appels de la veille) que nous pouvions y louer une voiture. Des soldats nous accueillent et un nous escorte vers un terminal complètement vide, guichets éteints et café sans serveur. Tout est pourtant neuf, deux femmes de ménage s’assurent de sa propreté mais personne car il n’y a pas d’avion aujourd’hui. Au guichet la dame nous fait au début un prix fort, mais notre prise d’information de la veille nous permet d’avoir la moitié du prix. Pour l’aller, nous décidons de prendre la petite route. Elle est déserte, nous croisons quelques villages, un ancien avion de chasse, un tracteur, des vaches égarées. Et puis plus rien qu’une route que nous n’imaginions pas en si mauvais état. Cela fait partie des expériences qu’il faut vivre pour vraiment en prendre la mesure. En premier lieu, la moitié droite de la route est occupée par les buissons et arbustes non taillés (nous croiserons des roms qui se chargent de cela). Puis des trous partout de toutes tailles, de toutes formes et de toutes profondeurs. Parfois toute la route est un trou de gravats ! Enfin, avec la végétation si importante de part et d’autre de la route, l’ombre sur la route complique la visibilité de ces petits pièges. Nous repensons à ce que nous a dit la femme du guichet avant de partir « La voiture est neuve. Attention au bas de caisse quand vous vous garez, la voiture est très basse. ». C’est simple nous faisons plus de la moitié du trajet en 2nd.
Petit à petit nous y arrivons, le bâtiment nous apparaît en haut d’une colline où seul le sommet est étonnamment dans la lumière du jour. Au tour de Barbara de jouer aux évitements des nids de poules. Nous y sommes, nous garons la voiture. De part et d’autre des marches, les ferrailles vieillies sortent de deux blocs de béton. Des sculptures devaient être présentes. Un grand escalier défraîchit monte vers le bâtiment. Celui-ci est très spécifique, il semble être une soucoupe volante aux vitres éclatées reposant sur son socle atterrissage. A l’arrière une haute tour s’élève. Nous restons quelques instants à mesurer l’effet que cela crée en nous tant c’est étrange, tant nous souhaitions être là un jour au pied des marches. Dit précédemment, le bâtiment est à l’abandon depuis 26 ans. A cause de son coût d’entretien, le parti socialiste à qui il appartenait l’a laissé ainsi. Son accès si facile a permis à de nombreuses personnes de le visiter accroissant ainsi sa célébrité comme visite non-officielle en Bulgarie. Avant y rentrer était simple (par le portail d’entrée), mais nos dernières informations nous indiquent que l’accès ne sera probablement pas possible. En effet, le gouvernement bulgare a récupéré la propriété en mai 2017 et y aurait fait installer des caméras. Qu’importe nous montons les escaliers en savourant chaque pas qui nous rapproche du Buzludja.
L’entrée du portail principal est fermée de multiples grilles enfoncées dans le béton. Malgré tout un trou demeure dans le bois de la porte, mais impossible de s’y faufiler. Une autre entrée serait sur le côté gauche, passant par les souterrains. Nous y trouvons un « guide » avec un couple américain qui explique qu’il y avait auparavant ici deux entrées. Mais une a été recouverte de béton, l’autre est remplie de blocs sur lesquels du béton a été coulé. Impossible de bouger quoique ce soit. La couleur grise foncée nous indique que cela a été fait il y a peu de temps. Nous cherchons une autre ouverture potentielle, mise à part une fente trop étroite ou les ouvertures au sommet inaccessibles, il n’y a rien. Même les fenêtres latérales ont été grillagées de ferrailles. Aurélien s’imagine un temps escalader la tour, en haut de laquelle apparaît une étoile rouge aux branches disproportionnées, mais impossible. Aucunes ouvertures. Nous ne verrons pas de nos propres yeux la frise murale intérieure qui reste, ou faire le tour de la passerelle supérieure. Ce n’est pas grave. Il doit y avoir une raison à sa fermeture, en plusieurs endroits le bâtiment laisse s’échapper plusieurs filets d’eau alors qu’il fait grand soleil. Le toit laisse passer le jour. Le spectacle nous comble déjà de joie, particulièrement la vue autour qui est un impressionnant panorama à 360 degrés sur les vallées. C’est magnifique et nous remplissons nos poumons du vent frais qui souffle.
L’endroit est magique. L’architecture si étonnante, si grise de béton, si immobile est un contraste saisissant impressionnant avec la belle nature qui l’entoure. Toute verte et frémissante aux aléas du vent, il y a même un troupeau de chevaux qui mangent en contre-bas. Nous repartons remplis de toutes ces impressions si différentes. Retour à la route cahoteuse, nous choisissons de rentrer cette fois par la grande route. Nous déposons la voiture à l’aéroport et filons au centre acheter nos tickets de bus pour la Turquie. Nous ferons le voyage de nuit. Avant de partir, pour fêter l’anniversaire d’Aurélien, nous nous décidons pour un restaurant. Le cadre n’est pas très joli, l’accueil sans sourire, mais nous ne voulons pas trop nous éloigner de la gare routière. Le poulet au corn-flakes de Barbara, les œufs infusés au yaourt d’Aurélien et les pommes de terres servies une demi-heure en retard se révèlent le pire repas que nous ayons fait depuis le début de notre aventure : Bon anniversaire Aurélien ! Il est 22h10 nous récupérons nos sacs et attendons le bus. La dame au guichet, turque, est très gentille. Le bus est là, nous embarquons pour un nouveau voyage de nuit. On nous offre un thé turc et un petit gâteau. A peine deux heures passées et nous voici à la frontière de la Turquie.
ps: nous aurions aimé découvrir plus le pays, mais nos démarches administratives nous en ont empêché…